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Les détails jamais révélés sur le meurtre du taximan au Point E

Mardi 30 Novembre 2021

Le meurtre du taximan, Moustapha Guèye sauvagement tué le 24 novembre dernier au Point E, à coup de hache a franchi un pas de géant. Les auteurs présumés, Mohamed Diop et son acolyte Ibrahima Séméga, ont été déférés hier lundi au parquet de Dakar pour respectivement, vol avec violence - meurtre avec préméditation et association de malfaiteur - recel. L’Observateur livre les détails de cette affaire. 

L’étau se resserre sur Mohamed Diop et Ibrahima Séméga, incriminés dans le meurtre du taximan, Moustapha Guèye. Un crime odieux survenu le 24 novembre dernier, au paisible quartier du Point E. Placés au cœur de ce drame, les jeunes M. Diop et I. Séméga, ont été déférés hier lundi, au parquet du tribunal de grande instance de Dakar, par le commissariat d’arrondissement du Point E.

Les bourreaux du taximan inculpés et placés sous mandat de dépôt
Les deux mis en cause qui sont tous deux élèves, ont rejoint la citadelle du silence, après un bref transit audit temple de Thémis où, Diop et Séméga ont été placés sous mandat de dépôt à la faveur d’une inculpation pour le crime d’association de malfaiteurs, vol commis avec violence et meurtre avec préméditation visés à l’encontre de Mohamed Diop. Son codétenu, Ibrahima Séméga a lui été perdu par le chef de recel. Pour articuler ce chapelet de griefs contre les deux mis en cause, le commissaire, Ahmet Tidiane Thiam et ses hommes se sont accoudés à une kyrielle de pièces à conviction, d’indices à charge et autres aveux recueillis au cours de l’enquête préliminaire. 



 
Les minutes du projet criminel… 
Nous sommes le mardi 23 novembre 2021. La nuit a fini de tomber sur le quartier de Fass Mbao, où vit le jeune Mohamed Diop. Réputé belliqueux, ses mauvaises fréquentations sont décriées par ses proches. Cela, M. Diop n’en a visiblement cure. Cette nuit, le jeune qui a, selon des sources concordantes, «participé à plusieurs vols avec violence», projette d’aller «à la chasse». Subtilement, il dérobe un sac à dos de sa sœur,  Khady Diop et à l’insu de celle-ci, il s’empresse d’y jeter une hache et referme le sac qu’il porte en bandoulière. Ignorant que sa sœur avait rangé dans ce sac son mémoire de fin d’études, Mohamed Diop quitte tranquillement son domicile et se retrouve dans la rue, un projet tout fait en perspective : jeter son dévolu sur des noctambules solitaires de préférence et les dépouiller de leurs biens. N’ayant aucune destination fixe, Mohamed Diop déambule un bon moment vers différents coins et sites interlopes, avant de se présenter à l’arrêt car à Fass Mbao. Il se joint à d’autres clients qui attendent d’affréter un taxi de transport en commun, communément appelé «taxi bokk». Lorsque débarque l’un de ces véhicules en partance pour des quartiers de Dakar, le jeune M. Diop, natif de Diamaguène en 1997, prend place à l’arrière du taxi qui venait de faire le plein de plusieurs passagers ayant des destinations diverses. Il se fait tout discret dans son coin durant le trajet. Et lorsque le taximan, Mohamed Guèye, l’interpelle sur sa destination, M. Diop qui avait entendu les autres passagers dire leur destination, donne la destination la plus éloignée, à savoir le Point E. Une façon de s’assurer qu’il sera le dernier client à descendre et ainsi rester seul avec le taximan. Pour cela, il accepte de casquer le prix fort afin d’amener le taximan à le conduire jusqu’au Point E. Le conducteur qui ignorait tout du dessein de M. Diop accepte le principe. Ainsi, au moment de s’engouffrer dans les rues du Point E, le jeune, M. Diop, bien que seul avec le taximan, ne quitte pas le siège arrière. Mieux, il ajuste sa position au point d’avoir celui-ci à portée de main. 


Il est 4H45mn, lorsque le taxi débarque à l’intersection de la rue de Kolda x Pe28, non loin de la piscine olympique. Le moment est choisi par Mohamed Diop pour jeter son dévolu sur le taximan. Avec tact, il ouvre le sac à dos, retire avec finesse la hache qu’il ajuste. Avec conviction, il assène des coups au taximan, avant de lui donner le coup de grâce. Pris de court, le taximan qui n’avait rien vu venir se vide de son sang, agonise et rend l’âme quelques instants après. Ayant réalisé qu’il venait d’attenter à la vie du taximan, Mohamed Diop tente de dissimuler son crime. Il traîne le corps sans vie du taximan à l’arrière du taxi. Puis, il s’empresse de faire main basse sur le téléphone portable de marque Tecno et les recettes de la victime. Craignant d’être surpris par des passants, M. Diop décide de vider dare-dare les lieux. Un crime n’étant jamais parfait, il va, dans la précipitation, oublier dans le taxi, l’arme du crime (la hache maculée de sang), le sac à dos, mais aussi des habits qu’il avait tenté de dissimuler dans les environs. Il vide les lieux et rallie le domicile de son ami, Ibrahima Séméga, domicilié au quartier Seras de Pikine (banlieue dakaroise). Séméga est réveillé par M. Diop qui lui remet le téléphone volé au défunt taximan et demande à Séméga de le brader au marché noir. Ceci étant, M. Diop prend congé de Séméga et entre en cavale. 


La découverte macabre par des policiers en patrouille et les rouages de l’enquête 
Pendant ce temps, les éléments de la brigade de recherche du Point E, en patrouille, débarquent à la rue Kolda et aperçoivent un taxi immatriculé DK-8044-U, les phares avant et les feux arrière allumés. Intrigués, les policiers viennent aux nouvelles et à l’aide de leurs torches, illuminent l’intérieur du taxi. Là, coup de théâtre. Les limiers aperçoivent à l’arrière du véhicule, un individu inerte, allongé et couvert de sang. Les hommes du commissaire Ahmet Tidiane Thiam qui venaient d’hériter d’un homicide, sécurisent la scène du crime. La perquisition du taxi conduit à la découverte d’une hache maculée de sang, d’un sac à dos et des habits abandonnés à côté de la dépouille. L’ouverture du sac a permis de découvrir des documents (un mémoire collectif de fin d’études co-rédigé par les étudiants : Khady Diop, Mourtalla Mbow et Ousseynou Gassama, régulièrement inscrits au centre de formation professionnelle «G15». 
Pour convenir de l’orientation à donner à l’enquête, le commissaire Thiam et ses hommes tiennent un briefing et listent les pistes probantes à explorer. La première piste retenue renvoie aux étudiants qui ont co-rédigé ledit mémoire. Plusieurs hypothèses fusent : «Ces derniers peuvent être les bourreaux du taximan ?  Ils peuvent avoir été agressés par des malfrats qui se sont ensuite attaqués au taximan… ? Ils peuvent avoir été agressés ailleurs par des agresseurs qui ont par la suite et affrété ce taxi ? L’un dans l’autre, les policiers décident d’exploiter à fond la piste des étudiants. C’est ainsi qu’une équipe est aussitôt déployée auprès du directeur de la formation, lequel a livré les filiations des 3 étudiants en question. Kh. Diop, M. Mbow et O. Gassama sont convoqués. Les deux derniers cités présentent les copies de leurs mémoires. Kh. Diop qui n’a pu faire autant, dit qu’elle venait de réaliser la disparition de son sac où elle avait rangé le mémoire co-rédigé. Des images d’habits abandonnés sur la scène du crime par M. Diop lui sont montrées. Elle l’impute à M. Diop, qu’elle présente comme étant son frère et livre l’adresse de celui-ci à Mbao. M. Diop est ainsi arrêté le 24 novembre 2021, aux environs de 15 heures. Pour mener en bateau les enquêteurs, il impute le crime à Ibrahima Séméga et balance son adresse. Séméga qui a deux adresses (sa mère vit au Point E et son père Pikine), sera appréhendé le même jour vers 20 heures. 


M. Diop et I. Séméga soumis hier à une reconstitution des faits
Arrêtés, Mohamed Diop et Ibrahima Séméga sont placés en garde à vue. Voyant que chacun cherche à tirer la couverture de son côté, le commissaire, A. T. Thiam procède à une confrontation qui a contraint M. Diop de confesser son crime. I. Séméga reconnait, à son tour, avoir reçu de Diop, le téléphone portable volé au défunt taximan, à charge pour lui de le brader dans le marché noir. Pour clore l’enquête, les limiers du Point E procèdent hier, vers 14 heures, à une reconstitution des faits qui a vu Mohamed Diop interpréter le film du drame. Tous les deux ont été déférés hier lundi au parquet du tribunal de grande instance de Dakar.


Abdoulaye DIEDHIOU 
L'Observateur
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