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Pour stopper la grève des enseignants, Kalidou Diallo propose à Macky "la ponction" des salaires"

Mercredi 16 Février 2022

Pour stopper la grève des enseignants, Kalidou Diallo propose à Macky "la ponction" des salaires"

es bras de fer entre Etat et syndicats se terminent souvent par des arrestations, condamnations, réquisitions ou menaces de radiation. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?

Ce n’est pas quelque chose de nouveau. La lutte syndicale est fondée sur des textes. D’abord sur des conventions internationales et surtout les deux conventions fondamentales : la Convention 89 et la Convention 98 sur les libertés syndicales, le droit de grève et la liberté d’organisation syndicale. Au niveau du Sénégal également, le droit de syndicalisation et le droit de grève sont reconnus par la loi 61-33 chez le fonctionnaire et le Code du travail chez les travailleurs reconnus. C’est toujours comme ça. Donc les travailleurs ont le droit de se syndiquer, ils ont droit de porter des revendications. Le préalable avant d’aller en grève, c’est de faire un préavis au moins d’un mois et puis si le préavis est épuisé, ils peuvent aller en grève. Et là encore il y a des textes qui sont très clairs. Alors quand ils vont en grève, ils n’ont pas droit au salaire parce que le salaire c’est après service fait, mais au Sénégal en général les gens vont en grève et continuent à percevoir leur salaire. C’est anormal. Quand tu vas en grève, tu ne reçois pas de salaire dans tous les pays du monde. Maintenant l’Etat parfois peut abuser, mais il y a ce qu’on appelle les réquisitions. Quand le travail de salarié, quelque chose d’indispensable comme les questions de santé, des questions parfois fondamentales qu’il y ait assez nombre de services, c’est l’autorité qui juge s’il y a un service minimum ou si ce n’est pas nécessaire. L’Etat est fondé à faire des réquisitions pour assurer le service minimum, c’est tout à fait légal. Ça se passe très souvent au niveau de l’éducation, surtout lors de la fameuse grève du Sudes de 80 et même récemment ça s’est passé au niveau de la santé avec les réquisitions. Au niveau du ministère de la Justice, je ne sais pas s’il y a eu des réquisitions. Mais il me semble que l’Etat a essayé de contourner les greffiers en formant des agents de l’Administration pénitentiaire à l’exercice du métier de greffier pour un peu servir de «briseur de grève». C’est le langage de syndicalistes, sinon pour un peu faire fonctionner le service de l’Etat. Je pense qu’à ce niveau-là également, c’est un problème de rapport de forces. La question de rapport de forces, c’est quoi ? Quand le syndicat est sérieusement puissant et bénéficie de suffisamment de solidarité avec les autres pour faire des pressions sur l’Etat ou soit il n’a pas la force nécessaire, et c’est l’Etat qui applique les textes parce que rien n’interdit à l’Etat justement de former des gens pour un quelconque travail, je pense qu’il faut éviter la confrontation. Il faut éviter la généralisation des mouvements parce que le Sytjust (Ndlr : Syndicat des travailleurs de la justice) appartient quand même à une centrale syndicale assez forte, c’est l’Unsas (Ndlr : Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal, dirigée par Mademba Sock) qui est la deuxième centrale syndicale du Sénégal après la Cnts (Ndlr : Confédération nationale des travailleurs du Sénégal, dirigée par Mody Guiro). Il y a quand même une solidarité de toutes les centrales. Et je pense qu’il faut aller vers des discussions et il me semble même que le ministre de la Justice les a déjà reçus. Il a même déjà reçu un syndicat rival. Je pense qu’il faut toujours laisser ouvertes les portes de la négociation et des discussions. La justice doit fonctionner parce que quand même les Sénégalais ont besoin d’un certain nombre de papiers. Parfois ce sont des choses très sérieuses pour le citoyen et l’Etat a le droit d’assurer la continuité des services. C’est toujours comme ça une grève. C’est toujours bloquer un service, mais il faut éviter le recours abusif à cette grève. Je pense que ce mouvement a assez duré. Il faudrait aller vers des discussions. Je ne sais pas à quel niveau se trouve le blocage ?

Qu’est-ce qui fait qu’on en arrive à tout ça ? Est-ce la faute aux syndicalistes ou à l’Etat ?
Je ne sais pas si c’est la faute aux syndicats ou c’est la faute à l’Etat, mais ce que je sais, comme je vous l’ai dit, le droit de grève existe et le rapport de forces, toujours c’est très important. Alors, s’il y a des «jusqu’au boutisme» au niveau des syndicats, ils vont assumer leur responsabilité. L’Etat ne doit pas du point de vue réglementaire empêcher la grève d’avoir lieu, mais il doit appliquer les textes en ponctionnant sur les salaires des intéressés et en faisant également faire fonctionner la continuité du service public. C’est pourquoi il faut toujours discuter, négocier. Au Sénégal nous sommes un pays de dialogue. Je pense qu’il faut éviter les radiations, les suspensions, exercer le droit de grève dans le respect des textes, dans le respect de la sécurité des services. L’Etat aussi doit assumer ses responsabilités. Moi, c’est une recommandation que je fais. C’est à tous les niveaux d’ailleurs des luttes syndicales. Il faut toujours que le dialogue se poursuive, que les négociations se poursuivent et à terme le syndicalisme est un droit, la liberté de grève est un droit acquis et le syndicat, sa vocation première, c’est l’amélioration des conditions de vie de ses membres. Là aussi il faut savoir les limites, il faut toujours mesurer ce qui est possible ici et maintenant et ce qui ne l’est pas. Et il faut tenir compte également de l’opinion publique. Dans cette grève-là, je ne sens pas l’opinion publique. Est-ce que la grève est populaire ? Est-ce qu’elle est acceptée par la population ? En tout cas, je ne vois pas, j’ai l’impression que la population est indifférente à ce niveau-là. Un syndicaliste doit être attentif à ça. C’est pourquoi un syndicaliste il faut qu’il informe les porteurs d’opinion, aussi bien les chefs religieux ici au Sénégal, la société civile, la population de façon générale. Je vois que les associations de droits de l’Homme se solidarisent par principe, mais l’opinion publique, sensible à des questions de grève, doit mobiliser tout ça. Comme parfois s’il y a une grève de l’éducation ou de la santé, des gens interviennent. Je ne le sens pas, je ne sens pas également les médiations. La justice, c’est un service très sérieux, très indispensable pour les citoyens. D’ailleurs, je pense qu’à un moment T, on sent là l’absence quand même du Premier ministre. S’il y avait un Premier ministre, il allait tout de suite réagir. Après le ministre, il n’y a que le président de la République. Il est tellement pris dans le Covid-19, dans tellement d’activités, c’est très compliqué.

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