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Marché de l’électricité au Congo : la Senelec sous le feu des critiques

Mardi 25 Février 2025

Un contrat de fourniture d’électricité par affermage décroché par la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) au Congo crée des remous. Le collège syndical de la société Énergie Électrique du Congo (E2C) a tenu, ce 21 février 2025, une assemblée générale des travailleurs dans l’enceinte de la direction générale à Brazzaville pour dénoncer le contrat signé avec la société Sénégalaise.


L’ambiance est électrique. Dans le collimateur de la société Énergie électrique du Congo (E2C), unique distributeur d’électricité du pays à ce jour, la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) peut voir la convention d’affermage, finalisée mi-février, avec les autorités congolaises unilatéralement annulée. C’est en tout cas ce que laisse entendre le Premier ministre congolais, Anatole Collinet Makosso.

Lors de la séance de questions orales au gouvernement tenue le 21 février devant les sénateurs, le responsable a expliqué que « le gouvernement va retirer les contrats d’affermage avec la Société nationale d’électricité du Sénégal, si cela ne trouve pas l’assentiment de la population », rapporte l’Agence congolaise d’information (AGI). Mais pourquoi un tel revirement de situation ?


« Expérience douteuse »
Depuis l’officialisation de la sélection de la Senelec pour assurer la distribution et la commercialisation de l’électricité, le collège syndical de la société E2C est monté au créneau pour contester « la politique de concession énergétique menée par le gouvernement », qu’il juge « inacceptable ».

Le syndicat de la E2C a rejeté – lors d’une manifestation organisée le 21 février devant les locaux de l’entreprise – le contrat d’affermage signé entre le ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique, Emile Ouosso, et la Senelec. À cet effet, il « invite impérativement le gouvernement à reconsidérer la démarche de céder le système électrique national à des tiers dont l’expérience en la matière est douteuse ».


« Au sein de la société E2C, les responsables ne se sont pas bien imprégnés des contours du contrat d’affermage », tempère une source autorisée au sein de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel), contactée par Jeune Afrique. Selon elle, les cadres et les employés fustigent un accord inter-États, entre le Sénégal et le Congo, alors que le choix de la Senelec a été fait dans le cadre d’un avis international après plusieurs mois de négociations.

L’État définit les tarifs
Au total, six entreprises étrangères s’étaient positionnées : le chinois Inhemeter, spécialiste des compteurs électriques, l’israelien PowerCom, le suisse Hydro Operation International, spécialisé dans la transformation hydroélectrique en Afrique, le libanais Mrad Company for Trade, Industry and Contracting, un groupe dénommé Nexus Global LLC et la Senelec.

Confronté à une crise énergétique, exacerbée par les difficultés financières et les infrastructures vieillissantes, Brazzaville a misé sur la Senelec pour redresser le secteur. La convention d’affermage a acté la création d’une entité : la Société nationale d’électricité du Congo. Celle-ci assurera, pendant dix ans, la commercialisation de l’électricité, la gestion du réseau de distribution, l’entretien des infrastructures ainsi que « la mise en place des briques technologiques d’une gestion moderne de réseau ».

De son côté, l’État congolais se réserve, en exclusivité, la prérogative de définition des tarifs. Les cadres et les employés de la société Énergie électrique du Congo renforcent, après audit, les effectifs de la nouvelle entreprise, tout en conservant les droits et avantages ainsi que l’ancienneté acquis antérieurement, promet le ministère de l’Énergie et de l’Hydraulique.

100 millions de dollars
Sur le terrain, la Senelec n’a pas été notifiée d’une quelconque intention du gouvernement congolais de rompre le contrat. « L’entreprise apportera son expertise sans rien financer, tandis que l’État apporte les financements », explique notre source au sein de l’Arsel. Selon nos informations, un accord de prêt de 100 millions de dollars de la Banque mondiale a été validé pour financer la distribution et le transport d’électricité au Congo.


Le contrat d’affermage entre Brazzaville et la Senelec prévoit une rémunération par une redevance d’exploitation, laquelle sera prélevée « sur les revenus tarifaires qu’il perçoit sur les ventes à ses clients ». « L’opérateur devra attribuer la valeur de la différence entre les revenus tarifaires perçus et la redevance d’exploitation au paiement, selon un ordre des priorités et une procédure à définir par le gouvernement », précise l’avis de préqualification international lancé en mai.

 

 
Le collège syndical de la société Énergie Électrique du Congo (E2C) a tenu, ce 21 février 2025, une assemblée générale des travailleurs dans l’enceinte de la direction générale à Brazzaville. Les participants sont venus de plusieurs localités, notamment Pointe-Noire, Kouilou, Niari, Moukoukoulou, Liouesso, Likouala-Sangha, Mindouli, Dolisie, Owando et Brazzaville.


Les agents demandent tout simplement au gouvernement de la République l’annulation de l’accord portant sur la concession des centrales hydroélectriques et l’affermage des volets distribution et commercialisation de l’énergie électrique, récemment signé avec la Senelec, une société sénégalaise. Ils menacent d’entamer une grève générale illimitée dans un délai de sept jours si leurs revendications ne sont pas prises en compte. Toutefois, ils n’excluent pas la recherche de solutions et envisagent des négociations avec le Premier ministre, chef du gouvernement.
Lors de cette assemblée générale, un message des travailleurs à l’attention du gouvernement a été lu par Mme Batondélé Issambo Chantal, qui a rappelé les réformes entreprises dans le secteur de l’eau et de l’électricité.
« Depuis 2003, le gouvernement a engagé des réformes dans ce secteur avec, entre autres, l’adoption de la loi sur le code de l’électricité, la loi portant libéralisation du secteur de la production électrique et la tenue d’un atelier sur les réformes en juin 2019, prélude à leur mise en œuvre », a-t-elle déclaré.
Concernant spécifiquement la Société nationale d’électricité (SNE), ces réformes ont conduit à la création de la société Énergie Électrique du Congo (E2C) en tant que société du patrimoine.
« Aujourd’hui, le gouvernement opte pour la concession des centrales hydroélectriques et l’affermage des volets distribution et commercialisation. Ces réformes, menées de manière unilatérale, ne respectent pas les recommandations du séminaire-atelier sur les réformes du secteur, tenu le 29 juin 2017 à l’hôtel Radisson Blu, en présence d’experts nationaux et internationaux (Senelec, Compagnie ivoirienne d’électricité, Compagnie camerounaise d’électricité) ainsi que des institutions financières internationales. Ce séminaire avait conclu que le dégroupage de la société Énergie Électrique du Congo n’était pas recommandé, étant donné sa petite taille – moins de 400 000 abonnés – et le risque que cette réforme remette en cause la souveraineté énergétique du pays », a précisé Mme Batondélé.


Avec JA
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