« La compagnie aérienne nationale Air Sénégal vous informe du changement de son directeur général. En poste depuis 2019, Monsieur Ibrahima Kane vient d’être remplacé par M. El Hadj Badara Fall, par le conseil d’administration de la compagnie qui s’est réuni ce 12 juillet 2022 ». C’est par ce communiqué lapidaire (cité ici en intégralité) que la compagnie aérienne Air Sénégal a annoncé le limogeage d’Ibrahima Kane.
Il est vrai qu’entre multiplication des retards, annulations de vols et réel défaut de communication, Air Sénégal enregistrait un nombre record de critiques ces derniers temps. Sans surprise, celles-ci se cristallisaient en particulier sur son directeur général.
« Plantage »
Et la critique n’émanait pas que des passagers dont les agendas étaient perturbés. Des personnels de la compagnie ont confié à Jeune Afrique avoir conçu ces dernières années « de sérieux doutes quant à ses capacités à gérer une compagnie aérienne », tandis qu’un interlocuteur en relation d’affaires avec la compagnie fustige l’ »absence de vision » de l’équipe dirigeante et de grossières erreurs de gestion. L’endettement de la jeune compagnie, toujours déficitaire – ce qui n’est pas anormal après cinq années d’existence – était également pointé du doigt.
« Pourtant, sur le papier, c’était le candidat idéal. Ancien de Polytechnique et des Ponts et Chaussées, ancien directeur général du Fonsis, il paraissait capé pour assumer les responsabilités liées à ses fonctions, même s’il était étranger au secteur. Venir de l’extérieur n’est pas forcément un handicap : il suffit de bien s’entourer », poursuit notre source proche de la compagnie qui estime, trois ans après l’arrivée d’Ibrahima Kane, que ce dernier « s’est planté ». « Il n’a pas su exploiter les multiples avantages de la compagnie, très soutenue par son gouvernement [elle a notamment reçu 68 millions d’euros de dotations de l’État pour faire face aux conséquences du Covid en 2020] et qui dispose d’une flotte parmi les plus récentes en Afrique ».
Législatives
Sous la direction d’Ibrahima Kane, Air Sénégal a pourtant décollé vers les États-Unis, étoffé son réseau européen qu’elle comptait développer encore avec, en 2023, l’arrivée de cinq nouveaux A220. Au premier semestre 2022, la compagnie avait transporté quelque 64 232 passagers, ce qui en fait de loin le premier opérateur de l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD), loin devant Air France (22 200 passagers) et la Royal Air Maroc (18 551 passagers).
Malgré la levée de boucliers dont le directeur général fait l’objet, bien peu d’observateurs s’attendaient à ce que la décision soit aussi soudaine, ni à ce qu’elle survienne à deux jours de l’inauguration de l’aéroport de Saint-Louis, où Macky Sall est attendu, et encore moins à trois semaines des élections législatives. Une échéance qui a pourtant pu pousser le président à envoyer un signal fort à la clientèle sénégalaise d’Air Sénégal, alors que deux incidents de manutention impliquant ses appareils, l’un sur le tarmac de Roissy et l’autre à l’AIBD, ont perturbé son programme de vols début juillet.
Un nouveau DG attendu au tournant
El Hadj Badara Fall aura donc fort à faire pour regagner la confiance des passagers, des partenaires de la compagnie et de son personnel. De ce côté-là, le conseiller du ministère des Transports – chargé jusque-là du dossier Air Sénégal – part avec le sérieux handicap que constitue son pedigree de copilote au sein de la compagnie. « Il va se retrouver chef de gens qui jusque-là lui donnaient des ordres et va devoir lutter pour asseoir son autorité », craint notre spécialiste.
Il est vrai qu’entre multiplication des retards, annulations de vols et réel défaut de communication, Air Sénégal enregistrait un nombre record de critiques ces derniers temps. Sans surprise, celles-ci se cristallisaient en particulier sur son directeur général.
« Plantage »
Et la critique n’émanait pas que des passagers dont les agendas étaient perturbés. Des personnels de la compagnie ont confié à Jeune Afrique avoir conçu ces dernières années « de sérieux doutes quant à ses capacités à gérer une compagnie aérienne », tandis qu’un interlocuteur en relation d’affaires avec la compagnie fustige l’ »absence de vision » de l’équipe dirigeante et de grossières erreurs de gestion. L’endettement de la jeune compagnie, toujours déficitaire – ce qui n’est pas anormal après cinq années d’existence – était également pointé du doigt.
« Pourtant, sur le papier, c’était le candidat idéal. Ancien de Polytechnique et des Ponts et Chaussées, ancien directeur général du Fonsis, il paraissait capé pour assumer les responsabilités liées à ses fonctions, même s’il était étranger au secteur. Venir de l’extérieur n’est pas forcément un handicap : il suffit de bien s’entourer », poursuit notre source proche de la compagnie qui estime, trois ans après l’arrivée d’Ibrahima Kane, que ce dernier « s’est planté ». « Il n’a pas su exploiter les multiples avantages de la compagnie, très soutenue par son gouvernement [elle a notamment reçu 68 millions d’euros de dotations de l’État pour faire face aux conséquences du Covid en 2020] et qui dispose d’une flotte parmi les plus récentes en Afrique ».
Législatives
Sous la direction d’Ibrahima Kane, Air Sénégal a pourtant décollé vers les États-Unis, étoffé son réseau européen qu’elle comptait développer encore avec, en 2023, l’arrivée de cinq nouveaux A220. Au premier semestre 2022, la compagnie avait transporté quelque 64 232 passagers, ce qui en fait de loin le premier opérateur de l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD), loin devant Air France (22 200 passagers) et la Royal Air Maroc (18 551 passagers).
Malgré la levée de boucliers dont le directeur général fait l’objet, bien peu d’observateurs s’attendaient à ce que la décision soit aussi soudaine, ni à ce qu’elle survienne à deux jours de l’inauguration de l’aéroport de Saint-Louis, où Macky Sall est attendu, et encore moins à trois semaines des élections législatives. Une échéance qui a pourtant pu pousser le président à envoyer un signal fort à la clientèle sénégalaise d’Air Sénégal, alors que deux incidents de manutention impliquant ses appareils, l’un sur le tarmac de Roissy et l’autre à l’AIBD, ont perturbé son programme de vols début juillet.
Un nouveau DG attendu au tournant
El Hadj Badara Fall aura donc fort à faire pour regagner la confiance des passagers, des partenaires de la compagnie et de son personnel. De ce côté-là, le conseiller du ministère des Transports – chargé jusque-là du dossier Air Sénégal – part avec le sérieux handicap que constitue son pedigree de copilote au sein de la compagnie. « Il va se retrouver chef de gens qui jusque-là lui donnaient des ordres et va devoir lutter pour asseoir son autorité », craint notre spécialiste.
