Ils vont retrouver la nationalité française, 57 ans après. François Hollande va présider ce samedi à l’Elysée une cérémonie de naturalisation de 28 anciens tirailleurs sénégalais ayant combattu dans les rangs de l’armée française en Indochine ou Algérie, 57 ans après les indépendances africaines.

Cette cérémonie « s’inscrit dans la volonté du président de la République de reconnaître l’engagement et le courage des tirailleurs sénégalais issus de l’Afrique subsaharienne, qui ont combattu pour la France dans les différentes opérations militaires entre 1857 et 1960 », explique-t-on à l’Elysée. Parmi ces 28 tirailleurs, on compte 23 Sénégalais, 2 Congolais, 2 Centrafricains et un Ivoirien. Nés entre 1927 et 1939, ils vivent majoritairement en région parisienne et vont donc retrouver une nationalité qu’ils avaient perdue à l’indépendance des colonies en 1960.

Pétition

Cette cérémonie est l’aboutissement d’une pétition initiée l’an dernier par Aïssata Seck, adjointe à la maire de Bondy (Seine-Saint-Denis) et petite-fille d’un ancien combattant sénégalais, qui a été signée par 60.000 personnes, dont de nombreuses célébrités.

« Ces Français par le cœur sont dans des situations terriblement précaires. Munis de simples cartes de séjour, ces retraités n’ont d’autre choix que de rester seuls sur le territoire français. Partir finir leur vie au Sénégal, près de leurs familles, signifierait perdre leurs faibles pensions ; un choix matériellement impossible », avait expliqué Aïssata Seck dans sa pétition. « La République française les a appelés, la République française doit les reconnaître comme ses enfants et leur garantir une fin de vie digne et paisible », avait-elle souligné.

« D’autres dossiers vont suivre »

Suite à cette pétition, François Hollande s’était engagé en décembre à ce que ces dossiers de naturalisation soient examinés « avec rapidité et bienveillance ». « D’autres dossiers vont suivre pendant les mois prochains », a précisé Assaïta Seck. A l’Elysée, cependant, on précise que seules quelques dizaines de personnes sont concernées et seront naturalisées en préfecture. La cérémonie que présidera François Hollande dans la salle des fêtes de l’Elysée sera d’ailleurs la réplique de celles se déroulant en préfecture.

Ces tirailleurs appartiennent à la « dernière génération » d’une longue lignée de combattants africains engagés volontaires ou enrôlés d’autorité dans les rangs de l’armée française. Si les premiers régiments ont été formés au Sénégal, ces « tirailleurs sénégalais » à la célèbre chéchia rouge étaient originaires de toutes les colonies françaises, de l’Afrique de l’ouest et du centre, jusqu’à Madagascar.

« On sait qu’ils étaient plus de 200.000 hommes lors de la Première guerre mondiale, 150.000 pour la Seconde, 60.000 en Indochine… », explique l’historien Julien Fargettas, auteur d’un ouvrage consacré à ces « soldats noirs ». A la fin des guerres coloniales, et pour pouvoir faire vivre leurs familles restées au pays, de nombreux tirailleurs sénégalais avaient choisi de vivre en France.