Dans un contexte de crise sécuritaire à l’Est, le président Félix Tshisekedi a procédé à des ajustements majeurs au sein de son cabinet et de l’Union sacrée, sa plateforme de soutien. Le changement le plus notable concerne le présidium de l’Union sacrée, qui passe de 6 à 40 membres. Si les figures clés comme Augustin Kabuya, Jean-Pierre Bemba ou Vital Kamerhe conservent leur place, de nouvelles personnalités, notamment des leaders de partis ayant obtenu au moins sept sièges aux dernières élections, ont été intégrées. Cette expansion suscite cependant des critiques, certains y voyant un risque de confusion et de conflits internes.
Le 22 février, en recevant les sociétaires de l’Union sacrée, la plateforme politique qui le soutient, Félix Tshisekedi avait exprimé sa déception face à leur « quasi silence ». L’heure était pourtant à la mobilisation générale, après les prises successives des villes de Goma et de Bukavu par les rebelles du M23 et leurs soutiens rwandais, dans l’est de la RDC. Dépité mais pragmatique, le chef de l’État congolais avait alors promis de procéder à des aménagements, en même temps qu’il disait vouloir tendre la main à l’opposition.
Le présidium est passé de 6 à 40 membres
Si le gouvernement d’union nationale annoncé ce jour-là se fait encore attendre, une mission de consultation ayant été confiée au conseiller spécial du président en matière de sécurité, Désiré Casimir Kolongele Eberande, la restructuration de l’Union sacrée est, elle, effective depuis le 8 mars.
Le changement notable concerne son présidium, qui est passé de six à quarante membres. Si Augustin Kabuya, Jean-Pierre Bemba, Sama Lukonde, Modeste Bahati Lukwebo, Vital Kamerhe et Christophe Mboso en font toujours partie, ils ont été rejoints par des personnalités désignées par le chef de l’État ainsi que par les leaders ou représentants des partis et regroupements politiques ayant obtenu au moins sept députés nationaux ou sénateurs lors des dernières élections. Le secrétaire permanent de l’Union sacrée, André Mbata, qui a annoncé cette restructuration, intègre lui aussi le présidium, tout comme Judith Suminwa Tuluka, la Première ministre.
Mais cette subite inflation peut-elle relancer l’Union sacrée ? Elle est en tout cas loin de faire l’unanimité. Le sénateur Faustin Mukela Luanga l’a déjà comparée à une « hydre à multiples têtes ». « Un organisme qui se compose de tant de leaders, chacun avec sa propre vision et ses propres objectifs, est voué à la confusion, critique cet ancien ambassadeur itinérant de Félix Tshisekedi. La gestion des ambitions et des conflits deviendra un défi monumental », ajoute-t-il. En effet, des frustrations ont déjà commencé à s’exprimer : Didier Mazenga, du Parti lumumbiste (Palu) et ministre de l’Intégration régionale, a dit son incompréhension de ne pas avoir lui aussi rejoint le présidium alors que son regroupement politique (A3A) compte plus de sept parlementaires. D’autres, comme les députés Justin Bitakwira et Steve Mbikayi, s’en sont directement pris à André Mbata, qu’ils accusent d’avoir induit le chef de l’État en erreur.
Au-delà de ces nominations, le président Tshisekedi a également revu l’organisation de son cabinet, dont l’ordonnance a été lue le 7 mars à la télévision nationale. Certes, la plupart de ses membres ont gardé leur poste, à l’instar du directeur de cabinet, Antony Nkinzo Kamole, et de ses adjoints. Jacques Tshisekedi, le frère du président, reste coordonnateur de la sécurité intérieure de la présidence. Statu quo également chez ceux qui jouent un rôle de premier plan en termes politiques et diplomatiques dans la crise de l’Est : Sumbu Sita Mambu conserve son poste de haut représentant du chef de l’État pour le suivi de la feuille de route de Luanda et des organisations économiques régionales ; Kahumbu Mandungu Bula, dit « Kao », est toujours conseiller privé et Taylor Lubanga, chargé du suivi de la coopération avec la Cour pénale internationale (CPI).
La belle-sœur, mais aussi la fille
En revanche, deux ambassadeurs itinérants ont été remplacés : Danny Banza Maloba par Antoine Ghonda Mangalibi, qui a occupé le même poste sous Joseph Kabila, et Claude Ibalanky Ekolomba par Isabelle Kibassa. Belle-sœur du président (elle est l’épouse de son frère aîné, Jean-Claude Tshisekedi) et sœur de l’actuel ministre des Postes, des Télécommunications et du Numérique, cette ancienne députée provinciale et conseillère provinciale du Brabant, en Belgique, avait, avant les dernières élections, nourri l’ambition de prendre les commandes de la riche province du Lualaba, avant d’abdiquer face à une Fifi Masuka qui avait la confiance de Félix Tshisekedi.
À la tête de la cellule de communication de la présidence, Éric Nyindu, nommé ambassadeur en Mauritanie, laisse sa place à Farah Muamba, auparavant chargée de communication et responsable des projets et partenariat au Conseil présidentiel de veille stratégique, une structure de la présidence dirigée par son père, François Muamba. En parlant de père et de fille, Félix Tshisekedi a aussi nommé la jeune Christina Tshisekedi Tshika – l’une de ses filles – au poste de secrétaire particulière.
À souligner enfin, la nomination de deux prédicateurs du Centre missionnaire Philadelphie, l’Église où prie le président : Disashi Diyoka Didi devient conseiller du chef de l’État au sein du collège des relations avec le Parlement et autres institutions, et Dieudonné Tshibuyi Tshiakambila son conseiller spécial en charge du suivi du Programme de développement local des 145 territoires, une fonction nouvellement créée. Antony Nkinzo Kamole, le directeur de cabinet du chef de l’État, est également pasteur dans la même Église.
Avec Jeune Afrique
Le 22 février, en recevant les sociétaires de l’Union sacrée, la plateforme politique qui le soutient, Félix Tshisekedi avait exprimé sa déception face à leur « quasi silence ». L’heure était pourtant à la mobilisation générale, après les prises successives des villes de Goma et de Bukavu par les rebelles du M23 et leurs soutiens rwandais, dans l’est de la RDC. Dépité mais pragmatique, le chef de l’État congolais avait alors promis de procéder à des aménagements, en même temps qu’il disait vouloir tendre la main à l’opposition.
Le présidium est passé de 6 à 40 membres
Si le gouvernement d’union nationale annoncé ce jour-là se fait encore attendre, une mission de consultation ayant été confiée au conseiller spécial du président en matière de sécurité, Désiré Casimir Kolongele Eberande, la restructuration de l’Union sacrée est, elle, effective depuis le 8 mars.
Le changement notable concerne son présidium, qui est passé de six à quarante membres. Si Augustin Kabuya, Jean-Pierre Bemba, Sama Lukonde, Modeste Bahati Lukwebo, Vital Kamerhe et Christophe Mboso en font toujours partie, ils ont été rejoints par des personnalités désignées par le chef de l’État ainsi que par les leaders ou représentants des partis et regroupements politiques ayant obtenu au moins sept députés nationaux ou sénateurs lors des dernières élections. Le secrétaire permanent de l’Union sacrée, André Mbata, qui a annoncé cette restructuration, intègre lui aussi le présidium, tout comme Judith Suminwa Tuluka, la Première ministre.
Mais cette subite inflation peut-elle relancer l’Union sacrée ? Elle est en tout cas loin de faire l’unanimité. Le sénateur Faustin Mukela Luanga l’a déjà comparée à une « hydre à multiples têtes ». « Un organisme qui se compose de tant de leaders, chacun avec sa propre vision et ses propres objectifs, est voué à la confusion, critique cet ancien ambassadeur itinérant de Félix Tshisekedi. La gestion des ambitions et des conflits deviendra un défi monumental », ajoute-t-il. En effet, des frustrations ont déjà commencé à s’exprimer : Didier Mazenga, du Parti lumumbiste (Palu) et ministre de l’Intégration régionale, a dit son incompréhension de ne pas avoir lui aussi rejoint le présidium alors que son regroupement politique (A3A) compte plus de sept parlementaires. D’autres, comme les députés Justin Bitakwira et Steve Mbikayi, s’en sont directement pris à André Mbata, qu’ils accusent d’avoir induit le chef de l’État en erreur.
Au-delà de ces nominations, le président Tshisekedi a également revu l’organisation de son cabinet, dont l’ordonnance a été lue le 7 mars à la télévision nationale. Certes, la plupart de ses membres ont gardé leur poste, à l’instar du directeur de cabinet, Antony Nkinzo Kamole, et de ses adjoints. Jacques Tshisekedi, le frère du président, reste coordonnateur de la sécurité intérieure de la présidence. Statu quo également chez ceux qui jouent un rôle de premier plan en termes politiques et diplomatiques dans la crise de l’Est : Sumbu Sita Mambu conserve son poste de haut représentant du chef de l’État pour le suivi de la feuille de route de Luanda et des organisations économiques régionales ; Kahumbu Mandungu Bula, dit « Kao », est toujours conseiller privé et Taylor Lubanga, chargé du suivi de la coopération avec la Cour pénale internationale (CPI).
La belle-sœur, mais aussi la fille
En revanche, deux ambassadeurs itinérants ont été remplacés : Danny Banza Maloba par Antoine Ghonda Mangalibi, qui a occupé le même poste sous Joseph Kabila, et Claude Ibalanky Ekolomba par Isabelle Kibassa. Belle-sœur du président (elle est l’épouse de son frère aîné, Jean-Claude Tshisekedi) et sœur de l’actuel ministre des Postes, des Télécommunications et du Numérique, cette ancienne députée provinciale et conseillère provinciale du Brabant, en Belgique, avait, avant les dernières élections, nourri l’ambition de prendre les commandes de la riche province du Lualaba, avant d’abdiquer face à une Fifi Masuka qui avait la confiance de Félix Tshisekedi.
À la tête de la cellule de communication de la présidence, Éric Nyindu, nommé ambassadeur en Mauritanie, laisse sa place à Farah Muamba, auparavant chargée de communication et responsable des projets et partenariat au Conseil présidentiel de veille stratégique, une structure de la présidence dirigée par son père, François Muamba. En parlant de père et de fille, Félix Tshisekedi a aussi nommé la jeune Christina Tshisekedi Tshika – l’une de ses filles – au poste de secrétaire particulière.
À souligner enfin, la nomination de deux prédicateurs du Centre missionnaire Philadelphie, l’Église où prie le président : Disashi Diyoka Didi devient conseiller du chef de l’État au sein du collège des relations avec le Parlement et autres institutions, et Dieudonné Tshibuyi Tshiakambila son conseiller spécial en charge du suivi du Programme de développement local des 145 territoires, une fonction nouvellement créée. Antony Nkinzo Kamole, le directeur de cabinet du chef de l’État, est également pasteur dans la même Église.
Avec Jeune Afrique