Pour des raisons de sécurité, nous avons suspendu la ligne Dakar-Ziguinchor-Dakar. C’est la réponse que le directeur général de Dakar Dem Dikk m’a servie lorsque je l’ai interpellé sur la question à l’occasion de la signature de convention entre le groupe La Poste et la société nationale de transport Dakar Dem Dikk.
Est-ce un motif fondé et soutenable à brandir dans un État de droit pour priver une frange de la population d’une nation à sacrifier à la fête de Tabaski ? Je répondrais par la négative. Un État est toujours fort quelque soit la situation qui prévaut dans le pays. Quelque soit la sensibilité sociale et la tension même si elle est latente.
Monsieur le président, priver cette bonne franche de la population sénégalaise de Aline Sitoé Diatta, de Diambogne, d’Aguène et de Sénégal Dem Dikk, c’est simplement plonger cette région déjà géographiquement enclavée dans un enclavement sordide.
Tous les sénégalais, même ceux qui n’ont aucun intérêt dans cette région, avait poussé un grand ouf de soulagement lorsque vous aviez remis les bateaux en mer, créé la ligne Dakar-Ziguinchor-Dakar, renforcé le fret aérien et procédé à la construction du pont de Farafenni avec la République Soeur de la Gambie.
Tout simplement parce qu’ils avaient pitié de leurs voisins et ou collègues de travail quand ils arrivent à Dakar. Tout voyageur venant de Ziguinchor, dès qu’il arrive à Dakar, ressemble à un boxeur mis Ko par son adversaire à cause de l’état de la route, des tracasseries frontalières, les montées et descentes pour contrôle de pièces d'identification sur le tronçon Senoba-Ziguinchor. Sans oublier les contrôles douaniers et des agents des eaux et forêts. Nous souffrons le martyr et vivons en silence sans broncher, ni piper mot depuis la nuit des temps.
Monsieur le président, la majeure partie des ressortissants de cette région basés à Dakar à cause des conditions susmentionnées, ne se rendent à leurs villages d’origines que durant les fêtes de Tabaski, de Noël, … pour vivre un temps soit peu en famille. Nous le faisons une fois par an et chacun selon le moment et la fête qu’il veut vivre en famille. Rares sont ceux qui restent à Dakar pour célébrer la Tabaski. Le plus grand nombre se rend chez soi pour vivre l’ambiance familiale perdue durant plusieurs mois.
Monsieur le président, suspendre ces frets, c’est remettre à nouveau l’obscurantisme vital car nous vivons la croix et la bannière sur ce tronçon pourtant distant de 450 km. Avec cette situation, les gens vont se ruer sur les horaires créés un peu partout dans Dakar. Des horaires qui d’ailleurs sont largement insuffisants pour emmener tout ce beau monde à Ziguinchor. Maintenant quid de ceux qui n’ont pas pu voyager avec ces moyens de transport. Quel est le péché qu’ils ont commis pour vivre cette situation incompréhensible et illogique ?
Monsieur le président, savez-vous que le prix a triplé voire quintuplé à l’approche des fêtes ? Une situation que parviennent à supporter les voyageurs qui n'ont qu'un seul objectif, partir et partir pour vivre l’harmonie familiale.
Monsieur le président, permettez à ces milliers voire millions de Sénégalais d’aller célébrer l'Aïd-El-Kebir au nom de Dieu, le Miséricordieux et avec la Clémence divine en famille.
Merci Monsieur le président !