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Ces présidents africains qui préfèrent se faire soigner à l’étranger (DOSSIER)

Dimanche 7 Juillet 2019

Ils sont très nombreux à se faire soigner à l’étranger. Pendant ce temps, les plateaux médicaux des hôpitaux de ces présidents sont vétustes. Des scanners tombent en panne et des blocs opératoires ferment. Les populations, qui ont élu ces présidents, sont laissées à elles-même.


Les dirigeants algérien et gabonais sont les exemples les plus récents d’une pratique très répandue et ancienne parmi les responsables politiques africains. Une pratique qui atteste non seulement du peu de confiance en leur système de santé national, mais aussi d’un manque de volonté de construire et d’équiper des structures sanitaires pour le bénéfice de tous.

C’est vrai que la teneur du bulletin de santé d’un chef de l’Etat est une information sensible. De nombreux sont ceux qui refusent de la partager avec leurs concitoyens. Ainsi, des manifestants et journalistes ont été arrêtés au Gabon quand ils ont abordé ce sujet après l'accident vasculaire dont a été victime le président Ali Bongo Ondimba en Arabie Saoudite.  

En Algérie, c’est seulement après plusieurs mois de spéculations et sous la pression de la rue que le président Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, rentré quelques heures plus tôt de Suisse, où il était hospitalisé, avouera le 11 mars 2019 que son état de santé ne lui permet pas de briguer un cinquième mandat. Le chef de l'Etat algérien a été également dans le passé traité en France.

Depuis «le soleil des indépendances », la santé de nombreux dirigeants africains n'est jamais restée une affaire domestique. Ils se sont toujours fait soigner à l'extérieur de leur pays. Certains d’entre ont même rendu l’âme dans l'avion qui les évacuait.  C’est le cas de l'ancien président togolais, le général Gnassingbé Eyadéma, « frappé par une crise cardiaque qui lui aurait été fatale lors de 'son évacuation vers l’Europe », d’après un communiqué lu à la radio nationale et qui situe le « décès dans la matinée du samedi 5 février 2005 ».

Blessé par par balle, le désormais ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz est opéré dans son passavant d’être évacué en France en 2012. Le 19 août 2008, son homologue zambien Levy Mwanawasa est mort à l’hôpital Percy de Clamart, en France, où il avait été transféré après avoir fait une attaque cérébrale en Egypte durant le sommet de l’Union africaine.

Arme géopolitique 
Ces présidents sont-ils conscients que confier leur santé à des médecins étrangers et à d’autres Etats peut devenir une redoutable arme géopolitique au service du pays hôte? Dans la plus part des cas, cet hôte est souvent l’ancienne puissance coloniale. 

Dans le film « Le Val-de-Grâce, l'hôpital de la République » diffusé sur France 3 en 2018, les documentaristes Caroline Fontaine et Nicolas Glimois ont démontré comment « Le Monsieur Afrique », Jacques Foccart, de Charles de Gaulle à Jacques Chirac, a installé «  un ami » de confiance pour ne pas dire « un gouverneur » de la France à la tête du Gabon à la fin des années 60. 

Souffrant d’un cancer de la prostate, le premier président gabonais, Léon Mba décide de se fait soigner à Paris. Alors L'Elysée profite de son hospitalisation pour lui conseiller d'amender la Constitution gabonaise qui va désormais prévoir un poste de vice-président. Et ce dernier devient le successeur naturel du président élu. Plus grave encore, Paris s'assure ainsi que si la maladie l'emporte, ce sera toujours un homme proche de la France qui dirigera ce pays, où le groupe français Elf exploite le pétrole. Le choix est porté sur Albert Bongo, qui deviendra Omar Bongo après sa conversion à l’islam.

Après la mort de Léon Mba en novembre 1967, « le successeur naturel » qui est en même le vice-président accède à la magistrature suprême. « La diplomatie médicale théorisée par Foccart permettra à la France du général de Gaulle, puis de tous ses successeurs, de se sentir au Gabon comme chez elle pour les quarante ans à venir », a-t-on résumé dans le documentaire.

Contrairement à Léon Mba, l’animal politique Omar Bongo, lui, refuse de se faire soigner en France. Pourquoi? Dans un article du journal Le Monde publié en 2009, Robert Bourgi affirme que le président gabonais ne souhaitait pas être traité en France, parce qu'il fuyait la presse française. « Je suis malheureux depuis la mort de maman Edith (l'épouse d'Omar Bongo, décédée le 14 mars 2009) », s’est-il dit à Robert Bourgi, si l’on se fie au quotidien français, Le Monde. « Mais ce qui me fait le plus de mal, c'est que je n'ai même plus envie d'aller en France, qui est pourtant mon deuxième pays, à cause de tous vos médias qui me harcèlent avec ces histoires (affaire des biens mal acquis, NDLR) que l'on me fait. »

C'est en Espagne, à Barcelone, qu'Albert-Bernard Bongo sera soigné pour son cancer des intestins en phase terminale. Il finira par y décéder à l'âge de 73 ans en juin 2009. 

Une grosse fortune 
Se faire soigner à l'extérieur de son pays relève aussi d’une question économique. Surtout quand on est considéré comme un pays pauvre et très endetté et où la pauvreté est endémique. Malade en 2017, le président nigérian Muhammadu Buhari s’est rendu deux fois en Grande-Bretagne pour des soins médicaux. L’un de ses séjours avait duré trois mois. Aux frais des contribuables des Nigérians qui s'étaient interrogés sur le coût des soins de leur chef d'Etat pour le contribuable.
Par Erick Salemon Bassène (Exclusif.net)
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