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Fête de l'indépendance : Le vert de l’espoir, un symbole revivifié ! Par (Idrissa M. Diabira)

Jeudi 14 Avril 2016


 
Lundi 4 avril dernier, le Sénégal a célébré la 56ème année de son accession à la souveraineté internationale. Le clou de la fête nationale fut le défilé civil et militaire. Il en restera le symbole marquant. Marquant, car symbole de l’indépendance d’une jeune nation. Marquant, car symbole des volontés sénégalaises d’affirmer son identité et de s’inscrire dans la modernité. Le défilé a ainsi rempli deux fonctions clés du symbole. La première est représentative. Elle signifie l’indépendance et la vitalité du Sénégal par, respectivement la force militaire et la jeunesse. La deuxième est révélatrice. Elle invite à découvrir des réalités non visibles en l’occurrence les volontés d’un Etat et celles de son chef en particulier.
 
Un autre symbole fort, la couleur verte, s’est imposé à nous durant cette journée. Il jouit d’une puissante vertu, car révélatrice d’un enseignement majeur : le sentiment qui nous habite à l’issue de la fête nationale. Ce sentiment a spontanément été exprimé par nos concitoyens présents à la place de l’Obélix ou face à leurs écrans: «nous nous sentons confiants». Un sentiment tout sauf évident à l’aube de ce troisième millénaire et de ses défis - sécuritaires, religieux et climatiques - à relever. Or la couleur verte - militaire, de l’Islam ou de la nature - symbolise parfaitement ces principaux défis. Elle symbolise surtout l’espoir. Au-delà du sentiment fugace de satisfaction lié au grand professionnalisme affiché durant le défilé qu’est-ce qui nous conduit à percevoir que le sentiment d’espoir est lui bien tenace ?
 
Revenons d’abord sur le sens de ce symbole, le vert. A ses premières heures l’Islam, contrairement à une idée répandue, n’était associé à aucune couleur ou parfois au noir ou au blanc. Mais les descriptions paradisiaques du Saint Coran et les renseignements sur la couleur préférée du Prophète (PSL) dans la sunna associeront le vert à l'Islam. Une association qui sera promue par les nombreux étendards des nations indépendantes ayant fait de l’Islam le socle de leur cohésion. Ce vert représente aussi l’espérance et la nature dans les religions du Livre. Il forme avec les couleurs jaune et rouge les couleurs panafricaines des drapeaux d’une dizaine de pays africains au moment de leurs indépendances. Un hommage à l’Ethiopie, la plus ancienne nation indépendante d’Afrique qui préserve son indépendance lors de la bataille d’Adoua en mars 1896 en écrasant les forces italiennes. L’Afrique entière est alors sous domination coloniale européenne. L’empereur Ménélik II adopte l’année suivante le nouvel étendard frappé notamment des trois couleurs symboliques.
 
Comprenons donc bien que le symbole est une construction. Au XVIe siècle, François Rabelais l’a définit comme un « fait naturel ou objet qui évoque, par sa forme ou sa nature, une association d'idées avec quelque chose d'abstrait ou absent ». D’ailleurs même si la troisième fonction du symbole est d’être « universalisante » - c’est-à-dire de tendre à avoir le même sens pour tous et partout - ce serait une erreur de croire que tout symbole est universel. Il aspire à l’être. De même, son sens n’est pas immuable. Les contre-exemples sont légion. Le jaune n'est-il que le symbole universel de l’or ou du soleil ? Non, il fut aussi un péril ou « le péril jaune » une désignation des peuples d'Asie à la fin du XIXe siècle par le monde blanc qui les craignait. Nous-mêmes, le continent noir, sommes bien placés pour témoigner puisque l’Occident non content de nous avoir longtemps nier toute histoire a su faire du noir le symbole du mal, de la bestialité et de la laideur. Un sens si profondément ancré qu’il poursuit ses néfastes effets dans l’esprit et sur le derme de nombreux africains.
 
Le sens du vert n’est donc pas immuablement celui de l’espoir, loin s’en faut. Chaque défi le rappelle. Echouer à les relever, même un seul, conduit à associer au vert son sens le plus sinistre. Le vert kaki de l’armée renvoie alors à la désolation de trop nombreux peuples face à leurs régimes autoritaires. Le vert de l’Islam devient un « péril vert » que d’aucuns comparent à un nouveau fascisme. Le vert de la nature sera celui d’un environnement définitivement perdu. Au Sénégal les régimes successifs, particulièrement celui-ci, ont globalement su cultiver les remèdes à chacun de ses maux : la tradition républicaine et le lien armée-nation pour la dictature militaire; les vertus d’une oumma sénégalaise tolérante, lettrée, soufie et confrérique pour limiter l’espace des radicaux ignorants et Islamisés ; la vision de l’émergence et du développement durable pour les dérèglements climatiques.
 
« Tout ce qui est fait de grand dans le monde est fondé sur l’espoir » disait le Révérend Martin Luther King. Cette journée a éclairé le « cœur vert » de notre espoir, le ressort de cette seconde alternance. Le sentiment n’est donc pas fugace comme un mirage mais une réalité bien palpable revivifiée grâce à l’éclat d’une nation paradant armée, au sens propre et figuré, prête à relever les défis de son temps. Cette fête comme la levée des couleurs sont les moments revivifiants nos symboles afin de se souvenir mais surtout afin de préparer l’avenir. Macky Sall a exhorté le peuple au travail par les mots. Il l’a aussi exhorté par les symboles et leurs fonctions dont celle dite transformatrice. Elle puise dans la force et l’énergie mobilisatrice du symbole pour transformer le réel. Drapé du vert de l’espoir, dressé et sans couture, le peuple, dont les choix illustrent la parfaite lucidité et l’ouverture, est de nouveau appelé à se rassembler pour parfaire les politiques d'émergence et ainsi, comme l’hymne national l’y appelle, à faire sien le grand dessein du Sénégal.
 
 
Idrissa M. Diabira
Coordonnateur du programme présidentiel « Yoonu Yokkute »
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