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Ibrahima SENE, PIT : « L’opposition a fait basculer les rapports de force en sa faveur »

Lundi 7 Mars 2022

En retrait de la scène médiatico-politique depuis quelques temps, Ibrahima Sène a accepté de parler à Walf Quotidien. Dans cet entretien, le secrétaire chargé des questions économiques au Pit, jette un regard sans complaisance sur la question du 3e mandat et sur les dernières élections locales, tout en projetant sur les législatives non sans fustiger le comportement de l’Apr au sein de Benno. Evoquant l’amnistie de Karim et de Khalifa Sall, Ie responsable Benno souligne que seul un gouvernement d’union nationale peut sauver le Sénégal des incertitudes en cours.





Quelle lecture faites-vous des dernières élections locales ?
Les élections territoriales ont montré que l’opposition s’est véritablement affirmée. Elle a fait basculer les rapports de force en sa faveur parce que la majorité des collectivités territoriales ont été gagnées par Benno bokk yakaar mais il y a des collectivités stratégiques que l’opposition a gagnées. Ce qui crée un rapport de force qui appelle véritablement à trouver comment dépasser ces contradictions-là. Il faut essayer de trouver des consensus pour pouvoir composer et gouverner ensemble. Les élections ont montré que personne ne peut gouverner seul.


Comment expliquez-vous le recul du Pds lors de ces élections ?
La campagne du Pds a toujours été pilotée par Wade. Wade absent, Karim Wade n’étant pas là, est-ce qu’il y a eu véritablement un pilote dans l’avion ? Voilà pourquoi je me garde de dire que le Pds a reculé. Certes, il a perdu des collectivités locales ; mais cela ne signifie pas qu’il a perdu sa représentativité dans le pays.



Comment comprenez-vous la défaite de Benno au niveau de Thiès avec Idrissa Seck dans Benno ?
Benno a été battu à Thiès à cause d’un mauvais pilotage d’Idrissa Seck. Macky Sall lui a donné carte blanche pour composer une équipe pour aller aux élections ; mais, il a imposé Diattara et la mayonnaise n’a pas tenu.



Croyez-vous aux retrouvailles entre Pds-Apr ?
Des retrouvailles entre Macky Sall et Abdoulaye Wade sont possibles. Ils ont même intérêt à composer. Mais, s’attendre à ce que le Pds et l’Apr, en tant que partis, se retrouvent relève de l’utopie. L’Apr n’est pas prête à composer avec qui que ce soit. Elle a même des problèmes pour composer avec ses partenaires de Benno à plus forte raison avec d’autres.


Comment se fera selon vous le choix d’un éventuel successeur de Macky ?
Personne n’a l’envergure d’être candidat s’il n’est pas appuyé par une large coalition. Macky peut proposer à Benno quelqu’un qui sera bien soutenu. Mais, le problème, c’est son parti. Va-t-il accepter ? Même s’il vient de son parti, ils peuvent le combattre.



Mesurez-vous un peu les conséquences que pourraient entraîner les condamnations de Dias et de Sonko ?
Les Sénégalais doivent savoir ce qu’ils veulent. Ils veulent la paix et la stabilité en même temps, ils ne veulent que ceux qui sont en marge de la justice soient jugés et condamnés. Il faudrait qu’on sache est-ce qu’il y a des personnes intouchables, quel que soit ce qu’on leur reproche. Par exemple, les propos que l’imam Lamine Sall a tenus vis-à-vis de l’Eglise devaient l’amener devant la justice pour propos diffamatoires pouvant provoquer des troubles à l’ordre public. Mais, si on l’avait attrait en justice, il y aurait une levée de boucliers avec des troubles à l’ordre public difficilement contrôlables. Voilà où nous en sommes maintenant au Sénégal. Le souci de préservation de l’ordre public fait que les pouvoirs exécutif et judiciaire hésitent et les gens en profitent. Et il faudra que cela s’arrête.


Mais, cela peut-il cesser ?
Je suis convaincu qu’une retrouvaille entre Macky Sall et Wade pourrait provoquer une situation telle que la justice pourra s’appliquer sans trouble social.


Qu’est-ce que le pouvoir devrait faire aux Législatives pour conserver sa majorité à l’Assemblée nationale ?
Tout dépend de Macky Sall. Il doit arrêter l’indiscipline dans son parti pour créer les conditions d’une large victoire aux Législatives. Son parti n’a pas respecté ses directives. Au lieu de les rappeler à l’ordre, il s’est permis de dire qu’il a cautionné des listes parallèles. Cela a ouvert la porte à l’indiscipline totale au sein de l’Apr. On peut avoir la majorité relative pour peu qu’on taise un peu nos querelles internes. Les élections locales ont montré que nous avons gagné avec une majorité relative. Il a intérêt à le faire parce que l’Assemblée nationale est un enjeu fondamental pour la stabilité du pays. C’est pourquoi je voudrais lancer un appel aux démocrates, qu’ils soient du pouvoir, de l’opposition et de la Société civile, qu’ils se parlent pour trouver un consensus national pouvant dépasser les clivages.

 Saleh disait que les élections locales pouvaient être considérées comme le 1er tour des élections de 2024…
Les propos de Mahmout Saleh ont favorisé les votes sanction contre Benno non pas parce que les gens avaient des programmes alternatifs mais, juste pour que Macky renonce à une 3e candidature.


Est-ce qu’il n’est temps que Macky Sall évacue ce débat sur la 3e candidature ?
Qu’il le dise ou non, les textes sont clairs. Il ne peut pas l’être. Si on voit sa démarche jusqu’à maintenant, c’est par souci de préserver son parti. Mais, il a vu que son parti est difficile à préserver. Qu’il soit candidat ou non, les gens font ce qu’ils veulent. Mais aussi ne pas déclarer sa candidature désoriente l’opposition. Elle ne sait pas contre qui elle va se battre. Toutefois, cette stratégie ne peut pas durer longtemps. Parce que ce n’est pas seulement l’opposition qui est désorientée mais l’opinion aussi.

 Vers quel gouvernement devrait-on aller ?
Pour moi, il faut tirer les leçons des Locales. Elles ont montré que pour gouverner maintenant, il faut un large rassemblement. Il faudrait que l’opposition accepte de négocier avec le pouvoir pour mettre en place un gouvernement d’union nationale.


Pensez-vous que cela est possible ?
Cela dépend d’eux parce que, quoi qu’il en soit, pour la stabilité du pays, c’est inéluctable. Parce qu’aux Législatives, il suffit à l’opposition d’avoir 40% du suffrage pour pouvoir bloquer l’Assemblée nationale. Dans ce cas de figure, pour que l’Assemblée nationale ne soit pas bloquée, l’opposition sera obligée de négocier avec Macky pour pouvoir trouver un consensus. Si le pays est bloqué dans ce contexte d’insécurité qui nous entoure et la crise économique qui risque de s’aggraver avec la guerre entre l’Ukraine et la Russie, ce sera un coup dur porté à la stabilité du pays et au sort des populations. Si le pays est bloqué, qui défendra le peuple contre les Djihadistes ? Donc, je ne pense pas que l’opposition aille jusqu’à bloquer le pays. Il faut aller nécessairement vers des négociations parce que le suffrage du peuple doit obliger Macky et l’opposition à négocier. Le peuple veut des consensus et non des affrontements au niveau des institutions.



Cette recherche de consensus fait-elle perdurer la formation du nouveau gouvernement ?
Certainement ! Mais, quoi qu’il en soit, le peuple n’a pas besoin que ses institutions soient bloquées. Il ne faut pas attendre que cela arrive pour vouloir se retrouver.


Pour cette stabilité du pays, faut-il aller vers l’amnistie de Karim et Khalifa Sall ?
Une amnistie se négocie. Si ces gens veulent une amnistie, ils doivent accepter de négocier avec le pouvoir. Mais, malheureusement, on a tellement intoxiqué l’opinion, que négocier avec le pouvoir est perçu comme une trahison. Pourtant, sans cela, le pays sera bloqué. 


Peut-on imaginer un Premier ministre venant de l’opposition ?
On peut tout imaginer. Mais, dans notre  constitution, le Premier ministre ne pourra exécuter que la politique définie par le président de la République. Donc, il faut un consensus. On est arrivé à un stade où, pour préserver la stabilité et travers le pays, un large consensus est nécessaire, que ce soit au niveau municipal comme national. C’est ce que ce que le suffrage du peuple a démontré à travers l’état de l’évolution des rapports de force.


La liaison Sonko-Khalifa Sall est-elle viable ?
Je ne sais pas. Mais, ce qui est sûr et certain, c’est que chacun d’entre eux a intérêt à transcender ses contradictions avec le pouvoir. Quand Khalifa Sall dit qu’il veut être candidat à la présidentielle, il sous-entend d’être amnistié. Quand Sonko dit qu’il veut être candidat, je pense qu’il a intérêt à avoir des garanties pour ne pas être jugé pour pouvoir être candidat. Le principal problème, c’est eux.



D’ailleurs, l'organisation des élections législatives risque d’être chaotique parce que l’opposition va commencer à remettre en cause le processus. Si elle ne sort pas gagnante, elle va contester violemment les résultats. Parce que dans sa tête, les victoires dans les grandes villes vont entraîner le reste du pays à voter pour elle. Si sa théorie ne se réalise pas, elle va ruer dans les brancards et le pays va tomber dans l’incertitude. Mais, s’il y a un gouvernement de consensus, ils vont organiser ensemble les élections législatives sans problème. Il n’y a qu’un gouvernement d’union nationale maintenant qui peut sauver le Sénégal.


Quelle appréciation faites-vous de la « neutralité » de Macky Sall sur la crise en Ukraine au niveau des Nations-Unies ?
Le fait de refuser de s’aligner derrière l’un ou l’autre est une position très sage et très courageuse. Parce qu’il ne s’agit pas ici d’une guerre entre la Russie et l’Ukraine mais d’une guerre entre la Russie et les Etats-Uniens à travers l’Otan.
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