Hausse de la caution aux locales, quelle impertinence ! Je ne peux pas comprendre le mobile réel de la hausse de la caution pour les locales du 1 décembre 2019. Si nous nous référons à l’élection présidentielle dernière, nous constatons une baisse drastique de plus de 50% car elle est passée de 65 millions FCFA en 2012 à 30 millions FCFA l’élection présidentielle du 24 février 2019.
Si la société civile et une partie de l’opposition jugent élevée la caution retenue pour les élections locales à venir, du côté de la mouvance présidentielle, l’on explique ce montant par un souci de rationalisation de ces échéances. Un discours truffé d’incohérence et de mensonge car la loi sur le parrainage n’a d’objectif que de rationaliser.
Comment après le coup d’essai de celle-ci et sans évaluation approfondie, le plénipotentiaire de l’Alliance pour la République (Apr) nous sert qu’ « il s’agit de rationaliser la participation aux élections comme cela a été fait lors de l’élection présidentielle tout en affirmant ignorer les critères ayant guidé la fixation de ce montant (10 millions pour les municipales et 10 millions pour les départementales ». Nous voyons là une tentative d’éliminer de potentiels adversaires avec la montée en puissance de mouvements citoyens de jeunes. C’est un parapluie pour eux car étant minoritaire dans leurs localités. Jeu de dupe ou jeu de stratégie, en tout état de fait, la hausse généralisée de la caution aux locales est un recul démocratique. Pourquoi à chaque élection il faut changer les règles en sa faveur ?
Il y a dans cette hausse de caution une mise à nu de la mystification sémantique, outil de légitimation qui sert nos élites prédatrices.
Au Sénégal, les élites politiques au pouvoir offrent d’elles, d’une manière générale, une position ambiguë qui n’est rien d’autre que l’avènement de “l’homo colonisis”. Elles savent utiliser, avec finesse, pour leurs propres intérêts les artifices pour diviser, catégoriser, classer et somme toute maintenir à la fois la domination. Il y a dès lors toute une panoplie de manigances qui ne servent qu’à asseoir la “démocrature” et les relations incestueuses entre les dirigeants et la population.
Chaque acte vaut son pesant d’or, j’allais dire son clou de girofle : «aujourd’hui, regardons le Sénégal, contemplons le résultat : parrainage…Quel scandale. C’est du haut vol !
Bien sûr, d’aucuns diront qu’il n’y a rien de nouveau mais ceux-là mêmes sont ceux qui profitent d’un statu quo, bien engouffrés dans les rouages de ce système baptisé. Ils sont d’une grande complaisance et trouveront à traiter d’arriérés les autres qui oseront simplement s’interroger sur ces mécanismes de domination sophistiqués.
Au final, il me semble que nous devons surtout nous méfier de la grandiloquence de la caution creuse qui ne nourrissent ni l’émancipation de nos peuples, ni un développement endogène pour notre pays, mais construisent des escaliers pour l’ascension personnelle de quelques-uns. A ce rythme, nous nous retrouverons en face de listes hautement de partis politiques de la mouvance présidentielle. Cela aura pour conséquence directe la promotion d’une classe vomie par la population et risquerait d’augmenter le taux d’abstention des citoyens qui ne se retrouveront pas sur les personnes investies pour la gouvernance locale.
Nicolas Silandibithe BASSENE
