Le secrétaire permanent du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COS-Petrogaz), Khadim Bamba Diagne, a apporté des éclaircissements sur la répartition des recettes issues de l’exploitation pétrolière du Sénégal. Invité de l’émission Face à BL, il a détaillé le mécanisme de partage des revenus, mettant en lumière la prédominance des compagnies pétrolières dans la distribution des gains.
Selon Khadim Bamba Diagne, une part importante des revenus pétroliers est d’abord absorbée par les compagnies pétrolières. En vertu des accords en vigueur, celles-ci récupèrent en priorité 75 % des recettes afin d’amortir leurs investissements. Ce n’est qu’après cette phase que les 25 % restants sont répartis entre l’État du Sénégal, la société nationale Petrosen et les entreprises exploitantes.
Sur un total de 595 milliards de francs CFA générés par la vente de pétrole, seuls 25 % (environ 149 milliards de francs CFA) sont donc effectivement redistribués. Parmi cette somme, 80 % reviennent aux compagnies pétrolières, tandis que 18 % sont alloués à Petrosen. Le reste, soit environ 2 %, est destiné à l’État sous forme de taxes et redevances.
"Sur les 595 milliards de francs CFA issus des ventes de pétrole, je crois que l'État n'aura pas moins de 70 milliards", a précisé l’économiste.
Vers une Renégociation des Contrats
Cette répartition des revenus, jugée peu avantageuse pour le Sénégal, alimente les débats. Face aux critiques croissantes sur l’équité des accords en place, Khadim Bamba Diagne a indiqué que le Premier ministre, Ousmane Sonko, envisage de renégocier ces contrats. L’objectif est d’obtenir une meilleure part des bénéfices pour l’État et, par extension, pour les citoyens sénégalais.
Cette volonté de renégociation s’inscrit dans un contexte où plusieurs pays producteurs de pétrole cherchent à revoir leurs accords avec les multinationales afin de maximiser les retombées économiques locales. Toutefois, un tel processus implique des discussions complexes avec les acteurs du secteur, notamment les compagnies pétrolières qui ont consenti d’importants investissements pour l’exploration et l’exploitation des ressources sénégalaises.
Un Débat Relancé sur la Souveraineté Énergétique
Les révélations de Khadim Bamba Diagne viennent relancer le débat sur la souveraineté énergétique du Sénégal et la nécessité d’une meilleure gouvernance des ressources naturelles. Les revenus pétroliers, s’ils sont bien gérés et équitablement répartis, pourraient constituer un levier majeur pour le développement économique du pays, notamment dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des infrastructures.
L’avenir des négociations annoncées par le gouvernement sera donc scruté de près, tant par la population que par les observateurs économiques et politiques. Reste à savoir si le Sénégal parviendra à imposer de nouvelles conditions aux multinationales et à tirer un meilleur profit de ses ressources pétrolières.