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Tensions au rassemblement pro-palestinien interdit à Paris

Samedi 15 Mai 2021

Les forces de l’ordre tentent de disperser la manifestation interdite dans la capitale. Quelque 4 200 policiers et gendarmes sont mobilisés. (Source LePoint)


L'interdiction des autorités, confirmée en justice, ne les a pas arrêtés. Les soutiens aux Palestiniens ont commencé à se rassembler à Paris samedi après-midi, immédiatement dispersés par les forces de l'ordre, tandis que plusieurs autres rassemblements, autorisés, ont lieu à travers la France.

Dans la capitale, aux alentours du carrefour Barbès (18e arrondissement), le déploiement policier massif était visible dans tout le quartier pour tenter de disperser plusieurs centaines de personnes disséminées aux alentours.


Lanceur d'eau, gaz lacrymogènes
Quelque 4 200 policiers et gendarmes sont mobilisés, selon la préfecture de police, qui appliquent les consignes de « dispersion systématique et immédiate » dès que des manifestants tentent de se regrouper en utilisant « lanceur d'eau » et gaz lacrymogènes.

Sur Twitter, le journaliste Rémy Buisine de Brut indique : « La situation est tendue, des gaz lacrymogènes utilisés à nouveau. »

Le canon à eau et des gaz lacrymogènes ont en effet été utilisés à de nombreuses reprises, ont constaté des journalistes de l'Agence France-Presse. Selon eux, des face-à-face entre manifestants et forces de l'ordre avaient lieu, suivis de charges de ces dernières, provoquant un jeu du chat et de la souris entre les deux parties sur de larges boulevards ou des rues plus étroites.

« Libérez la Palestine », « Israël assassin », « Israël casse, toi, Palestine n'est pas à toi », ont crié des manifestants dans les petites rues du quartier de la Goutte-d'Or. « Palestine vivra. Palestine vaincra », pouvait-on entendre. Boulevard Barbès, un groupe d'une centaine de personnes chante « Israël assassin ». Çà et là, quelques drapeaux palestiniens étaient brandis ou utilisés en cape.

« On a le droit de manifester »
Ahmed, 35 ans, keffieh autour du cou qui tente de rejoindre le boulevard, a témoigné à l'Agence France-Presse : « Comment c'est possible d'interdire une manifestation en soutien à un peuple colonisé et bombardé ? » Mohammed, 23 ans, tee-shirt « Palestine libre », lance : « Vous voulez m'interdire d'être solidaire avec mon peuple alors que mon village est bombardé ? »

« On a le droit de manifester, on est dans un pays de droits de l'homme ? On est venues en paix pour soutenir une cause juste, pour soutenir la Palestine qui subit des bombardements injustifiés, des enfants meurent », ont déclaré Sabrina et Fatima, âgées de 35 ans, originaires de région parisienne.

« Évacuez la place », appelle un policier dans un porte-voix place du Château-Rouge. Des banderoles brandies par des manifestants ont été confisquées, selon la préfecture.

« Risques de troubles »
Les organisateurs, dont l'Association des Palestiniens en Île-de-France, ainsi qu'une petite trentaine d'autres organisations, telles Attac, l'Action antifasciste Paris-Banlieue, le Nouveau Parti anticapitaliste, avaient maintenu leur appel à manifester, en dépit de l'interdiction requise par les autorités et confirmée vendredi soir par le tribunal administratif.

Cette interdiction de manifester dans la capitale a été prise jeudi soir par le préfet de police de Paris, Didier Lallement, à la demande du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, pour des « risques de troubles ». Il a été mis en avant le précédent de 2014, lorsqu'une manifestation pro-palestinienne à Paris avait dégénéré en violences urbaines.

Les organisateurs ont tenu une conférence de presse en tout début d'après-midi pour réaffirmer leur « solidarité » alors que, dans les territoires palestiniens, « le massacre continue ». L'un des organisateurs, Walid Attalah, a répété leur intention de manifester « pacifiquement », jusqu'à la place de la Bastille, et dénoncé l'attitude des autorités : « Ils veulent clairement laisser pourrir la situation et qu'il y ait des débordements », a-t-il affirmé.

« Partout dans le monde, des manifestations de soutien se sont tenues, la France est une exception, c'est aussi contre (ça) qu'on se mobilise », a martelé Julien Salingue (NPA), un autre organisateur.

« La France est le seul pays démocratique à interdire ces manifestations »
Saisi en référé-liberté par l'Association des Palestiniens en Île-de-France, le tribunal administratif a confirmé vendredi cette interdiction. Une autre association, qui avait aussi prévu une manifestation dans un autre quartier de Paris, dont l'interdiction a également été confirmée par le tribunal administratif, a déposé un recours devant le Conseil d'État, examiné à partir de 13 heures.

Le tribunal administratif a justifié sa décision en avançant que le contexte « tant international qu'intérieur » ne permettait pas « d'estimer que les risques de troubles graves » ne « seraient pas aussi importants, voire supérieurs à ceux avérés en 2014 ».

« La France est le seul pays démocratique à interdire ces manifestations », ont protesté maître Sefen Guez Guez, maître Dominique Cochain et maître Ouadie Elhamamouchi, avocats de l'Association des Palestiniens en Île-de-France.

Manifestations autorisées dans de nombreuses villes françaises
La manifestation était au départ prévue pour commémorer la nakba, l'exode de centaines de milliers de Palestiniens à la création d'Israël en 1948. D'autres manifestations ont été interdites, comme à Nice, ou à Aubervilliers et Montreuil, en Seine-Saint-Denis.

En revanche, des manifestations ou rassemblements ont été autorisés dans de nombreuses villes. Ainsi, plusieurs centaines de personnes, drapeaux palestiniens – voire parapluie des mêmes couleurs – à la main, se sont rassemblées sous la pluie à Toulouse pour dire leur opposition au « colonialisme, au racisme et à l'apartheid ». « Sauvez Gaza », « personne n'est libre quand d'autres sont opprimés » ou « Palestinian lives matter » (« les vies des Palestiniens comptent »), pouvait-on lire sur des pancartes.

Des manifestations calmes en région
Plus de 4 000 personnes, selon la police et les organisateurs, ont manifesté samedi sans incidents à Strasbourg pour soutenir les Palestiniens, a constaté un journaliste de l'Agence France-Presse. Le cortège est parti de la place de l'Université et les manifestants ont défilé dans les rues longeant le centre-ville, sans toutefois entrer dans l'hypercentre de la capitale alsacienne, interdit à toute manifestation depuis plusieurs mois.

À Marseille, ce sont environ 1 500 personnes, selon la police, qui ont exprimé leur solidarité avec les Palestiniens au moment où le conflit entre Israël et ces derniers connaît une violente escalade.

À Lille, la manifestation pro-palestinienne a réuni 1 500 personnes, selon les organisateurs, et entre 600 et 700, selon la préfecture, samedi en milieu d'après-midi. Il n'y a pas eu d'incidents, a précisé la préfecture du Nord à l'Agence France-Presse. Une nouvelle manifestation est prévue à Lille samedi prochain, selon les organisateurs.

Environ 200 personnes, selon la préfecture de l'Hérault, se sont réunies à Montpellier. Des rassemblements étaient aussi prévus à Lyon, Bordeaux, Nantes, Rennes, Lille, Metz ou Saint-Étienne. Des manifestations qui ont eu lieu sans débordement.

Plusieurs manifestations en Europe
Des milliers de manifestants sont également descendus samedi dans les rues de plusieurs villes d'Europe, et en Tunisie, en soutien aux Palestiniens dans les affrontements en cours avec Israël.

À Londres, des milliers de personnes ont manifesté dans le centre de la ville, appelant le gouvernement britannique à intervenir pour faire cesser l'opération militaire israélienne. Les manifestants se sont rassemblés à la mi-journée à Marble Arch, d'où ils se sont dirigés vers l'ambassade d'Israël, brandissant des drapeaux palestiniens et des pancartes demandant de « libérer » les territoires palestiniens. Selon eux, parmi lesquels la coalition Stop the War et l'association musulmane du Royaume-Uni, la manifestation a rassemblé 150 000 personnes. Interrogée par l'Agence France-Presse, la police n'a pas communiqué de chiffre.

Environ 2 500 personnes à Madrid
En Allemagne, des milliers de personnes ont manifesté à Berlin et dans plusieurs villes à l'appel de collectifs pro-palestiniens. Dans la capitale, trois manifestations ont été autorisées pour la seule journée de samedi, dont deux dans le quartier populaire de Neukölln, dans le sud de la ville.

À Madrid, environ 2 500 personnes ont défilé dans le calme. « Le silence des uns est la souffrance des autres », « Jérusalem capitale éternelle de Palestine », pouvait-on lire sur les banderoles et pancartes brandies par les manifestants.

« Tunisiens et Tunisiennes soutiennent la Palestine ! »
À Varsovie, environ 300 personnes, principalement des Palestiniens établis en Pologne, ont manifesté devant l'ambassade d'Israël. Drapeaux palestiniens à la main, ils ont brandi des pancartes « Stop à l'holocauste des Palestiniens » ou « Jérusalem, la capitale de la Palestine », et crié des slogans en faveur de la « Palestine libre ».

En Tunisie, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes. Des centaines de manifestants drapés dans des drapeaux palestiniens se sont rassemblés dans le centre de Tunis, avant de défiler sur l'avenue Habib-Bourguiba, surveillés par la police. Parmi les slogans des manifestants, qui ont bravé le confinement en vigueur jusqu'à dimanche, on pouvait entendre : « Tunisiens et Tunisiennes soutiennent la Palestine ! » ou « Le peuple veut criminaliser la normalisation avec Israël ».

L'affaire divise la classe politique française
Le porte-parole du gouvernement a qualifié de « pragmatique » la décision d'interdire la manifestation parisienne. « On ne veut pas qu'il y ait de scènes de violences, on ne veut pas d'importation d'un conflit sur le sol français, on ne veut pas de crise de haine dans les rues de la République française », a déclaré Gabriel Attal, en visite à Marseille.

L'affaire divise la classe politique, entre soutiens de la demande du gouvernement – essentiellement dans la majorité, à droite et à l'extrême droite – et ceux qui dénoncent une interdiction « inacceptable », menés par La France insoumise (LFI).

Les appels à manifester interviennent sur fond d'une escalade militaire inédite ces derniers jours depuis 2014 entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, dans et autour de la bande de Gaza, et de violences dans des villes israéliennes mixtes arabes et juives. Ce conflit a fait depuis lundi 139 morts palestiniens, dont une quarantaine d'enfants, et des centaines de blessés dans la bande de Gaza, selon un dernier bilan palestinien. En Israël, dix personnes ont été tuées, dont un enfant, et près de 600 blessées.

 
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