Les choses avaient mal commencé. Le pouvoir et ses adversaires avaient fait venir leurs militants tôt ce lundi matin, « comme des supporters dans un stade de foot », avait glissé un membre de l’opposition. Macky Sall avait réuni ses parlementaires au début de la journée pour leur faire part de son choix final. Exit Mimi Touré, Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, ces poids lourds de la majorité un temps pressentis. L’ancienne Première ministre a d’ailleurs quitté l’hémicycle bien avant la fin de la séance. Aux têtes d’affiche, le chef de l’État a préféré un quasi inconnu, un technocrate qui ne lui fera pas d’ombre et dont le nom a rapidement fuité dans la matinée : Amadou Dame Diop.
Maire de Richard Toll, pharmacien de profession, ce membre fondateur de l’Alliance pour la République (APR) est un « fidèle du président », selon un ministre de la majorité qui le connaît bien. Député de 2012 à 2021, il avait quitté l’Assemblée pour prendre la tête de la Sapco, la Société nationale d’aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal. Au perchoir, il succède à Moustapha Niasse.
En rangs dispersés
L’opposition a, quant à elle, échoué à présenter un candidat unique. C’était pourtant sa seule chance de l’emporter puisque, face à elle, Macky Sall était majoritaire avec 83 députés sur 165 : exactement le nombre de voix récoltées par Amadou Dame Diop.
C’était pourtant une première pour le Sénégal : jamais le jeu n’avait paru aussi ouvert pour l’élection à la présidence de l’Assemblée. Et rarement l’hémicycle aura été le théâtre d’une telle cacophonie.
Forte de son succès, galvanisée par le camouflet infligé à Macky Sall à l’issue des législatives du 31 juillet dernier, lesquelles n’avaient donné au chef de l’État qu’une courte majorité, l’inter-coalition formée par Yewwi Askan Wi (YAW) et Wallu Sénégal n’a pas su dépasser ses rivalités internes, ni imposer à Macky Sall « la surprise de sa vie », comme le promettait un leader de YAW peu avant le vote. La cacophonie des déclarations de candidatures intempestives de ces derniers jours avait laissé transparaitre l’incapacité des leaders de l’opposition à se mettre d’accord. En dépit d’interminables discussions, et avec plus de quatre heures de retard sur l’horaire prévu, ils se sont finalement résignés à partir en rangs dispersés ce lundi.
Côte opposition, trois candidats se sont présentés : le député Mamadou Lamine Thiam pour le Parti démocratique sénégalais (PDS) et Wallu Sénégal ; le maire de Dakar, Barthélémy Dias, pour YAW ; et l’ancien journaliste Ahmed Aïdara, qui a maintenu sa candidature en dépit des médiations entreprises ces derniers jours par ses alliés pour le faire reculer.
Discussions enflammées
« Je ne pense pas que le perchoir soit prenable, et ce sera à cause de Wallu », lâchait il y a quelques jours un proche d’Ousmane Sonko. L’opposition espérait-elle encore, avec trois candidats en lice, renverser la tendance ? Ou avait-elle choisi de bloquer la séance ? Dès l’ouverture de la session en début d’après-midi, les députés se sont succédés pour dénoncer des vices de procédures. L’opposition a ensuite requis le désistement des quatre ministres présents dans l’hémicycle, en vertu du non cumul des mandats. En vain.
La séance était présidée par la députée de la majorité Aïda Sow Diawara, doyenne de l’Assemblée en l’absence d’Abdoulaye Wade, qui avait cédé sa place à son suppléant. Très vite, les discussions se sont enflammées. Avant même le début du vote, le ton est monté entre plusieurs députés. Mais ce n’était rien comparé à ce qui allait suivre.
Pendant plus de deux heures, les parlementaires ont pris la parole pour s’exprimer sur le déroulé du vote, leurs voix bien souvent couvertes par celles de leurs collègues. La tension est encore montée d’un cran lorsque le député Cheikh Seck, réclamant « justice pour Adji Sarr », la jeune femme qui affirme qu’Ousmane Sonko l’a agressée, a accusé ses pairs de l’opposition d’être des « violeurs » – Barthélémy Dias lui a arraché le micro.
Intervention de la gendarmerie
Une suspension d’audience était censée apaiser les tensions et permettre de se mettre d’accord sur la façon de procéder, alors que manquaient, selon plusieurs sources et les déclarations des députés, des bulletins pour permettre de passer au vote. Mais il n’en fut rien. Nouvelle cause de discorde : la couleur des bulletins à glisser dans l’urne, que l’opposition souhaitait différente pour chaque candidat afin de faciliter le vote des élus ne sachant pas lire ou écrire.
Les empoignades laissèrent alors la place à de véritables altercations, devant une présidente dépassée et sous l’œil médusé des journalistes, et c’est encerclés par un escadron de la gendarmerie que les députés ont finalement voté. Ceux de la majorité uniquement, les élus de l’opposition ayant préféré boycotter le scrutin. Le député Guy Marius Sagna déchira lui son bulletin, avant de tenter d’empoigner l’urne et d’être expulsé manu militari par les forces de l’ordre. Rien de nouveau pour le militant rompu aux arrestations musclées, sinon le décor et ses nouvelles fonctions républicaines.
« Merci de m’avoir fait confiance en me portant à la tête de cette auguste Assemblée nationale, a finalement lancé Amadou Dame Diop sous les ovations de la coalition présidentielle. Je serai votre président, le président de tous les députés. » « Vous n’êtes pas notre président », lui rétorqua un membre de l’opposition. La première séance de la nouvelle Assemblée constituée devrait avoir lieu début octobre. À en croire l’avant-goût laissé par cette séance inaugurale, les prochains débats seront houleux.
Maire de Richard Toll, pharmacien de profession, ce membre fondateur de l’Alliance pour la République (APR) est un « fidèle du président », selon un ministre de la majorité qui le connaît bien. Député de 2012 à 2021, il avait quitté l’Assemblée pour prendre la tête de la Sapco, la Société nationale d’aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal. Au perchoir, il succède à Moustapha Niasse.
En rangs dispersés
L’opposition a, quant à elle, échoué à présenter un candidat unique. C’était pourtant sa seule chance de l’emporter puisque, face à elle, Macky Sall était majoritaire avec 83 députés sur 165 : exactement le nombre de voix récoltées par Amadou Dame Diop.
C’était pourtant une première pour le Sénégal : jamais le jeu n’avait paru aussi ouvert pour l’élection à la présidence de l’Assemblée. Et rarement l’hémicycle aura été le théâtre d’une telle cacophonie.
Forte de son succès, galvanisée par le camouflet infligé à Macky Sall à l’issue des législatives du 31 juillet dernier, lesquelles n’avaient donné au chef de l’État qu’une courte majorité, l’inter-coalition formée par Yewwi Askan Wi (YAW) et Wallu Sénégal n’a pas su dépasser ses rivalités internes, ni imposer à Macky Sall « la surprise de sa vie », comme le promettait un leader de YAW peu avant le vote. La cacophonie des déclarations de candidatures intempestives de ces derniers jours avait laissé transparaitre l’incapacité des leaders de l’opposition à se mettre d’accord. En dépit d’interminables discussions, et avec plus de quatre heures de retard sur l’horaire prévu, ils se sont finalement résignés à partir en rangs dispersés ce lundi.
Côte opposition, trois candidats se sont présentés : le député Mamadou Lamine Thiam pour le Parti démocratique sénégalais (PDS) et Wallu Sénégal ; le maire de Dakar, Barthélémy Dias, pour YAW ; et l’ancien journaliste Ahmed Aïdara, qui a maintenu sa candidature en dépit des médiations entreprises ces derniers jours par ses alliés pour le faire reculer.
Discussions enflammées
« Je ne pense pas que le perchoir soit prenable, et ce sera à cause de Wallu », lâchait il y a quelques jours un proche d’Ousmane Sonko. L’opposition espérait-elle encore, avec trois candidats en lice, renverser la tendance ? Ou avait-elle choisi de bloquer la séance ? Dès l’ouverture de la session en début d’après-midi, les députés se sont succédés pour dénoncer des vices de procédures. L’opposition a ensuite requis le désistement des quatre ministres présents dans l’hémicycle, en vertu du non cumul des mandats. En vain.
La séance était présidée par la députée de la majorité Aïda Sow Diawara, doyenne de l’Assemblée en l’absence d’Abdoulaye Wade, qui avait cédé sa place à son suppléant. Très vite, les discussions se sont enflammées. Avant même le début du vote, le ton est monté entre plusieurs députés. Mais ce n’était rien comparé à ce qui allait suivre.
Pendant plus de deux heures, les parlementaires ont pris la parole pour s’exprimer sur le déroulé du vote, leurs voix bien souvent couvertes par celles de leurs collègues. La tension est encore montée d’un cran lorsque le député Cheikh Seck, réclamant « justice pour Adji Sarr », la jeune femme qui affirme qu’Ousmane Sonko l’a agressée, a accusé ses pairs de l’opposition d’être des « violeurs » – Barthélémy Dias lui a arraché le micro.
Intervention de la gendarmerie
Une suspension d’audience était censée apaiser les tensions et permettre de se mettre d’accord sur la façon de procéder, alors que manquaient, selon plusieurs sources et les déclarations des députés, des bulletins pour permettre de passer au vote. Mais il n’en fut rien. Nouvelle cause de discorde : la couleur des bulletins à glisser dans l’urne, que l’opposition souhaitait différente pour chaque candidat afin de faciliter le vote des élus ne sachant pas lire ou écrire.
Les empoignades laissèrent alors la place à de véritables altercations, devant une présidente dépassée et sous l’œil médusé des journalistes, et c’est encerclés par un escadron de la gendarmerie que les députés ont finalement voté. Ceux de la majorité uniquement, les élus de l’opposition ayant préféré boycotter le scrutin. Le député Guy Marius Sagna déchira lui son bulletin, avant de tenter d’empoigner l’urne et d’être expulsé manu militari par les forces de l’ordre. Rien de nouveau pour le militant rompu aux arrestations musclées, sinon le décor et ses nouvelles fonctions républicaines.
« Merci de m’avoir fait confiance en me portant à la tête de cette auguste Assemblée nationale, a finalement lancé Amadou Dame Diop sous les ovations de la coalition présidentielle. Je serai votre président, le président de tous les députés. » « Vous n’êtes pas notre président », lui rétorqua un membre de l’opposition. La première séance de la nouvelle Assemblée constituée devrait avoir lieu début octobre. À en croire l’avant-goût laissé par cette séance inaugurale, les prochains débats seront houleux.