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Xénophobie en Afrique: "Ils pillent, brûlent et personne n’est arrêté". L'Etat est-il complice ?

Jeudi 5 Septembre 2019

En Afrique du Sud, après trois jours d’émeutes xénophobes le calme est revenu mercredi dans les rues de Johannesburg. Dans plusieurs quartiers touchés par la violence et les pillages, un important dispositif policier a été mis en place. L’heure est au bilan : au moins 7 morts et des centaines de commerces pillés, voire incendiés. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a condamné ces violences mais il n'a pas ordonné les arrestations des auteurs.

Pour Daniel Byamungu de l’ONG Right to Know (le droit de savoir), ces incidents sont clairement xénophobes et sont inquiétants. « Avant, les gens attaquaient, mais il n’y avait personne qui se présentait comme le visage ou le leader de ces attaques. Maintenant, personne n’a peur, les gens se présentent ouvertement allant à la télé ou à la radio en disant : ‘’Nous sommes en train de chasser les étrangers’’. Ils pillent, brûlent et personne n’est arrêté. Cela montre que c’est pire qu’avant. Le RET (Radical Economic Transformation), une grande organisation, les chauffeurs des camions, les jeunes, qui ont de petits magasins, etc., tous ces groupes se sont organisés pour nettoyer et chasser les étrangers. Ils parlent de leur mécontentement envers les étrangers et veulent restaurer la souveraineté de leur pays. C’est ce qu’ils disent »

Selon la police, plus de 200 personnes ont été arrêtées lors de ces pillages. Sept personnes seraient également décédées dans des circonstances encore floues.

Mardi, le chef de l’État sud-africain Cyril Ramaphosa avait condamné ces violences les jugeant inacceptables. Une réaction jugée tardive, et faible par différentes organisations de défense des droits de l’homme.

Pour Dominique Dix-Peek, chercheuse au Centre d’étude sur la violence et la réconciliation, basé à Johannesburg, le gouvernement est très largement responsable de cette nouvelle flambée de violence.

« Le gouvernement est également responsable de ses propos. La condamnation de ces violences a été très tardive, elle n’a pas été très ferme, et n’a pas été suivie d’actions concrètes. On a vu dans le passé que la façon dont réagissent les autorités est déterminante dans l’escalade ou non de cette violence. Je pense que le gouvernement aurait pu faire beaucoup plus pour atténuer ces agressions.

Les autorités sont dans une position difficile. Dans le passé leur rhétorique a souvent été ambiguë, voire même très complaisante envers le sentiment xénophobe dans le pays. On a beaucoup entendu parler du besoin de fermer les frontières, d’empêcher les étrangers de rentrer.

Quand vous condamnez quelque chose, vous ne pouvez pas être perçu comme étant indécis. Il faut que votre message soit clair, la violence doit s’arrêter et elle doit s’arrêter maintenant. »

Plusieurs pays auraient aussi décidé de boycotter le Forum économique mondial sur l’Afrique qui s’ouvre ce mercredi au Cap, comme le Nigéria, la République démocratique du Congo, le Malawi ou le Rwanda.

Plusieurs pays voisins de l’Afrique du Sud, le Botswana et le Lesotho, mais également la RDC ont mis en garde leurs ressortissants habitants en Afrique du Sud.

La Zambie a décidé d’annuler un match de foot amical contre l’Afrique du Sud qui devait avoir lieu samedi citant des raisons de sécurité.

Les condamnations sont d’autant plus fortes que le phénomène de xénophobie n’est pas nouveau dans ce pays qui accueille des millions de ressortissants de tout le continent. Et c’est la grande question : s’agit-il d’actes criminels et spontanés comme l’affirme la police ou d’actes xénophobes, organisés, planifiés ?

 AVEC RFI
 
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