Une nouvelle étude du Conflict Armament Research (CAR), publiée ce mardi 29 avril, met en lumière les origines des armes utilisées par les groupes jihadistes opérant dans le bassin du lac Tchad et dans la région dite des « trois frontières » (Burkina Faso, Mali, Niger). Le rapport, fruit de près d’une décennie de recherches, révèle que la majorité de ces armes sont acquises localement, dans une logique opportuniste exploitant les fragilités régionales et les conflits prolongés.
Les enquêteurs de CAR ont analysé 726 armes saisies entre 2014 et 2023 auprès de groupes armés dans le Sahel central. Ces armes ont été récupérées lors de 131 saisies distinctes opérées au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Le constat est sans équivoque : environ 20 % des armes proviennent directement des stocks des armées nationales, prises à la suite d’attaques ciblées contre des positions militaires.
« Les groupes jihadistes exploitent généralement le matériel déjà disponible dans leurs zones d’opérations, notamment à travers des assauts contre les forces de défense et de sécurité », indique le rapport. Un chiffre que les auteurs estiment même en dessous de la réalité, selon Léo Jarry, co-auteur de l’étude.
« Ce sont des acteurs très locaux et très opportunistes », souligne-t-il, ajoutant qu’il n’existe pas, à ce stade, de preuve d’un approvisionnement extérieur régulier.
Matthew Steadman, également co-auteur, évoque un « cercle vicieux » :
« Plus ils saisissent des armes, plus ils attaquent des avant-postes, plus leur capacité à continuer de le faire augmente de façon exponentielle. »
Des fusils d’assaut hérités des décennies passées
L’étude révèle aussi que la majorité des armes en circulation dans les mains jihadistes sont des fusils d’assaut militaires de fabrication russe ou chinoise, produits essentiellement dans les années 1960 et 1970. Dans la zone du Liptako-Gourma, ils représentent 78 % de l’arsenal saisi, et jusqu’à 85 % autour du lac Tchad.
La chute du régime libyen en 2011 a certes favorisé une dispersion massive d’armes, mais seulement 7 % des armes jihadistes analysées proviendraient des anciens stocks de la Jamahiriya de Mouammar Kadhafi. Ces armements, lorsqu’ils ne sont pas issus de pillages directs, sont souvent obtenus via des marchés clandestins locaux.
Les chercheurs soulignent que les jihadistes s’appuient aussi sur du matériel hérité de conflits antérieurs, notamment de la crise malienne de 2012, période marquée par une rébellion armée dans le nord du pays et de nombreux détournements d’arsenaux.
Les drones : un virage tactique préoccupant
Autre constat inquiétant : l’usage croissant par les groupes jihadistes sahéliens de drones civils modifiés à des fins militaires. Ces appareils, parfois achetés dans le commerce, sont désormais équipés de charges explosives et utilisés comme armes de précision contre les positions des forces armées.
En mars 2025, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) a revendiqué une attaque de drone contre les forces camerounaises à Wulgo, dans le nord du Nigeria. Douze militaires camerounais ont trouvé la mort, selon les autorités, un bilan qui pourrait être plus lourd d’après des sources locales. L’ISWAP a publié des images d’armes récupérées, dont certains drones militaires camerounais désormais entre ses mains.
Cette étude du CAR éclaire les dynamiques de prédation armée en cours dans le Sahel. Elle confirme que, loin de dépendre de circuits internationaux, les groupes jihadistes construisent leur puissance de feu sur les failles des États locaux, et adaptent sans cesse leurs méthodes aux réalités du terrain. Un défi sécuritaire majeur pour l’ensemble de la région.
Les enquêteurs de CAR ont analysé 726 armes saisies entre 2014 et 2023 auprès de groupes armés dans le Sahel central. Ces armes ont été récupérées lors de 131 saisies distinctes opérées au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Le constat est sans équivoque : environ 20 % des armes proviennent directement des stocks des armées nationales, prises à la suite d’attaques ciblées contre des positions militaires.
« Les groupes jihadistes exploitent généralement le matériel déjà disponible dans leurs zones d’opérations, notamment à travers des assauts contre les forces de défense et de sécurité », indique le rapport. Un chiffre que les auteurs estiment même en dessous de la réalité, selon Léo Jarry, co-auteur de l’étude.
« Ce sont des acteurs très locaux et très opportunistes », souligne-t-il, ajoutant qu’il n’existe pas, à ce stade, de preuve d’un approvisionnement extérieur régulier.
Matthew Steadman, également co-auteur, évoque un « cercle vicieux » :
« Plus ils saisissent des armes, plus ils attaquent des avant-postes, plus leur capacité à continuer de le faire augmente de façon exponentielle. »
Des fusils d’assaut hérités des décennies passées
L’étude révèle aussi que la majorité des armes en circulation dans les mains jihadistes sont des fusils d’assaut militaires de fabrication russe ou chinoise, produits essentiellement dans les années 1960 et 1970. Dans la zone du Liptako-Gourma, ils représentent 78 % de l’arsenal saisi, et jusqu’à 85 % autour du lac Tchad.
La chute du régime libyen en 2011 a certes favorisé une dispersion massive d’armes, mais seulement 7 % des armes jihadistes analysées proviendraient des anciens stocks de la Jamahiriya de Mouammar Kadhafi. Ces armements, lorsqu’ils ne sont pas issus de pillages directs, sont souvent obtenus via des marchés clandestins locaux.
Les chercheurs soulignent que les jihadistes s’appuient aussi sur du matériel hérité de conflits antérieurs, notamment de la crise malienne de 2012, période marquée par une rébellion armée dans le nord du pays et de nombreux détournements d’arsenaux.
Les drones : un virage tactique préoccupant
Autre constat inquiétant : l’usage croissant par les groupes jihadistes sahéliens de drones civils modifiés à des fins militaires. Ces appareils, parfois achetés dans le commerce, sont désormais équipés de charges explosives et utilisés comme armes de précision contre les positions des forces armées.
En mars 2025, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) a revendiqué une attaque de drone contre les forces camerounaises à Wulgo, dans le nord du Nigeria. Douze militaires camerounais ont trouvé la mort, selon les autorités, un bilan qui pourrait être plus lourd d’après des sources locales. L’ISWAP a publié des images d’armes récupérées, dont certains drones militaires camerounais désormais entre ses mains.
Cette étude du CAR éclaire les dynamiques de prédation armée en cours dans le Sahel. Elle confirme que, loin de dépendre de circuits internationaux, les groupes jihadistes construisent leur puissance de feu sur les failles des États locaux, et adaptent sans cesse leurs méthodes aux réalités du terrain. Un défi sécuritaire majeur pour l’ensemble de la région.

