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Qui est le Général Jean-Marc commandant de l’École de guerre ?

Dimanche 12 Juillet 2020

Premier officier noir à diriger l’institution de formation des cadres des armées, il a coordonné l’opération Chammal contre Daech.

A deux jours des cérémonies de la fête nationale française, Jean-Marc Vigilant a des choses à dire sur la liberté et l'égalité. Né à Châlons-en-Champagne, son père sous-officier de l'armée de terre et sa mère infirmière sont tous deux Martiniquais. Elevé à Saint-Maixent-l'Ecole dans les Deux-Sèvres, il a longtemps rêvé d'être pilote. Impossible?


Non. Exceptionnel? Oui. Dix ans après le plan "Egalité des chances" pour accéder à la hiérarchie militaire, trois ans après l’arrivée de Florence Parly au ministère des Armées, elle qui a fait de la diversité et de la parité jusqu'au sommet des états-majors un combat, voici que le vivier des futurs généraux et amiraux se voit doté d'un général noir. Sa nomination s'est décidée bien avant que le débat en France sur les discriminations et le racisme ne revienne au premier plan. Le général Jean-Marc Vigilant livre ici sa première interview dans le journal du Dimanche.

Votre nomination à ce poste est-elle due à un besoin d'une plus grande diversité dans la haute hiérarchie militaire?

L'armée de l'air a estimé que j'avais un profil intéressant pour ce poste. Elle me l'a proposé alors que j'étais encore en Irak, il y a plus d'un an. J'ai été audité, ainsi que d'autres candidats présentés par les autres armées et ma candidature a été retenue. 

Lorsque vous êtes rentré à l'Ecole de l'air en 1986, avec l'intention de devenir pilote de chasse, n'avez-vous pas eu l'impression d'être une exception?

Pour moi, c'était le rêve qui devenait réalité. Quand j'étais au lycée, j'avais été voir ma conseillère d'orientation pour lui faire part de mon projet de devenir pilote et elle m'avait répondu que c'était impossible, qu'il n'y avait pas de débouché, 1% seulement de réussite et que je n'y arriverais jamais. J'ai beaucoup travaillé, j'ai passé les concours et j'ai réussi. Lorsque je suis arrivé à l'Ecole de l'Air, on devait être deux ou trois Noirs mais j'étais le seul élève pilote. 


Autrement dit, votre couleur de peau ne vous a pas discriminé. Jamais? 
Je ne l’ai jamais ressentie comme un frein. Dans ce métier, on est tellement testé, noté, sélectionné en fonction de ses compétences réelles. Si on avait voulu me faire chuter, si on m’avait voulu du mal, je ne serais jamais devenu pilote. En fait, il n’y a aucune fierté à faire chuter quelqu’un, alors que le porter vers le haut, ça peut devenir très valorisant pour l’instructeur. Ce parcours était difficile, exigeant, et très stressant pendant les dix premières années, car le rêve d’être pilote peut s’arrêter en cas d’échec. Je ne me suis senti soulagé qu’en devenant chef de patrouille. 

Avez-vous eu l’impression malgré tout de devoir en faire plus que les autres pour ne pas être suspecté d’avoir bénéficié d’une forme de discrimination positive? 

Je n’ai découvert ce terme de discrimination positive qu’en arrivant à Paris pour occuper un poste en administration centrale. Il y avait là des civils qui semblaient surpris de voir un officier noir, comme si j’avais été favorisé en raison de ma couleur de peau. C’était bizarre parce que je sortais de quinze ans d’armée de l’air, où l’on ne m’avait jamais laissé croire que je franchissais les étapes parce que j’étais noir, où l’on n’est jugé que sur ses seules compétences. Que l’on soit contrôleur aérien, mécanicien ou pilote, si on n’a pas les compétences attendues, les conséquences peuvent être la mort de quelqu’un. Les seuls échecs que j’ai rencontrés, je ne les ai imputés qu’à moi-même, parce que je n’avais pas suffisamment travaillé pour obtenir l’affectation que je souhaitais.

Mais le fait d’être une exception dans la haute hiérarchie militaire, ça vous interroge sur l’inclusivité?
 
Je le constate. J’ai grandi en province avec peu de Noirs dans mon environnement, à Saint-Maixent, ville de garnison avec quelques familles antillaises, mais appartenir à cette minorité ne me posait pas de problème. Ensuite, dans chacune de mes affectations, c’est vrai qu’il y avait très peu de Noirs, et un décalage entre leur faible nombre dans l’encadrement supérieur des unités et leur représentation parmi les hommes du rang ou les sousofficiers. Presque toujours, j’étais le seul. Mais je crois que cette déconnexion entre ce ratio de la diversité et le reste de la population correspond à ce qu’il est au sein de la plupart des instances dirigeantes de la société française.
 
Vous constatez cet état de fait, mais le regrettez-vous?
 
 Je n’en conçois pas d’amertume. Mais mon parcours montre que c’est possible d’y arriver, c’est le message que je veux adresser aux jeunes. Lorsque j’étais à l’École de l’air, un officier de liaison allemand m’avait expliqué que la réunification de la RDA et de la RFA n’arriverait jamais. C’était un an avant la chute du mur de Berlin ! Le mot « impossible », je l’ai rayé de mon vocabulaire. Pour moi, l’égalité, c’est d’abord l’égalité des opportunités, la possibilité de tenter sa chance. Certes, il faut pour cela bénéficier d’un environnement favorable. J’ai moi-même évolué dans un milieu professionnel où les gens étaient intelligents et ne s’arrêtaient pas à ma couleur de peau. Mais notre institution, l’armée, reflète la société, d’une certaine manière.

 
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