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Les enfants Kadhafi : Que sont devenus Aïcha, Saïf al-Islam, Hannibal, Saadi et les autres ?

Mardi 11 Mars 2025

La libération, après dix ans de détention au Liban, d’Hannibal Kadhafi a remis la famille de l’ancien Président libyen sous les projecteurs de l’actualité. Quatorze ans après la chute du régime, en 2011, certains sont morts, d’autres ont choisi la discrétion de l’exil tandis que le nom de Kadhafi réunit encore de nombreux fidèles en Libye.


Ils étaient dix enfants – dont deux adoptés – connus pour leurs frasques lorsque leur père, Mouammar Kadhafi, régnait d’une main de fer sur la Libye. Tous ont grandi dans les années 1970 ou 1980, en même temps que le guide de la révolution libyenne affirmait une toute-puissance et une singularité idéologique qui le conduiront à sa perte lors de l’insurrection de 2011.

Après avoir fait les gros titres de la presse people internationale et avoir figuré parmi les personnages les plus en vue du sérail, les turbulents enfants du fondateur de la « Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste » ont pris de l’âge et troqué leur arrogance contre plus de discrétion. Retour sur le destin de ces descendants de la petite tribu des « Kadha » de la région de Syrte (Ouest), qui s’imaginaient un avenir dynastique.


Hannibal, la tête brûlée (49 ans)
C’est le ministère de la Justice libyenne du gouvernement de Benghazi (Est) qui a annoncé la libération d’Hannibal Kadhafi. Réputé brutal, il était connu pour ses démêlés pour violences conjugales en France et pour mauvais traitements à l’encontre de ses employés de maison en Suisse. Mais le médecin et militaire de formation semble avoir passé dix ans en prison, au Liban, pour une affaire qui ne le concernait pas vraiment.

Réfugié politique en Syrie, il a été enlevé en 2015 par une milice libanaise aux ordres de l’ancien député Hassan Yacoub, dont le père, l’imam Mohamed Yacoub compte parmi les trois personnes disparues avec le dirigeant chiite libanais Moussa Sadr après un déplacement en Libye en 1978. Accusé de « dissimulation d’informations », Hannibal, qui n’avait que 3 ans lors des faits, n’en a pas moins été emprisonné à Beyrouth. Celui qui avait défrayé la chronique en France pour avoir roulé à contre-sens sur les Champs-Élysées compte aujourd’hui regagner la Libye sans faire de tapage.

Aïcha, l’amazone (48 ans)
Elle avait fait la fierté de son père en intégrant le collectif de défense de l’ancien président irakien Saddam Hussein, en 2004, et s’était imposée comme une conseillère qui avait toute son attention. La fille unique du guide libyen et sa préférée s’était fait, après des études de droit à la Sorbonne, un prénom et une solide réputation de négociatrice avec l’affaire de la libération des otages occidentaux retenus par les islamistes d’Abou Sayyaf aux Philippines. Présidente de la fondation caritative Waatassimou, celle que les médias italiens surnommaient la « Claudia Schiffer du désert » a épousé Ahmed Kadhafi Ghohsi, un cousin de son père, colonel du corps d’élite de l’armée, et a perdu sa fonction d’ambassadrice de bonne volonté pour les Nations unies en 2011.

À la chute du régime, elle rejoint le sud de l’Algérie, où elle trouve refuge avec sa famille, dont sa mère Safia, en septembre 2011. Enceinte de neuf mois, elle continue à s’exprimer, faisant de manière inattendue l’apologie de l’Irish Republican Army (IRA) irlandais et qualifiant les nouvelles autorités libyennes de « traîtres ». Un incident que le chef de la diplomatie algérienne de l’époque, Mourad Medelci, jugera « inacceptable ». L’hôte encombrante d’Alger s’est ensuite installée au sultanat d’Oman après s’être engagée à ne pas faire de déclarations publiques.

Saïf al-Islam, le dauphin (52 ans)
L’ancien porte-voix diplomatique du régime libyen, par le biais de la Fondation internationale Kadhafi, a encore fait parler de lui en janvier 2025 en affirmant que Nicolas Sarkozy avait bien obtenu des financements libyens pour sa campagne électorale en 2007. Il dénonce également les pressions qu’il aurait subies pour modifier son témoignage dans cette affaire, dont le procès se déroule actuellement à Paris. Cette intervention de Saïf al-Islam a rappelé que celui qui s’était d’abord positionné comme un jeune et ambitieux réformiste, engageant même des négociations avec les opposants au raïs libyen, était intimement lié aux affaires du pays qu’il escomptait diriger un jour.


La médiation dans l’affaire des infirmières bulgares, en 2007, de ce docteur en philosophie issu de la London School of Economics a participé à sa notoriété. Il avait également négocié l’indemnisation des familles des victimes de l’attentat de Lockerbie, commandité par Mouammar Kadhafi. Devenu le symbole de la répression sanglante de l’insurrection de 2011, il a été capturé en novembre de la même année par une milice qui le condamne à mort de manière expéditive. Mais il ne sera jamais remis aux autorités libyennes, ni à la Cour pénale internationale qui le réclame, et sera libéré en 2017. Il passe alors sous les radars, mais interrompt sa retraite en annonçant sa candidature à l’élection présidentielle de 2021, qui a été reportée.

Mohamed, l’ingénieur (54 ans)
Tycoon des télécommunications et président du Comité olympique libyen, il est l’aîné de la fratrie et le seul enfant de la première union de Kadhafi. Très discret et sans rôle politique, il trouve refuge en Algérie avant – comme sa sœur Aïcha –de bénéficier de l’asile au sultanat d’Oman.

Saadi, le footballeur déchu, (51 ans)
Passionné de football, après avoir prétendu à une carrière en Libye et bénéficié de cours donnés par Maradona, il a investi dans la Juventus de Turin et a intégré, en tant que joueur, différentes équipes italiennes. Avec un total de moins de trente minutes de sélection, son parcours sera interrompu pour dopage en 2007. À la tête de la fédération de football libyenne, il échoue en 2004 à soutenir la candidature du pays à la Coupe du monde de football de 2010. Il se lance ensuite dans le BTP et ambitionne même de créer une nouvelle ville.


Parallèlement, il est propulsé par son père à la tête d’une unité d’élite des forces spéciales antiterroristes, avant d’en être chassé en 2007. Ce passage dans l’armée lui permet d’intervenir pour mater l’insurrection à Benghazi, en 2011, où il aurait ordonné de tirer sur la foule. Réfugié au Niger, il sera extradé en 2014 et condamné pour « s’être emparé de biens par la force et l’intimidation ». Il doit sa libération, en 2021, à l’intervention de tribus et du Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah. Dès sa sortie de prison, il part pour Istanbul où on perd sa trace.

Milad Aboutztaïa et Hana, les enfants adoptifs
On sait peu de choses sur les très discrets enfants adoptés par Kadhafi et sur sa seconde épouse, Safia. La légende de la fratrie indique que Milad Aboutztaïa aurait sauvé son père lors du raid américain du 14 avril 1986 au cours duquel Hana, alors âgée de 2 ans, aurait péri. D’autres sources indiquent, sans aucune confirmation, qu’elle serait vivante, et qu’elle aurait effectué des études à Londres et exercé en tant que médecin à Tripoli.

Trois des fils du Guide, enfin, ont péri durant les événements qui ont mené à la chute du régime et à la mort de leur père, en 2011. Moatassim Billah d’abord, qui avait 49 ans lorsqu’il est décédé. Nommé à la tête du Conseil de sécurité nationale, il était le rival de Saïf al-Islam avant d’être écarté pour avoir fomenté un coup d’État contre son père en 2007. Après un bref exil en Égypte, il a mené la répression à Misrata (Ouest) et Benghazi avant de périr à Syrte, en octobre 2012. Il s’était surtout illustré par les fêtes folles qu’il organisait sur l’île Saint-Barthélémy, dans lesquelles apparaissaient des stars comme Mariah Carey ou Beyoncé.

Khamis, le « chef de guerre », a quant à lui été tué dans un affrontement à Tarhouna, au sud de Tripoli, en août 2011. Diplômé de l’académie militaire et de l’école de guerre russe, il a dirigé une unité d’élite, le bataillon des forces spéciales comptant 4 000 hommes, et était âgé de 30 ans. Quant au discret Saïf al-Arab, 29 ans lors du soulèvement, il a péri dans un bombardement de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), en avril 2011. Officier formé en Allemagne, il avait été suspecté d’être impliqué dans une affaire de transport d’armes entre Paris et Munich.

Jeune Afrique
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