Certains grands noms de l’industrie pornographique, dont Dorcel, adaptent leur contenu pour séduire un public africain, notamment en RDC, en Côte d’Ivoire et au Cameroun. Cette stratégie d’« africanisation » s’accompagne cependant de nombreuses dérives, mettant en péril les acteurs locaux. À Yaoundé et Douala, cette industrie clandestine prospère dans des conditions précaires : salaires dérisoires, absence de protections sanitaires, et exploitation des acteurs.
Albin, un jeune Camerounais, travaillait sur le marché central de Yaoundé avant d’être recruté par Esther Biiga, une intermédiaire influente dans l’univers du divertissement et propriétaire d’une boîte de nuit à Douala. Séduit par la promesse d’un revenu supplémentaire, il commence comme modèle pour la marque de sous-vêtements Afrique Désir, affiliée à Dorcel. Lorsqu’il perd son emploi, l’opportunité de tourner dans un film pornographique lui est offerte. Pour ses quatre premières scènes, il perçoit 450 000 F CFA (environ 685 euros), une somme qui l’aide à subvenir aux besoins de sa famille.
Bernadette, future « Black Butterfly », suit un parcours similaire. Ex-vendeuse de lingerie et cosmétiques à Douala, elle est repérée par Esther Biiga. D’abord réticente par crainte du jugement social, elle cède finalement aux assurances que les vidéos ne seront diffusées qu’en Europe et sur des plateformes internationales. Un simple casting avec un réalisateur local lui ouvre les portes de l’industrie.
Brenda, devenue « Chacale », vit une trajectoire comparable. Convaincue par Biiga, elle accepte de tourner, malgré des conditions difficiles incluant des obligations non consenties, comme la pratique du sexe anal.
Des conditions de travail éprouvantes et dangereuses
Le quotidien sur les tournages est particulièrement pénible. Les scènes peuvent durer des heures, les acteurs étant soumis à une endurance extrême. Albin, alias « Ze Gladiator », se rappelle devoir maintenir une érection pendant de longues périodes, tandis que Chacale décrit des sessions d’attente interminables avant que son partenaire masculin n’atteigne l’orgasme.
Le plus préoccupant reste l’absence totale de contrôle sanitaire. Ze Gladiator révèle que les réalisateurs ne s’assuraient jamais de l’état de santé des actrices. Les préservatifs se perçaient régulièrement, exposant les acteurs à des infections sexuellement transmissibles comme la gonorrhée, ainsi qu’à un risque accru de contracter le VIH. Albin, qui vivait avec une partenaire, se sentait coupable d’exposer involontairement sa famille à des maladies.
Albin, un jeune Camerounais, travaillait sur le marché central de Yaoundé avant d’être recruté par Esther Biiga, une intermédiaire influente dans l’univers du divertissement et propriétaire d’une boîte de nuit à Douala. Séduit par la promesse d’un revenu supplémentaire, il commence comme modèle pour la marque de sous-vêtements Afrique Désir, affiliée à Dorcel. Lorsqu’il perd son emploi, l’opportunité de tourner dans un film pornographique lui est offerte. Pour ses quatre premières scènes, il perçoit 450 000 F CFA (environ 685 euros), une somme qui l’aide à subvenir aux besoins de sa famille.
Bernadette, future « Black Butterfly », suit un parcours similaire. Ex-vendeuse de lingerie et cosmétiques à Douala, elle est repérée par Esther Biiga. D’abord réticente par crainte du jugement social, elle cède finalement aux assurances que les vidéos ne seront diffusées qu’en Europe et sur des plateformes internationales. Un simple casting avec un réalisateur local lui ouvre les portes de l’industrie.
Brenda, devenue « Chacale », vit une trajectoire comparable. Convaincue par Biiga, elle accepte de tourner, malgré des conditions difficiles incluant des obligations non consenties, comme la pratique du sexe anal.
Des conditions de travail éprouvantes et dangereuses
Le quotidien sur les tournages est particulièrement pénible. Les scènes peuvent durer des heures, les acteurs étant soumis à une endurance extrême. Albin, alias « Ze Gladiator », se rappelle devoir maintenir une érection pendant de longues périodes, tandis que Chacale décrit des sessions d’attente interminables avant que son partenaire masculin n’atteigne l’orgasme.
Le plus préoccupant reste l’absence totale de contrôle sanitaire. Ze Gladiator révèle que les réalisateurs ne s’assuraient jamais de l’état de santé des actrices. Les préservatifs se perçaient régulièrement, exposant les acteurs à des infections sexuellement transmissibles comme la gonorrhée, ainsi qu’à un risque accru de contracter le VIH. Albin, qui vivait avec une partenaire, se sentait coupable d’exposer involontairement sa famille à des maladies.
En France, Dorcel impose des tests médicaux rigoureux pour ses productions. Mais au Cameroun, la situation est tout autre : même lorsque des fonds sont alloués aux contrôles de santé, les réalisateurs détournent cet argent. En raison de l’interdiction de la pornographie dans le pays, les acteurs n’osent pas dénoncer ces abus.
Une exploitation financière flagrante
La rémunération des acteurs est bien inférieure à celle pratiquée en Europe. Chacale devait initialement recevoir 200 000 F CFA (300 euros), mais au terme du tournage, elle ne touche que 50 000 F CFA. Quant à Black Butterfly, elle perçoit parfois à peine 20 000 F CFA (30 euros) pour une journée de travail. Les actrices doivent même acheter elles-mêmes leurs costumes et perruques.
Ces montants sont dérisoires comparés aux tarifs européens, où une scène rapporte entre 300 et 700 euros selon l’expérience et le type de performance exigée. Pourtant, des contrats existent, comme celui signé par Black Butterfly avec la société camerounaise Mister Tcheck pour la chaîne Dorcel TV Africa. Ces documents stipulent que les vidéos peuvent être exploitées sans limite géographique ni temporelle, alors même que les actrices souhaitent que leur image ne soit pas diffusée au Cameroun.
En outre, certains contrats, comme celui signé avec Sun Ciné Art, promettaient des sommes allant jusqu’à 1,2 million de F CFA, que les actrices affirment ne jamais avoir perçues. Piégées, elles ne peuvent pas réclamer leur dû, puisque leur activité est illégale.
Une industrie sous la tutelle de Dorcel
Si Dorcel se défend en affirmant imposer des règles strictes et une charte éthique, les témoignages suggèrent une réalité bien différente. La société exige que les films respectent les législations locales et européennes, et impose un contrôle sur les conditions de tournage. Pourtant, ces engagements semblent inopérants.
Black Butterfly révèle qu’elle est en contact régulier avec L., la directrice des programmes de Dorcel, qui l’encourage à recruter de nouvelles actrices. L. se rend souvent au Cameroun pour superviser l’activité locale. Cette implication soulève des questions sur la responsabilité de la société française dans les abus constatés.
Lorsque Black Butterfly décide de témoigner auprès de Jeune Afrique, elle reçoit un appel menaçant d’un réalisateur camerounais lié à Dorcel. Il lui conseille de quitter le pays, sous peine de représailles judiciaires ou physiques. Cette intimidation illustre le climat de peur qui entoure cette industrie.
Des ONG impuissantes face aux abus
Dorcel prétend collaborer avec des ONG locales comme Elles Cameroun, Baobab Club en RDC et Happy Mum’s en Côte d’Ivoire, afin d’assurer le respect des conditions de travail. Toutefois, ces associations ne parviennent pas à exercer un contrôle efficace. Blanche, une employée d’Elles Cameroun, avait tenté de défendre les droits des acteurs, avant d’être écartée brutalement.
Plusieurs sources au sein de l’ONG accusent Dorcel de sacrifier les intérêts des acteurs africains pour maximiser ses profits. Face à ces allégations, l’entreprise française cherche à prouver sa bonne foi et affirme vouloir renforcer ses contrôles.
L’africanisation du contenu pornographique par des géants comme Dorcel repose sur une exploitation systématique des acteurs locaux. Derrière la promesse d’une rémunération et d’un avenir meilleur, les recrues se retrouvent piégées dans une industrie où elles sont sous-payées, maltraitées et exposées à de graves risques sanitaires. Le silence règne en maître, renforcé par les pressions légales et les menaces.
Loin d’être une simple adaptation de contenu au marché africain, cette stratégie s’apparente à une forme d’exploitation, où les acteurs camerounais paient un lourd tribut pour satisfaire un public international, sans bénéficier des protections accordées à leurs homologues européens.
Une exploitation financière flagrante
La rémunération des acteurs est bien inférieure à celle pratiquée en Europe. Chacale devait initialement recevoir 200 000 F CFA (300 euros), mais au terme du tournage, elle ne touche que 50 000 F CFA. Quant à Black Butterfly, elle perçoit parfois à peine 20 000 F CFA (30 euros) pour une journée de travail. Les actrices doivent même acheter elles-mêmes leurs costumes et perruques.
Ces montants sont dérisoires comparés aux tarifs européens, où une scène rapporte entre 300 et 700 euros selon l’expérience et le type de performance exigée. Pourtant, des contrats existent, comme celui signé par Black Butterfly avec la société camerounaise Mister Tcheck pour la chaîne Dorcel TV Africa. Ces documents stipulent que les vidéos peuvent être exploitées sans limite géographique ni temporelle, alors même que les actrices souhaitent que leur image ne soit pas diffusée au Cameroun.
En outre, certains contrats, comme celui signé avec Sun Ciné Art, promettaient des sommes allant jusqu’à 1,2 million de F CFA, que les actrices affirment ne jamais avoir perçues. Piégées, elles ne peuvent pas réclamer leur dû, puisque leur activité est illégale.
Une industrie sous la tutelle de Dorcel
Si Dorcel se défend en affirmant imposer des règles strictes et une charte éthique, les témoignages suggèrent une réalité bien différente. La société exige que les films respectent les législations locales et européennes, et impose un contrôle sur les conditions de tournage. Pourtant, ces engagements semblent inopérants.
Black Butterfly révèle qu’elle est en contact régulier avec L., la directrice des programmes de Dorcel, qui l’encourage à recruter de nouvelles actrices. L. se rend souvent au Cameroun pour superviser l’activité locale. Cette implication soulève des questions sur la responsabilité de la société française dans les abus constatés.
Lorsque Black Butterfly décide de témoigner auprès de Jeune Afrique, elle reçoit un appel menaçant d’un réalisateur camerounais lié à Dorcel. Il lui conseille de quitter le pays, sous peine de représailles judiciaires ou physiques. Cette intimidation illustre le climat de peur qui entoure cette industrie.
Des ONG impuissantes face aux abus
Dorcel prétend collaborer avec des ONG locales comme Elles Cameroun, Baobab Club en RDC et Happy Mum’s en Côte d’Ivoire, afin d’assurer le respect des conditions de travail. Toutefois, ces associations ne parviennent pas à exercer un contrôle efficace. Blanche, une employée d’Elles Cameroun, avait tenté de défendre les droits des acteurs, avant d’être écartée brutalement.
Plusieurs sources au sein de l’ONG accusent Dorcel de sacrifier les intérêts des acteurs africains pour maximiser ses profits. Face à ces allégations, l’entreprise française cherche à prouver sa bonne foi et affirme vouloir renforcer ses contrôles.
L’africanisation du contenu pornographique par des géants comme Dorcel repose sur une exploitation systématique des acteurs locaux. Derrière la promesse d’une rémunération et d’un avenir meilleur, les recrues se retrouvent piégées dans une industrie où elles sont sous-payées, maltraitées et exposées à de graves risques sanitaires. Le silence règne en maître, renforcé par les pressions légales et les menaces.
Loin d’être une simple adaptation de contenu au marché africain, cette stratégie s’apparente à une forme d’exploitation, où les acteurs camerounais paient un lourd tribut pour satisfaire un public international, sans bénéficier des protections accordées à leurs homologues européens.