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UEMOA, CEMAC : la monnaie régionale sous pression face aux tensions avec la France

Jeudi 20 Février 2025

 La dégradation des relations diplomatiques entre la France et les pays du Sahel pourrait-elle avoir des conséquences sur la monnaie commune aux pays de l’Uemoa et de la Cemac ?  En effet "Jeune Afrique",  le « franc CFA est une monnaie trop forte, surévaluée d’environ 10 % », estime Kako Nubukpo, qui poursuit : « Même si à court terme, l’option d’une dévaluation semble être exclue, nous sommes dans une situation qui, à certains égards, pourrait rappeler celle qui prévalait en 1994. Les critères de convergence ne sont plus respectés depuis 2021 et il y a un dérapage budgétaire dans de nombreux pays de la zone. Par exemple, le déficit budgétaire du Sénégal a pu dépasser 10 % du PIB. »



Situation alarmante
La situation est encore plus critique dans la zone Cemac. Dans la sous-région, la croissance tourne au ralenti, l’inflation se maintient à un niveau élevé, le surendettement menace et les réserves de change baissent petit à petit. Conséquence : le 16 décembre dernier, Paul Biya a réuni ses pairs à Yaoundé à l’occasion d’un sommet extraordinaire pour répondre à ces « signaux d’alerte préoccupants ».

Abebe Aemro Selassie, le directeur Afrique du FMI, ainsi que Thierry Marchand, l’ambassadeur de France au Cameroun, étaient également présents lors du sommet. Un tour de table qui n’est pas sans rappeler celui qui avait eu lieu trente ans plus tôt. « Aucun ajustement monétaire n’est à l’ordre du jour », s’est néanmoins empressé de préciser le communiqué de la présidence camerounaise, alors que plusieurs médias locaux avaient agité le fameux chiffon rouge de la dévaluation. De fait, la réunion des chefs d’État d’Afrique centrale n’a pas débouché sur une telle décision.

Les conditions sont-elles réunies pour que la crainte devienne réalité ? « Pour qu’une monnaie soit solide, il faut l’équivalent d’environ trois mois d’importations en réserve de change », rappelle Modibo Mao Makalou. Au terme de l’année 2024, les réserves de change des pays de la Cemac se sont établies à environ 10,2 milliards d’euros, en baisse de 5 % sur un an. Cela correspond à 4,4 mois d’importations, contre 4,9 mois à fin 2023. Côté Uemoa, la couverture des importations par les réserves de change est passée de 3,4 mois en 2023 à 3,7 mois en 2024.

Dans son dernier rapport sur la politique monétaire, la BCEAO estime que ces réserves devraient même monter à 4,5 mois d’importations d’ici à la fin de l’année. La zone commence à bénéficier de l’augmentation des exportations de pétrole et de gaz, notamment grâce à la mise en production en Côte d’Ivoire, au Niger et au Sénégal.

Autre argument qui semble exclure l’option d’une dévaluation, les cours de la plupart des matières premières sont à leurs plus hauts, à l’image de l’or et du cacao dont la Côte d’Ivoire et le Ghana sont les premiers producteurs mondiaux. Enfin, l’Afrique de l’Ouest affiche des taux de croissance parmi les plus élevés de la planète. « Non seulement une dévaluation est improbable mais surtout elle n’est pas nécessaire, tranche Bruno Cabrillac, directeur général de la Fondation pour les études et la recherche sur le développement international (Ferdi). Les banques centrales prennent les mesures qu’il faut pour éviter ça. De nombreux pays des deux zones ont des accords avec le FMI qui prévoient justement un renforcement des réserves de change. »



Risque d’éclatement de la zone franc
En 2016, les six pays membres de la Cemac, confrontés à une forte baisse des cours du pétrole et des réserves de change qui approchaient dangereusement les deux mois d’importations, étaient pourtant passés tout près d’un « réajustement de la parité monétaire ». « Ils avaient deux options sur la table : la dévaluation ou le programme avec le FMI », se souvient Bruno Cabrillac, qui fut aussi administrateur pour la France à la BEAC.

Conscients des troubles sociaux qui provoqueraient une dévaluation, les chefs d’États ne semblent même pas avoir envisagé la première option. « Le contexte actuel est beaucoup plus tendu qu’en 1994, analyse Kako Nubukpo. Les conséquences politiques d’une dévaluation seraient incomparables. » Alors que les pays du Sahel et le Sénégal de Bassirou Diomaye Faye ne cachent pas leur volonté de se départir de ce symbole de la colonisation à plus ou moins long terme, une dévaluation pourrait précipiter l’éclatement de la zone monétaire.
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