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Comment l’organisation "Etat islamique " se mue en réseau clandestin et joue sa survie dans le monde

Samedi 16 Juin 2018

Le Monde


Traquée en Syrie, l’EI se mue en réseau clandestin et joue sa survie sur sa capacité à frapper ailleurs, notamment en Europe et en Asie.

« Le nœud coulant se resserre », affirme le commandement des opérations antiterroristes à Bagdad. Les services de renseignement irakiens sont convaincus qu’ils n’ont jamais été aussi proches d’Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l’organisation Etat islamique (EI) et « calife » autoproclamé du premier « Etat » djihadiste de l’histoire moderne. La traque de l’homme né à Samara, dans le centre de l’Irak, s’est accélérée au début de l’année.

Dans l’est de la Syrie, les Forces démocratiques syriennes (FDS, à dominante kurde), appuyées par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, ont relancé début mai un assaut contre 2 000 djihadistes retranchés dans la vallée de l’Euphrate. A 1 500 km au nord-ouest, une opération conjointe des services de renseignement irakiens, américains et turcs dans la ville de Sakarya (dans le nord-ouest de la Turquie) a permis de confirmer que, depuis la chute du « califat », symbolisée par la défaite de l’EI à Rakka, en octobre 2017, l’EI préparait activement la suite.

Transferts d’argent
Début février, c’est à deux heures de route seulement d’Istanbul que des policiers turcs ont arrêté, grâce à un renseignement venu d’Irak, un dirigeant du premier cercle de l’EI : Ismaïl Alwaan Al-Ithawi. Ce vétéran du djihad irakien est membre du « comité délégué », l’une des instances les plus influentes dans l’organigramme complexe de l’organisation : elle s’assure que les ordres et directives sont appliqués par toute la chaîne de commandement. Al-Ithawi était également à la tête d’un comité chargé des fatwas. Selon Hisham Al-Hashimi, un analyste irakien proche des services de renseignement de Bagdad, Al-Ithawi transférait, depuis la Turquie, les fonds considérables amassés par le groupe djihadiste en Irak et en Syrie vers l’extérieur. Extradé en Irak, Al-Ithawi, sous la contrainte des services antiterroristes irakiens, a piégé en mars quatre hauts responsables djihadistes de la vallée de l’Euphrate.
 
Le chef des renseignements et le commandant d’une unité chargée de la sécurité du noyau dur de l’EI ont été appréhendés par les forces spéciales américaines dans un village à la frontière irako-syrienne, où un rendez-vous leur avait été fixé. La Turquie a assuré être à l’initiative de l’opération, qui a été gardée secrète jusqu’en mai. Un mois avant cette révélation, des F-16 irakiens et américains ont décimé la direction du groupe djihadiste à Hajin. Le 17 avril, cette ville syrienne de 40 000 habitants de la rive est de l’Euphrate accueille une réunion du commandement de l’organisation.
 
 La frappe aérienne, déclenchée à la suite des informations recueillies après les arrestations, y aurait tué plusieurs dizaines de djihadistes. Parmi les morts, selon des sources américaines non confirmées officiellement, figure Abou Loqman Al-Suri. C’est l’un des cerveaux de l’EMNI, la branche spéciale qui chapeautait les réseaux extérieurs de l’EI. A ce titre, il est l’un des responsables de la vague d’attentats qui a frappé l’Europe en 2015-2016.
 
Parmi les cibles figure aussi Bachrumsyah Mennor Usman, l’un des fondateurs de l’organisation Etat islamique en Asie du Sud-Est, qui aurait assisté à la réunion. L’Indonésien, qui travaillait à renvoyer des combattants de l’EI vers leur région d’origine, avait notamment mis en place un réseau de collecte et de transport de fonds dans son pays. Par le biais de dizaines de versements effectués par Western Union depuis le Proche-Orient vers son pays, il a ainsi pu financer l’« opération Marawi » aux Philippines voisines : des djihadistes locaux et étrangers avaient pris et occupé, cinq mois durant, en 2017, la capitale de la province de Lanao del Sur, sur l’île de Mindanao. Les hommes en charge des fonds et des « ressources humaines » qui s’activent depuis les derniers réduits de l’EI, le long de la frontière irako-syrienne, sont la cible prioritaire des frappes américaines. Le 6 janvier, les Algériens « Hassan », et son adjoint « Haïtham », responsables de ce que Washington nomme le « comité de l’immigration et de la logistique », périssent dans un bombardement près d’Al-Mayadin. Ce comité – en fait l’ancienne administration des frontières du « califat » – est soupçonné depuis des mois par Washington d’organiser les départs de cadres du groupe via la Turquie.


CONTACTS PÉRIODIQUES
Depuis sa prison irakienne, Ismaïl Alwaan AlIthawi a livré une autre information capitale : bien que traqués, les plus hauts dirigeants de l’EI maintiennent le contact entre eux et se réunissent encore périodiquement, y compris avec Abou Bakr Al-Baghdadi. « Ma dernière rencontre avec le “calife” remonte à la mi2017 à Deir ez-Zor. Plusieurs commandants du premier rang nous accompagnaient », a assuré Al-Ithawi dans une confession diffusée par la télévision irakienne. Au menu des discussions, la survie du « califat » en Irak-Syrie, et la poursuite de son internationalisation. Localement, des déserts irako-syriens aux confins kurdo-iraniens, l’organisation achève sa mue en réseau clandestin : « L’EI a lancé – et va probablement maintenir – une insurrection robuste en Irak et en Syrie en visant la réapparition sur le long terme de son soi-disant califat », résume un mémo de l’inspecteur général des opérations à l’étranger de l’armée américaine, qui ne parie guère sur une disparition à court terme de la menace. Les attaques attribuées au groupe sont en hausse sensible et les forces de la coalition ont, depuis le printemps, plus que triplé le nombre de frappes contre les éléments de l’EI en Irak et en Syrie.
 
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