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SYNDROME DU 3E MANDAT : Macky Sall minimise les risques et balise son chemin

Dimanche 22 Novembre 2020

 Le syndrome du troisième mandat est en train d’être neutralisé dans la sous-région ouest-africaine par les chefs d’Etat en place, avec l’aval de la communauté internationale qui s’est mise à la traine de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dont elle copie systématiquement la posture conciliante. Aussi, en ce qui concerne le Sénégal, le Président Macky Sall s’est mis à baliser le terrain afin de minimiser les risques qu’il ne manquerait pas de courir au moment de passer le Rubicon.


Pour résoudre un problème, il faut d’abord en maitriser les données. Et dans celui du 3e mandat au Sénégal concernant l’actuel locataire du palais de l’avenue Léopold Senghor, il s’agit d’apprécier une situation intérieure dans un environnement international, particulièrement sous-régional.


Jurisprudence Wade et feu vert probable du Conseil constitutionnel Aussi, si le Président Macky Sall a toujours dit qu’il ne ferait pas plus de deux mandats, puisque c’est lui-même qui a verrouillé «sa constitution», ladite constitution, approuvée par référendum en 2016, ne comporte malheureusement pas de clause transitoire qui inclue le mandat en cours dans le décompte. Et c’est à ce niveau qu’entre en jeu la jurisprudence Me Abdoulaye Wade. On se rappelle que ce dernier avait voulu briguer un 3e mandat, malgré le rejet par les forces vives de cette option. Mais c’est le Conseil constitutionnel qui lui avait donné finalement le feu vert. Dès lors, lorsqu’il lui plaira de se présenter à un nouveau mandat en 2024, le Président Macky Sall pourra se prévaloir de cette jurisprudence Abdoulaye Wade et nul doute que le Conseil constitutionnel jugera valable sa candidature.


Cet aspect du problème et des risques semble donc le moins ardu. Il suffira simplement de faire dans un «wax waxeet» justifié par une décision du Conseil constitutionnel, à tout point semblable à celle qui avait rejeté la réduction du mandat en cours de 7 ans à 5 ans, après adoption de la constitution référendaire de 2016. Mais tout n’est pas que juridisme, il s’agit en fait d’une élection où le suffrage universel doit être exprimé. Et c’est ce dont le Président Wade n’avait pas bien tenu compte. Il a échoué dans son projet de réélection à un troisième mandat parce que totalement isolé dans la galaxie politique du pays. Il avait perdu durant les 12 ans de son magistère aussi bien des alliés de poids comme Moustapha Niasse, Amath Dansokho, Cheikh Bamba Dièye, entre autres, mais des poids lourds de son propre camp l’ont lâché, à l’image de Macky Sall ou Idrissa Seck ; sans négliger l’appareil du Parti socialiste que Ousmane Tanor avait maintenu à flot tant bien que mal. Finalement, Me Abdoulaye Wade s’était retrouvé seul contre tous, dans un projet que la majorité de ses concitoyens n’approuvaient pas. Rallier à sa cause le maximum et réduire l’opposition à sa plus simple expression C’est ce risque d’isolement, le moment venu, dont le Président Macky est aujourd’hui en train d’anticiper la neutralisation. C’est à ce dessein qu’il a procédé au récent chamboulement de sa majorité, élaguant des branches dont la croissance lui semblait gênante à terme et greffant d’autres espèces aptes à donner plus de vigueur au groupe. Et même si le résultat est difficilement appréciable à court terme, l’opération a fait grand bruit dans le landernau politique. En effet, sous le label de faire d’une pierre deux coups, le Président Sall a remanié son gouvernement et débarqué la présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Aminata Touré. Les deux opérations lui ont permis de se débarrasser de caciques de son parti dont la posture réelle ou supposée indiquait une envie d’être khalife à la place du khalife. C’est ainsi qu’au gouvernement, Amadou Ba, Mouhamadou Makhtar Cissé ou Me Oumar Youm ont été virés et, dans la foulée, des membres du cabinet du chef de l’Etat, considérés comme fidèles parmi les fidèles, tels Mahammed Boun Abdallah Dionne et Maxime Jean Simon Ndiaye ont été remerciés.


Au titre d’un élargissement de la majorité présidentielle, Macky Sall pose les prémices d’une nouvelle coalition en intégrant deux éléments importants de son opposition. A Idrissa Seck, leader du parti Rewmi, inamovible patron de Thiès et chef de l’opposition aux yeux de la majorité, échoit le fauteuil de président du Cese, alors que Oumar Sarr, ex-numéro 2 du Pds et homme fort de Dagana, devient ministre des Mines. Il faut aussi compter Me Aïssata Tall Sall, toute puissante mairesse de Podor, qui passe de Envoyée spéciale à ministre des Affaires étrangères. Le maire de Ziguinchor, patron de l’Ucs, est aussi un pion important dans ce nouveau dispositif du Président Sall. Abdoulaye Baldé, même s’il n’est pas encore au gouvernement, a un rôle d’endiguement à jouer face à la montée en puissance de Ousmane Sonko du Pastef. La manœuvre est donc assez claire. Pour le Président Sall, il s’agit de mettre en place une coalition qui, au-delà ses anciens alliés de Benno Bokk Yakaar, intègre Idy et toute la galaxie des ex de Wade : Omar Sarr et Cie, Abdoulaye Baldé, Samuel Sarr, Serigne Mbacké Ndiaye, Farba Senghor ou Pape Samba Mboup, en attendant de voir venir plus. Suivre les pas de Condé et Ado au plan sous-régional Au plan sous-régional, en dépit des protestations et des morts, les candidatures à un 3e mandat du Guinéen Condé comme de l’Ivoirien Ouattara sont passées avec l'aval implicite de la Cedeao.


Mieux, les deux mammouths politiques ont même «emporté» leurs élections et rien ne laisse entrevoir une possible remise en cause de leur mandat. Ce qui peut avoir chez Macky Sall l’effet d’un encouragement à suivre leur exemple, au risque bien sûr de compter les morts parmi les Sénégalais qui s’opposeront à son projet. En tout cas, tout cela laisse penser que la situation de Macky est foncièrement différente de celle de Wade à l’époque. Et même si 2024 est encore loin, il serait très hasardeux de miser sur une éventuelle défaite de Macky juste parce que le 3e mandat est impopulaire. C’est à l’opposition, encore quelque peu groggy par la manœuvre scellée entre Macky et Idy, de reprendre rapidement ses esprits et d’aviser. Les vœux d’union exprimés ici et là doivent être concrétisés dès maintenant et éprouvés à l’aune des élection locales qui se profilent à l’horizon sans qu’on en sache exactement la date. Mansour KANE
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