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Ouattara : «La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020... »

Lundi 11 Juin 2018

Réformes économiques, refondation de l’armée, parti unifié, diplomatie… À deux ans de l’élection présidentielle, les sujets de préoccupation ne manquent pas pour le chef de l’État. Qui a accepté de se livrer à JA.


 

Le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, est un homme rare en interview. Le dernier entretien qu’il a accordé à Jeune Afrique  remonte à cinq ans, quasiment jour pour jour. Pourtant, les sujets de préoccupation ne manquent pas.

Après une année 2017 particulièrement délicate, marquée par deux mutineries au sein de l’armée, par des difficultés économiques liées à la baisse des cours du cacao et du café, mais aussi par de nombreuses grèves dans la fonction publique, la Côte d’Ivoire va mieux.

Mais déjà, tous les regards se tournent vers la présidentielle de 2020. La scène politique, fort logiquement, est en ébullition. Tout le monde s’interroge sur les potentiels candidats et sur la succession présumée de Ouattara. Ce dernier nous a reçus le 24 mai au palais du Plateau pour répondre à nos questions. À sa manière, déterminé, sûr de lui, mais prudent.

Jeune Afrique : L’année 2017 a été éprouvante pour la Côte d’Ivoire…

Alassane Dramane Ouattara : Oui, mais elle se porte beaucoup mieux aujourd’hui. En 2017, nous avons affronté des difficultés économiques liées à la baisse brutale des prix du cacao  sur le marché mondial, les grèves des fonctionnaires, les mutineries dans l’armée… Tout cela est derrière nous.

Comment analysez-vous les mutineries de janvier et mai 2017 ?

Il y a eu de la manipulation dans cette affaire. L’important était de rétablir la discipline et l’autorité au sein de l’armée et d’éviter un bain de sang. Avec la loi de programmation militaire, nous nous sommes engagés sur la voie de la réforme, et les choses se déroulent correctement.


>>> À LIRE – Côte d’Ivoire : la grande muette en alerte face aux risques de mutineries


Où en est l’enquête sur la cache d’armes découverte à Bouaké en mai 2017 ?

Il y a eu des interpellations, les enquêtes se poursuivent. Le dossier est entre les mains de la justice, il n’est pas de mon ressort.

Pourquoi « Soul to Soul », le directeur du protocole de Guillaume Soro, chez qui les armes ont été trouvées, est-il toujours en prison ?

Quand on découvre six tonnes d’armes au domicile d’un individu, quel qu’il soit, il y a forcément des conséquences judiciaires.

Les tensions qui se sont ensuivies avec le président de l’Assemblée nationale se sont-elles apaisées ?

Guillaume Soro est un jeune frère. Il est membre du Rassemblement des républicains (RDR). Il ne saurait y avoir de tensions entre lui et moi.

Quel avenir politique lui voyez-vous ?

Cela relève de son seul choix.

Où en est le projet d’unification  du RDR et du PDCI au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ?

Il est en bonne voie, même s’il y a eu quelques hésitations. Le débat qui a lieu aujourd’hui, en interne, est démocratique. L’un des six partis concernés a d’ailleurs décidé de ne ratifier ni l’accord politique ni les statuts du parti unifié. Mais quatre l’ont déjà fait, et le PDCI le fera certainement dans les prochaines semaines.

Sia Kambou/AFP

Henri Konan Bédié, le chef du PDCI, ne semblait pas très désireux de procéder à la fusion avant 2020…

C’est pourtant une décision que nous avons arrêtée depuis l’hôtel du Golf, en 2010.


>>> À LIRE – Côte d’Ivoire : dix dates pour comprendre la relation entre Henri Konan Bédié et ADO


Si ses réticences persistaient, seriez-vous disposé à vous passer de lui ?

Je ne crois pas que nous serons obligés d’en arriver là. Nous nous sommes fixé un délai pour créer le RHDP et ce sera fait, avec ceux qui le voudront bien.

Ce délai, c’est…

Maintenant. Et la tenue du congrès constitutif dans douze à dix-huit mois, comme le stipulent les statuts.

Pourquoi tenez-vous autant au parti unifié ?
 

Parce que l’objectif est de préserver l’œuvre du président Houphouët-Boigny  et de consolider la paix et le développement de notre pays.

Pour désigner le candidat du RHDP, vous semblez favorable à une primaire  où tout le monde pourrait concourir…

Oui, et c’est au parti unifié qu’il reviendra d’en fixer les modalités d’organisation, ce qui accroît encore l’urgence de sa mise en place.

Accepteriez-vous que des candidats du RHDP battus à la primaire se présentent néanmoins à la présidentielle en tant qu’indépendants ?

Il n’en est pas question. Ce serait antidémocratique.

Quel est, selon vous, le meilleur profil pour 2020 ?

La personne qui réussira à faire consensus, qui aura le plus de compétences et d’expérience. Le président Bédié et moi-même aurons notre mot à dire, mais ce sera un processus démocratique.

Pourriez-vous vous représenter ?
 

La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats  à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes.


>>> À LIRE – Côte d’Ivoire : comment le discours d’Alassane Ouattara sur le 3e mandat a évolué


Et Bédié ?

Ce serait sa décision.

Depuis dix ans, en Afrique de l’Ouest, aucun candidat membre d’une coalition sortante n’a été élu – sauf au Togo. Cela semble traduire un certain désir d’alternance. Avez-vous intégré ce paramètre dans votre stratégie pour 2020 ?
 

e considère que les Ivoiriens doivent choisir le prochain président dans la paix et sans violence, comme ils l’ont fait en 2015. Après mon élection, tous les autres candidats m’ont téléphoné pour me féliciter, et je souhaite qu’il en soit de même avec le vainqueur dans deux ans. La démocratie et la transparence sont mes seuls objectifs.

Quel bilan tirez-vous de vos sept années au pouvoir ?

Cela n’a pas été facile. Beaucoup de gens ont oublié l’état dans lequel se trouvait la Côte d’Ivoire quand je suis arrivé au pouvoir. Il s’est passé presque six mois entre l’élection et ma prise effective de fonctions. Beaucoup de temps a été perdu.

À l’époque, le pays était dans un état désastreux. Nous avons restauré la paix et la sécurité sur tout le territoire et assuré le redéploiement de l’administration partout en Côte d’Ivoire.


>>> À LIRE – Dossier : Côte d’Ivoire : 2011-2015, le vrai bilan


La démocratie est une réalité aujourd’hui. Les libertés des citoyens sont garanties par la nouvelle Constitution. J’avais à cœur d’améliorer le quotidien des Ivoiriens. Nous avons fait de ce point de vue des progrès impressionnants.
Jeune Afrique 

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