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Avancée des rebelles du M23 : Les silences de Joseph Kabila et Moïse Katumbi, et les accusations de Fayulu contre Tshisekedi

Samedi 1 Février 2025

Plusieurs des adversaires de Félix Tshisekedi ont vivement condamné la prise de Goma par les rebelles du M23, aidés par le Rwanda. Mais tous sont partagés entre affirmer leur soutien aux forces armées congolaises et pointer la responsabilité du régime dans la brusque dégradation de la situation.


Ce soir du 29 janvier, le ton est grave, à la hauteur du sérieux de la situation. Félix Tshisekedi s’adresse à la nation pour la première fois, six jours après le début de l’offensive lancée sur la ville de Goma par les rebelles du M23 et leurs soutiens rwandais. Le président de la RDC appelle ses compatriotes « dans chaque province, chaque ville, chaque territoire et chaque village » à unir leurs efforts face à l’ennemi. « Apportons un soutien indéfectible, moral et matériel à nos vaillants soldats, exhorte-t-il. Mobilisons-nous comme un seul homme pour défendre notre souveraineté et sauvegarder notre intégrité territoriale ! »

Si certains de ses compatriotes ne l’ont pas attendu pour exprimer, à leur manière, leur soutien à l’armée dans une manifestation improvisée qui a dégénéré le 28 janvier à Kinshasa, l’opposant Martin Fayulu avait dit son « soutien total [aux] forces de sécurité et de défense » et appelé le Conseil de sécurité, l’Union africaine et la communauté internationale à sanctionner le Rwanda.


« Tshisekedi sera tenu seul responsable »
Cela n’a pas empêché le président du parti Ecidé de formuler une mise en garde. « [Félix Tshisekedi] sera tenu seul responsable de la déchéance de notre nation et devra démissionner s’il persiste à se dresser en obstacle » à sa proposition d’un dialogue national. Depuis plusieurs mois, Martin Fayulu invite en effet à des discussions pour restaurer la cohésion nationale. Une initiative jusque-là jugée inopportune par Félix Tshisekedi.

Delly Sesanga a adopté une position similaire. L’opposant affirme soutenir l’armée congolaise, mais place le régime actuel devant ses responsabilités. « La présence des forces armées rwandaises sur notre sol, que nous condamnons, ne devrait pas occulter les responsabilités internes, en particulier de ceux qui ont la charge de la conduite de la nation », a-t-il déclaré dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux. Il a aussi condamné « un manque de vision et de prise en charge adéquate » en matière de sécurité et de diplomatie.


Candidat à la dernière présidentielle, le prix Nobel Denis Mukwege a lui réservé sa charge à la communauté internationale, accusée de fermer les yeux sur la tragédie congolaise. « Il est temps d’agir, de cesser les condamnations creuses et d’adopter des sanctions politiques et économiques contre le régime criminel de Kigali », a-t-il écrit sur X.

Pas encore de réaction en revanche du côté de l’ancien président, Joseph Kabila, ni de Moïse Katumbi. Un silence qui nourrit des soupçons chez certains partisans de Félix Tshisekedi. « Le silence des religieux et de certains leaders politiques frise la complicité et nous pousse à nous interroger sur leur loyauté », vocifère le très virulent président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Christian Bosembe. Le 6 août dernier, lors d’une interview accordée à deux médias congolais depuis Bruxelles, Félix Tshisekedi avait déjà accusé son prédécesseur d’être derrière l’Alliance Fleuve Congo (AFC), la plate-forme politico-militaire coordonnée par Corneille Nangaa et dont le M23 est la principale composante.

Des soupçons infondés selon Barbara Nzimbi, conseillère en communication de l’ancien président. Contactée par Jeune Afrique, elle s’étonne que le silence de Joseph Kabila fasse débat. « C’est paradoxal de vouloir connaître l’opinion d’une personne que vous considérez comme votre ennemi et un complice », dit-elle.  « De toute façon, le président Kabila n’est pas le seul à être soupçonné par ce régime. Et à cause de toutes ces fausses accusations, le pays est aujourd’hui la proie de dangereuses divisions, qui déchirent le tissu de l’unité nationale. »

Le silence de Joseph Kabila n’a par ailleurs rien d’inhabituel. Cela fait un an qu’il a quitté le pays, officiellement pour ses recherches scientifiques, et qu’il se tient éloigné de la scène politique. « Ce n’est en aucun cas le signe d’un désintérêt, reprend Barbara Nzimbi. Le président Kabila est tout autant affecté par les maux qui rongent la République et travaille avec ses compatriotes congolais qui aspirent au changement, comme vous l’avez vu à Addis-Abeba dernièrement. » Une allusion à une rencontre, organisée dans la capitale éthiopienne en décembre dernier, entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi. Les deux anciens ennemis tentaient alors de trouver le moyen de faire front commun contre la volonté de Félix Tshisekedi de réformer la Constitution.

« Ce que tu n’as pas défendu avec les armes, ne crois pas le garder avec des larmes »
Enfin, ni Moïse Katumbi ni son parti ne se sont encore exprimés depuis l’offensive des rebelles sur Goma. Selon nos informations, l’ancien gouverneur du Katanga avait pourtant prévu de prendre la parole juste après Félix Tshisekedi.

« On nous demande ‘Pourquoi vous ne dénoncez pas ?’, ‘Pourquoi vous ne pleurez pas ?’. Il est de grandes douleurs qui sont muettes. Parmi ceux qui pleurent à tue-tête dans les deuils, les sorciers sont aussi-là. Ce n’est pas faute d’avoir alerté à plusieurs reprises et dénoncé l’abandon de nos troupes pour des mercenaires grassement payés au service d’un pouvoir ! Un chanteur avait dit : ‘Ce que tu n’as pas défendu avec les armes, ne crois pas le garder avec des larmes’ », a néanmoins réagi sur X Hervé Diakiese, porte-parole d’Ensemble pour la République.

JA
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