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Mamadou Badio Camara, l’homme qui avait « invalidé » Karim Wade et Khalifa Sall

Mardi 2 Août 2016

Le successeur de Papa Oumar Sakho est enfin connu. Le président de la République a nommé Mamadou Badio Camara à la tête du la juridiction constitutionnelle. Le tout nouveau président du Conseil constitutionnel fut accusé par Karim Wade « l’un des principaux exécutants du complot politico-judiciaire » dont il se dit victime. A cette époque, Badio Camara était le premier président de la Cour suprême.


Le chef de l'Etat Macky Sall a nommé hier par décret Mamadou Badio Camara, Président du Conseil constitutionnel. Sa nomination à la présidence du Conseil n’est pas une surprise car le désormais ex-président de la Cour Suprême est l’un des magistrats les plus expérimentés du Sénégal. L'ancien président de la cour suprême faisait partie des 7 membres du conseil constitutionnel depuis sa nomination par le décret °2021-982 du 26 juillet 2021.

Le parcours d’un juge expérimenté
Mamadou Badio Camara, qui fut le premier président de la Cour suprême, a été Substitut du procureur, premier substitut au Parquet de Dakar, procureur de la République à Kaolack, puis à Ziguinchor… Ce n’était que le début d’une carrière fournie. De la Cour d’appel de Dakar, il rejoint les hautes juridictions déjà avec la Cour de cassation et la Cour suprême où il devient Procureur général, puis Premier président en avril 2015. Mamadou Badio Camara est aussi un ancien expert des Nations unies, membre de la commission d’enquête sur la situation des prisonniers politiques au Burundi, ancien expert de l’Oif, projet Justice, Haïti, ancien vice-président du Comité des Nations unies contre les disparitions forcées, vice-président de l’Association des hautes juridictions de cassation des pays ayant en partage l’usage du français (Ahjucaf). Avec ce pedigree, il peut incarner la sagesse d’un membre du Conseil constitutionnel.


Mamadou Badio Camara arrive aujourd’hui au sommet de la magistrature dans un contexte où, certains membres de l’opposition le considèrent comme un homme de main du président Macky Sall. Parmi les griefs de l’opposition : l’énarque avait rejeté des recours déposés par celle-ci dans le cadre notamment des contentieux pré-électoraux. Une chose est sûre : Badio Camara aura la lourde tâche, lui et les six autres sages du Conseil, de valider ou de rejeter la 3e candidature du Président Macky Sall, si jamais ce dernier décide de se présenter en 2024.


Karim Wade l’accuse d’être « soumis aux ordres de Macky Sall »
Badio Camara, le Premier président de la Cour suprême « est l’un des principaux exécutants du complot politico-judiciaire dont je suis victime depuis six ans », écrivait le fils de Me Wade dans un texte au vitriol contre l’institution judiciaire, qualifiée notamment « d’annexe de palais présidentiel ».


Ce communiqué intervient moins de 48 heures avant une décision très attendue de la Cour suprême sur le pourvoi en cassation formulé par Karim Wade pour contester le rejet de son inscription sur les listes électorales. En première instance, le tribunal de Dakar s’était déclaré « incompétent » pour statuer sur son recours, au motif que le requérant aurait dû déposer son recours au Koweït, où il avait fait sa demande d’inscription en avril dernier.


Le ministère de l’Intérieur avait rejeté l’inscription de Karim Wade sur les listes électorales, en arguant de sa condamnation en mars 2015 à six ans de prison ferme pour « enrichissement illicite ». Avec la modification au mois de juin du code électoral, cette inscription est devenue un préalable indispensable pour pouvoir briguer la présidentielle.


Dans son communiqué, Karim Wade estime que le magistrat de la Cour suprême est « disqualifié » pour statuer sur son pourvoi en cassation. « Il porte la responsabilité personnelle, directe et écrasante dans les violations de mes droits fondamentaux, constatés par la Cour de justice de la Cedeao, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, ainsi que toutes les juridictions internationales qui se sont prononcées sur ma situation », accuse le fils de l’ancien président sénégalais.
« M. Badio Camara a participé récemment à plusieurs réunions nocturnes au Palais de la Républiques, tenues par Macky Sall en présence d’un membre du Conseil constitutionnel, du ministre de la Justice, et du ministre de l’Intérieur pour mettre à exécution le rejet arbitraire de mon inscription sur les listes électorales, et aussi organisé le rejet des recours que je pourrai introduire », affirme également Karim Wade. « Le moment est venu pour ces magistrats soumis aux ordres de Macky Sall d’être remplacés pour que notre pays retrouve une justice digne de ce nom », écrit-il encore.


Et de poursuivre, dans des propos peu amènes envers Badio Camara : « Incontestablement, le président de la Cour suprême a fait la preuve qu’il n’est ni impartial, ni indépendant ». « Il n’y a rien à attendre de cette Cour suprême actuelle », assène-t-il, avant de faire part de son intention de « saisir toutes les juridictions internationales pour faire respecter (ses) droits fondamentaux ». Avec toujours le même objectif : pouvoir concourir à la présidentielle, et battre Macky Sall.
La Cour suprême du Sénégal a rejeté le 3 janvier 2019 tous les recours de l’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall, qui contestait sa condamnation à cinq ans de prison, notamment pour « escroquerie aux deniers publics ».


En réaction aux nombreuses critiques, notamment dans des dossiers politico-judiciaires comme les affaires Khalifa Sall et Karim Wade, dont a essuyé la Magistrature, accusée d’être à la solde de l’Exécutif, Badio Camara, premier président de la Cour suprême, à l’époque, avait remis les choses à l’endroit. Dans le cas de l’ex-maire de Dakar, ses avocats ont dénoncé «la précipitation» dans le traitement de l’affaire devant la Cour suprême. Très offensif, M. Camara avait exprimé d’abord les motifs pour lesquels cette juridiction suprême s’est appuyée pour vider l’affaire de la caisse d’avance. Il disait : «Les contentieux concernant des personnes en détention ont toujours fait l’objet d’un traitement urgent et prioritaire sur les affaires dans lesquelles les plaideurs sont en liberté, attendent à la maison ou vaquent à leurs occupations. Ainsi, le fait de juger une affaire pénale, impliquant des détenus, dans un délai d’environ quatre mois, après le prononcé de la décision attaquée, n’est ni précipitée ni accélérée. Bien au contraire, en d’autres circonstances, on aurait pu considérer que ce délai est excessif. Peut-on attendre d’une Cour suprême qu’elle juge des condamnés à l’emprisonnement ferme postérieurement à l’expiration de leur peine ? Evidemment non. Ce serait même une faute lourde au regard des règles de discipline et de déontologie.» Selon lui, l’affaire a été traitée dans les délais requis par la loi.
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