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La police a-t-elle vraiment voulu assassiner Ousmane Sonko ?

Mardi 2 Mai 2023

Le principal opposant à Macky Sall accuse les forces de l’ordre d’avoir voulu l’empoisonner en l’aspergeant « d’un produit toxique et mortel » lors de son interpellation, le 16 mars, en marge d’une audience de son procès pour diffamation.


Œil pour œil, dent pour dent : Ousmane Sonko préfère-t-il le « gatsa-gatsa » (la loi du Talion, en wolof) au système judiciaire sénégalais ? Après s’en être sévèrement pris à certains magistrats « qui agissent sur commande pour des raisons strictement matérialistes et qui ont décidé de servir un homme et non pas le droit », le principal opposant à Macky Sall – qui doit comparaître le 8 mai dans son procès en appel pour diffamation – a de nouveau accusé les forces de défense et de sécurité sénégalaises de tentative d’assassinat lors d’une longue conférence de presse, le 1er mai.


Ousmane Sonko, qui étaie sa thèse par des résultats d’analyses provenant de deux laboratoires étrangers dont Expertox, un cabinet français situé en région parisienne, a affirmé que ce sont des « éléments de la Brigade d’intervention polyvalente (BIP) et du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) » qui ont voulu attenter à sa vie en l’aspergeant « d’un produit toxique et mortel ». À ce jour, personne n’a pu vérifier l’authenticité de ses dires, comme de l’échantillon fourni pour analyse.

Cet acte « prémédité », selon les mots du leader de Yewwi Askan Wi (YAW), la principale coalition de l’opposition, se serait produit le 16 mars lors d’échauffourées entre ses partisans et la police en marge d’une audience du procès en diffamation que lui a intenté Mame Mbaye Niang, le ministre du Tourisme. Ce jour-là, le chef de file de l’opposition, qui avait convié ses militants et refusé de se plier au trajet imposé par les autorités pour éviter tout débordement, avait été malmené et mis de force dans un fourgon blindé afin d’être conduit au tribunal de Dakar.

Des substances proches du gaz anti-émeute 
Deux semaines plus tard, le président du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) avait finalement été condamné à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA à titre de dommages et intérêts. Ousmane Sonko ne s’était cependant pas rendu au tribunal après s’être vu délivrer un certificat médical d’incapacité de travail d’une durée de dix jours. Il venait de passer près d’une semaine dans une clinique privé de Dakar pour des soins. Le maire de Ziguinchor – qui n’a pour autant pas arrêté de prendre la parole sur les réseaux sociaux – se plaignait alors d’effets secondaires et de différents maux consécutifs à « [l’aspersion d’un] liquide toxique inconnu ».  

D’après les résultats des analyses issus des prélèvements faits sur « les habits [qu’il] portait » et dont il est seul à avoir connaissance pour le moment, le produit incriminé aurait, dit-il, « une familiarité avec l’acétophénone », un composé organique qui se présente sous la forme d’un liquide incolore et dont est dérivé « le chloroacétophénone », l’autre nom du gaz anti-émeute CN utilisé pour le maintien de l’ordre. Mais selon le document que déchiffre difficilement Ousmane Sonko devant les caméras, ce type de gaz « est de plus en plus remplacé (…) à cause des effets toxiques qui peuvent être néfastes ».


Selon lui, ce mélange chimique peut provoquer « une intoxication aiguë en cas d’ingestion orale, une irritation cutanée liée à l’activité corrosive, une sévère, voire grave, irritation oculaire ou encore une irritation des voies respiratoires ». Suffisant, aux yeux de l’opposant, pour soutenir qu’il a subi une tentative d’assassinat. « En nous aspergeant de ce produit dans un endroit clos, une voiture fermée, l’objectif recherché était de nous assassiner parce qu’à forte concentration dans un espace confiné, il a été décrit des cas de létalité », affirme celui dont les avocats doivent entamer prochainement une procédure judiciaire. Contacté, Mouhamed Gueye, le porte-parole de la police sénégalaise, n’a pas répondu aux sollicitations de Jeune Afrique. 

La version du procureur remise en cause 
Ces nouveaux éléments viennent contrebalancer la version d’Ibrahima Bakhoum, le procureur général de la cour d’appel de Dakar. Le 28 mars, le magistrat avait affirmé que « la seule piste que l’enquête [des services de la Sûreté urbaine de Dakar] avait permis d’établir » était celle du tissu imbibé de vinaigre qu’aurait remis Yarga Sy, un militant du Pastef au maire de Ziguinchor pour « atténuer les effets respiratoires de la fumée des gaz lacrymogènes ». Reste à savoir comment ces résultats d’analyses brandis par le principal opposant à Macky Sall, provenant d’un laboratoire à l’expertise juridico-technique reconnue en France, seront traités par la justice sénégalaise.


« Nous avons la vidéo du moment où on m’aspergeait ce produit. Elle est bien sécurisée. Beaucoup de témoins ont vu. L’ensemble des éléments sont également dans le laboratoire, bien gardés, affirme Ousmane Sonko. Lorsque nous allons démarrer nos procédures, le juge qui s’appropriera le dossier pourra trouver tous les éléments auprès du laboratoire pour y faire les contre-expertises qu’il veut. » Contacté, Stéphane Pirnay, expert en toxicologie auprès de la cour d’Appel de Paris et directeur du laboratoire Expertox, n’a pas encore répondu à nos sollicitations au moment de la publication de cet article.


Jeune Afrique
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