
Alors que la Cité du Vatican s'apprête à tourner la page du pontificat de François, l'heure est à l'analyse d'un règne marqué autant par les espoirs de changement que par les limites d'un pouvoir spirituel confronté aux fractures du monde.
Malgré sa volonté d'ouvrir l'Église catholique au dialogue et à l'engagement pour la paix, François n’aura jamais réussi à réconcilier les profonds clivages qui divisaient déjà la Curie sous Benoît XVI et Jean-Paul II. S’il a modérément tenté d'apaiser les tensions entre traditionalistes et progressistes, le pape argentin a surtout orienté son pontificat vers une Église moins centrée sur la doctrine et plus tournée vers la lutte contre la pauvreté et la promotion de la paix.
Une Église universelle, au-delà des dogmes
En dix ans de pontificat, François a abordé des sujets sensibles homosexualité, divorce, rôle des femmes, célibat des prêtres – provoquant autant de remous parmi les fidèles. Loin de vouloir imposer une révolution doctrinale, il a préféré promouvoir une Église d'action, s’éloignant des querelles internes pour s’ancrer dans les réalités humaines.
Conscient de l’importance de l’image, François a effectué cinq voyages marquants en Afrique, terre de foi et de tradition, où son message universaliste a trouvé une résonance particulière. Moins prolifique que Jean-Paul II sur ce terrain, il a néanmoins marqué les esprits, notamment lors de son passage en République centrafricaine en 2015, en pleine transition politique fragile, où il lança à Bangui son célèbre appel : « Nous sommes tous frères ! »
Un plaidoyer constant pour la paix et les pauvres
De Nairobi à Kinshasa, en passant par Antananarivo, François a constamment lié les questions sociales aux enjeux environnementaux et aux conflits armés. À Madagascar et au Mozambique, il dénonçait l’exploitation abusive des ressources naturelles ; en Éthiopie, il appelait à la fin des hostilités au Tigré.
Face aux tensions au Proche-Orient, son inquiétude s’était exprimée dès 2017, après la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël. Au Maroc en 2019, il réitérait son appel en faveur d’une solution négociée, soulignant la responsabilité de la communauté internationale.
Mais dans de nombreux dossiers – la guerre au Tigré, les crises en RDC et au Soudan du Sud – le pontife a heurté les dures réalités géopolitiques, souvent sans pouvoir inverser le cours des événements.
Le dernier voyage africain du pape François, en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, restera comme l’un des plus poignants. À Kinshasa, il dénonçait sans détour : « Retirez vos mains de l’Afrique ! Ce n’est pas une mine à dépouiller ou un terrain à piller ! »
À Djouba, il posait un geste historique : s’agenouillant devant le président Salva Kiir et son rival Riek Machar pour baiser leurs pieds, implorant une paix durable dans le plus jeune pays du monde. Un geste d'une immense portée symbolique, mais aujourd'hui éclipsé par la reprise des combats et l'arrestation d’opposants sud-soudanais.
François s’est éteint ce 21 avril 2025, au moment même où les tensions renaissaient dans les terres qu’il avait tenté de guérir par la parole et la prière.
Aujourd'hui, alors que se profile l’élection de son successeur, trois cardinaux africains sont évoqués parmi les papabili : le Guinéen Robert Sarah, le Congolais Fridolin Ambongo, et le Ghanéen Peter Turkson. Le choix d’un pape africain serait l’ultime reconnaissance de ce continent que François a tant chéri.
Son héritage reste celui d'un homme de foi, déterminé à rapprocher les peuples, conscient pourtant de l'impuissance qui guette même le plus universel des messages dans un monde fracturé.
(Avec agences)
Malgré sa volonté d'ouvrir l'Église catholique au dialogue et à l'engagement pour la paix, François n’aura jamais réussi à réconcilier les profonds clivages qui divisaient déjà la Curie sous Benoît XVI et Jean-Paul II. S’il a modérément tenté d'apaiser les tensions entre traditionalistes et progressistes, le pape argentin a surtout orienté son pontificat vers une Église moins centrée sur la doctrine et plus tournée vers la lutte contre la pauvreté et la promotion de la paix.
Une Église universelle, au-delà des dogmes
En dix ans de pontificat, François a abordé des sujets sensibles homosexualité, divorce, rôle des femmes, célibat des prêtres – provoquant autant de remous parmi les fidèles. Loin de vouloir imposer une révolution doctrinale, il a préféré promouvoir une Église d'action, s’éloignant des querelles internes pour s’ancrer dans les réalités humaines.
Conscient de l’importance de l’image, François a effectué cinq voyages marquants en Afrique, terre de foi et de tradition, où son message universaliste a trouvé une résonance particulière. Moins prolifique que Jean-Paul II sur ce terrain, il a néanmoins marqué les esprits, notamment lors de son passage en République centrafricaine en 2015, en pleine transition politique fragile, où il lança à Bangui son célèbre appel : « Nous sommes tous frères ! »
Un plaidoyer constant pour la paix et les pauvres
De Nairobi à Kinshasa, en passant par Antananarivo, François a constamment lié les questions sociales aux enjeux environnementaux et aux conflits armés. À Madagascar et au Mozambique, il dénonçait l’exploitation abusive des ressources naturelles ; en Éthiopie, il appelait à la fin des hostilités au Tigré.
Face aux tensions au Proche-Orient, son inquiétude s’était exprimée dès 2017, après la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël. Au Maroc en 2019, il réitérait son appel en faveur d’une solution négociée, soulignant la responsabilité de la communauté internationale.
Mais dans de nombreux dossiers – la guerre au Tigré, les crises en RDC et au Soudan du Sud – le pontife a heurté les dures réalités géopolitiques, souvent sans pouvoir inverser le cours des événements.
Le dernier voyage africain du pape François, en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, restera comme l’un des plus poignants. À Kinshasa, il dénonçait sans détour : « Retirez vos mains de l’Afrique ! Ce n’est pas une mine à dépouiller ou un terrain à piller ! »
À Djouba, il posait un geste historique : s’agenouillant devant le président Salva Kiir et son rival Riek Machar pour baiser leurs pieds, implorant une paix durable dans le plus jeune pays du monde. Un geste d'une immense portée symbolique, mais aujourd'hui éclipsé par la reprise des combats et l'arrestation d’opposants sud-soudanais.
François s’est éteint ce 21 avril 2025, au moment même où les tensions renaissaient dans les terres qu’il avait tenté de guérir par la parole et la prière.
Aujourd'hui, alors que se profile l’élection de son successeur, trois cardinaux africains sont évoqués parmi les papabili : le Guinéen Robert Sarah, le Congolais Fridolin Ambongo, et le Ghanéen Peter Turkson. Le choix d’un pape africain serait l’ultime reconnaissance de ce continent que François a tant chéri.
Son héritage reste celui d'un homme de foi, déterminé à rapprocher les peuples, conscient pourtant de l'impuissance qui guette même le plus universel des messages dans un monde fracturé.
(Avec agences)