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Rapport de la CNDH sur les manifestations d'Octobre 2022 au Tchad : l’Observatoire Africain des droits Humains, des Libertés et de l’Équité décèle plusieurs failles

Mercredi 1 Mars 2023

Ce document est une note d’analyse faite sur le rapport publié par la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) du Tchad sur les événements du 20 Octobre 2022. La lecture du rapport de 84 pages, nous a permis d’avoir une appréciation objective du travail effectué par les enquêteurs de la Commission. Plusieurs quartiers, plusieurs structures de santé, des commissariats etc... ont été visités par les enquêteurs. Des individus, des victimes, des parents des victimes ont été interrogés. Des efforts ont été faits par les auteurs du rapport. Toutefois, des manquements énormes ont été relevés tant dans la démarche que dans les conclusions.



Et pourtant, ces failles pourraient être évitées si les auteurs du rapport étaient réellement animés par une volonté de faire un travail équitable. Mais en parcourant le rapport, le lecteur sent une difficulté des enquêteurs de se détacher d’une ligne directrice prédéfinie en tant qu’organisation supposée indépendante. Des morts sans certificat de décès, des blessés sans certificat médical, des personnes enterrées sans autorisation d’inhumation, délivrée par l’autorité assermentée. Voilà le lot de failles constaté dans le rapport de la CNDH avec une sélection orientée des témoins interrogés. A été constatée dans ce rapport, une volonté manifeste de charger les tenants du pouvoir tout en caressant les organisateurs de la manifestation dans le sens des poils. Dans ce qui suit, nous démontrons la légèreté avec laquelle ce rapport a été fait et le manque de rigueur intellectuelle et professionnelle de la CNDH.



LE CONTEXTE POLITIQUE
Après 18 mois à la tête du pays suite à la mort tragique du Maréchal du Tchad, Idriss DEBY ITNO en avril 2021, des leaders de l’opposition avaient lancé un appel à la manifestation pour s’opposer à la prolongation de la transition et au maintien du Général Mahamat IDRISS DEBY ITNO à la tête du pays pour 24 mois. Malgré l’interdiction de la manifestation, les opposants ont choisi de descendre dans les rues pour affronter les forces de l’ordre ce 20 Octobre 2022.
Et pourtant, durant le pré dialogue à Doha et le dialogue à Ndjamena, le président de Transition Mahamat Idriss Deby Itno a fait montre d’un grand esprit d’ouverture en tendant la main à tous les Tchadiens. D’ailleurs, le principal instigateur des événements du 20 Octobre 2022, Monsieur Succés Masra a été reçu 08 fois au Palais par le président de la République. Le refus de ce dernier de le nommer Premier Ministre du Tchad l’a poussé à se radicaliser.
Le 20 Octobre 2022, avec ses alliés de l’opposition, ils appellent à une manifestation nationale. Des morts et des blessés ont eu lieu tant du côté des manifestants que des forces de l’ordre. Ainsi, la CNDH vient de publier un rapport sur ces événements malheureux dont les faits relatés ont été volontairement falsifiés.


LES LIMITES DU RAPPORT DE LA CNDH PUBLIE

L ́affaire du rapport de la CNDH a montré toute une série de dysfonctionnements au sein du gouvernement. Tout d ́abord, sur la nécessité même que la CNDH mène une enquête; quand un procès a déjà été tenu : des jeunes ont été libérés, des mineurs ont été confiés à leurs parents et d’autres ont été condamnés. Ensuite, dans le déroulement de l’enquête, rappelons l’exigence du respect des principes qui guident la conduite d ́une enquête afin qu’elle soit considérée comme indépendante, objective et impartiale et, enfin, dans les péripéties de sa publication. Le gouvernement dirigé par M.Saleh Kebzabo a montré de curieuse insuffisances, un laissez-faire étonnant un peu comme s ́il ne se sentait pas concerné. Idem, centre névralgique, le SGP voit passer tous les dossiers importants, là aussi les choses ne se sont pas déroulées normalement. M Mahamat Nour Ibedou a rendu public et diffusé le rapport d’enquête sur les événements du 20 Octobre 2022.


A peine diffusé, que 8 commissaires membres de la Commission Nationale des Droits de l’homme dénoncent la démarche solitaire du Président Ibedou. Il est vrai qu’il était bien seul à son rendez-vous avec la représentante de l’Union Européenne pour le Sahel. Tout comme, il était encore seul devant les caméras pour en parler avec la presse. Dans un rapport de 84 pages, la commission a exposé ses méthodes de travail, les personnes interrogées, les autorités, les visites dans les hôpitaux etc...


Elle s’est déplacée dans les régions concernées par les manifestations. A l’étude du document, on peut regretter qu’à travers la rédaction du dit rapport, des mots qui démontrent un parti pris pullulent dans le texte. Quand on reprend les termes comme « déportés » utilisés de manière abusive car personne n’a été déporté hors du Tchad. Ce sont des mots utilisés par les opposants qui ont été repris à son compte par la CNDH. Quand on ne publie pas les photos des manifestants coupe-coupe et couteaux à la main. Quand on ne consacre que deux lignes sur 84 pages à la mort de policiers tués par les manifestants. Cela pose problème et participent à faire perdre de la crédibilité au dit rapport. Il est regrettable que les enquêteurs aient ignoré le fait que la violence s’est inscrit dans un processus, dans une situation de tensions en amont.

Que cette violence a découlé d’un schéma tactique choisit par les manifestants. Il était aussi fondamentale de bien souligner les conséquences d’une volonté manifeste de passer outre à une interdiction de manifester. Car c’est la cause majeure de la violence. Il était aussi important de poser que cette manifestation du 20 octobre était très particulière dans ses préparatifs, son organisation comme se positionner à minuit, deux heures du matin pour ériger des barricades et de porter des armes et de consommer de l’alcool à haute dose. La Commission a volontairement amoindrit la responsabilité première des partis, de leurs responsables qui ont choisi de mettre en danger leurs jeunes militants en violation de la loi et de l’interdiction de manifester.


La CNDH aurait pu souligner l’absence de la manifestation des principaux responsables des partis engagés dans la violation de l’interdiction de manifester. Si les observateurs sont habitués à voir des ONG ne se préoccuper que des victimes cela s’explique par leur énorme budget et les fonds qu’elles reçoivent, leur impose cette prise de position. La CNDH a passé sous silence le discours du Parti des transformateurs évoquant la prise d’armes, appelant à la division du Tchad par les armes.


Ce discours est un acte préparatoire à la violence. Il n’y a pas une seule ligne sur la volonté de mettre en place un climat survolté sur le terrain politique. En outre, la CNDH n’a pas voulu évoquer aussi les efforts du Président de la transition qui a reçu 8 fois M Succès Masra (ce que ce dernier a clairement reconnu lors de son interview à France 24 après les événements), autrement dit, il était important de situer les responsabilités des acteurs politiques dans la commission des actes. Des actes préparatoires d’une insurrection contre les forces de sécurité.


La consommation de drogues et de comprimés, d’alcool était aussi regrettable, prouvant ainsi la manipulation des jeunes par leurs responsables qui ont eu à acheter massivement des cartons d’alcool pour mettre dans un état second des jeunes désœuvrés. Ces pratiques devaient être clairement dénoncés et les responsables doigtés. Il était crucial qu’une analyse sur les FDS se fassent selon leur engagement et les limites de leurs actions en réponse à un ordre public troublé ou une mise en danger des citoyens par la mise à feu des édifices. A partir de quels signes ou attitudes constatées sur le terrain, on passe du maintien de l’ordre public à une insurrection ? Quand de milliers de personnes qui ont tenu des réunions, qui avaient un plan pour perpétrer des actions violentes : attaques des bureaux de partis politiques allies au pouvoir, attaques de commissariats, tirs de projectiles et attaques avec des armes de toutes sortes ; il est évident que nous ne sommes plus dans du maintien de l’ordre.
Cette particularité connue de tous les responsables des partis donneurs d’ordre pour violer l’interdiction, devrait être considérés par les enquêteurs comme une circonstance aggravant leur responsabilité dans la mise en danger de leurs militants et des autres citoyens. De plus, que signifie faire une enquête indépendante, objective, impartiale? Force a été de constater qu’il n’y a pas eu une véritable enquête qui suppose de mener des investigations pour vérifier les dires des personnes à quelque niveau que ce soit ; manifestants, responsables militaires et étatiques.


Malheureusement, ce ne fut pas le cas car, on s’est contenté de collecter et d’empiler des déclarations qui n’ont pas été vérifiées. Enfin, quand l’enquête qui est menée parle de morts d’hommes ou de femmes. Il est indispensable de donner la liste de leurs noms et prénoms ainsi que leur filiation complète. C’est cela faire une enquête ! Et c’est ainsi que l’on peut vérifier si les personnes considérées comme mortes existent bel et bien. Pour faire passer des rapports d’ONG, le système occidental qui utilise les ONG comme des instruments pour dérouler sa politique, leur assure un important financement pour obtenir une orientation des rapports qui corresponde à ses objectifs. Le système les porte en les aidant par des autorités impliquées à leurs côtés pour donner une visibilité médiatique. On a vu le montage grossier des ONG internationales et de leurs sous-traitants locaux, à la solde de leurs bailleurs de fonds dès que cela concerne l’Afrique.

LES INCOHERENCES D’UN REQUISITOIRE VIDE

Photo : Succés MASRA, leader des «Transformateurs », appelant les populations à l’insurrection


«Ces manifestations ont été violemment réprimées par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), occasionnant ainsi de graves violations des droits de l’Homme et des libertés fondamentales » lit-on dans la synthèse du rapport. Peut-on parler de «violation des droits de l’homme et des libertés fondamentales », lorsque des manifestants décident volontairement de défier l’autorité étatique du le Ministre de la Sécurité Publique et de l’Immigration qui a interdit par Arrêté la tenue de cette manifestation en toute connaissance de cause. N’est-ce pas là une violation des principes de l’Etat de droit volontairement dissimulée par les auteurs du rapport de la CNDH ?


Le rapport a parlé de «destructions de biens publics et privés» sans pourtant insister sur l’identité des personnes qui ont été ciblées dans ces saccages. Il s’agit bien des biens des personnalités publiques de la mouvance présidentielle et de ses alliés qui ont été victimes de ces agressions des jeunes de l’opposition. Pour les punir de cette collaboration ; encore une vérité dissimulée par les auteurs du rapport.


« La CNDH n’a pas pu obtenir les informations relatives aux personnes disparues ailleurs qu’à ’Ndjamena » dit le rapport à la page 08. Alors logiquement, on ne fait pas cas de choses non prouvées afin d’éviter d’avancer des accusations péremptoirement ?
LA CNDH CONFIRME LE PLAN DE GUERILLA URBAINE MISE EN PLACE PAR L’OPPOSITION
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A la page 9, le rapport dit : «Des manifestants ont également saccagé et brûlé le Commissariat de police du 9ème Arrondissement de N’Djaména, causant ainsi des destructions d’engins publics et privés. La mission d’enquête et d’investigation a enregistré également la mise à sac par les manifestants des sièges des partis de l’Union Nationale pour le Développement et le Renouveau (UNDR), du Rassemblement National des Démocrates Tchadiens (RNDT-Le Réveil), ainsi que celui du parti « Les Transformateurs » par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Plusieurs domiciles et commerces privés ont également été visés. Les organisateurs de ces manifestations, ainsi que leurs militants ayant prévu des lieux de repli en prévision d’éventuelles interpellations ont pu en grande partie échapper aux arrestations ; ce qui amène la CNDH à penser que la majorité des jeunes arrêtés le 20 Octobre et surtout les jours suivants chez eux étaient innocents.». A en croire le Délégué du quartier Ngoumna «les instigateurs et autres organisateurs des manifestations et leurs militants avaient préparé et prévu des lieux de repli pour échapper éventuellement aux arrestations». Il confirme alors le plan de guérilla urbaine mis en place par les instigateurs de ce soulèvement. Le doute n’est plus permis sur ce fameux plan insurrectionnel murement réfléchi et appliqué par les opposants en instrumentalisant les jeunes .


Le Délégué du quartier Ngoumna a déclaré selon le rapport : «Au petit matin du 20 Octobre 2022 à 5 heures du matin, des coups de sifflets ont retenti. L’axe du Commissariat du 9e Arrondissement et le pont de Chagoua étaient occupés par des milliers de jeunes manifestants qui avaient dans un premier temps réussi à repousser les forces de l’ordre». Donc avant la prière du matin, les jeunes étaient pour affronter les forces de l’ordre. Cela confirme qu’il s’agit bien d’un plan prémédité. «Des manifestants ont également saccagé et brûlé le Commissariat de police du 9ème Arrondissement de N’Djaména, causant ainsi des destructions d’engins publics et privés » a souligné le rapport. Toutefois, Mahamat Nour Ibedou et son équipe ont volontairement omis l’information selon laquelle, les jeunes qui ont attaqué les commissariats voulaient s’enquérir des armes pour marcher sur le palais présidentiel. Le Chef d’Etat-Major Général des Armées (CEMGA) a également confirmé des vols d’armes à feu dans un commissariat de police.


D’ailleurs, des renseignements recoupés ont confirmé l’entrée à quelques jours de la manifestation, sur le territoire national de jeunes venus de pays voisins, logés dans des villas à Ndjamena pour soutenir l’insurrection. Un dispositif a été mis en place le 19 Octobre 2022 dans les grands quartiers de Ndjamena. Ces jeunes ont passé la nuit dans des maisons dans des quartiers populaires de la capitale. «La majorité des structures de santé ouvertes et situées aux abords des foyers des manifestations ont accueilli des patients qui, pour la plupart, présentaient des blessures par balles. D’autres patients présentaient quant à elles des blessures causées par des objets divers, sur lesquels ils auraient buté lors de leur fuite pour échapper aux forces de l’ordre. Une troisième catégorie de patients, une minorité, a dû être prise en charge médicale en raison de l’inhalation de gaz lacrymogènes tirés en grand nombre ce jour-là » a indiqué le rapport. Par respect aux Tchadiens, les enquêteurs de la CNDH devraient produire des certificats médicaux pour établir le profil des blessés et les types de blessures en lieu et place de cette littérature qui remet en cause la pertinence des travaux.

«Selon plusieurs sources, la manifestation du 20 octobre 2022 n’était pas pacifique. Les manifestants seraient sortis avec des lance-pierres à bille et des couteaux en bravant l’interdiction faite par le Ministère de la Sécurité Publique. Le constat visuel des dégâts faits au Commissariat de Sécurité Publique n° 9 (CSP 9) montre le caractère violent des manifestations » lit-on sur le rapport à la page 18. Mais curieusement, les auteurs du document semblent donner plus de valeur à la mort des manifestants qu’à celle des policiers. La mise à sac des commissariats de police, la mort des policiers viennent renforcer la thèse de la préméditation des actes criminels perpétrés par les mercenaires de l’opposition.


«Un sous-officier des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), qui a participé à la répression du 20 octobre 2022, a parlé de ce qui s’est passé ce jour-là, au 7e Arrondissement, en ces termes : « Notre chef hiérarchique nous a ordonné d’effectuer des tirs de sommation et de n’utiliser que des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants. Cependant, aux environs de 11heures, deux (2) véhicules de marque Toyota avec à leurs bords des militaires aux bérets rouges, ont fait irruption dans l’enceinte de notre poste. Ils nous ont intimé un contre-ordre de tirer à balles réelles sur les manifestants» a poursuivi le rapport. Ce premier témoignage anonyme d’un militaire manque de cohérence car, dans l’armée, les ordres donnés obéissent à une logique hiérarchique. En plus, l’armée dispose de moyen de communication technologique (radio) utilisé pour transmettre des ordres aux forces de l’ordre en opération.


La remarque importante faite sur le rapport c’est que la plupart des victimes citées par la CNDH n’ont pas de nom. Sommes-nous en face d’une liste fictive de victimes avec des récits imaginaires qui laissent croire à une mise en scène documentée.


Le rapport note : «Selon la commission d’enquête et d’investigation mise sur pied par la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), le bilan macabre de la société civile tchadienne, qu’a repris le Comité des Nations Unies Contre la Torture, se présente comme suit : entre cinquante (50) et cent cinquante (150) personnes auraient été tuées, entre cent cinquante (150) et cent quatre-vingt- quatre (184 personnes) seraient portées disparues, environ mil trois cent soixante-neuf (1369) personnes auraient fait l’objet d’une arrestation et entre six cents (600) et mil cent (1100) personnes auraient été déportées à la prison de haute sécurités de Koro-Toro ».


La CNDH a glissé dans le sensationnel ce qui a corrompu le sérieux dans les investigations bâclées. Les actes de décès délivrés aux parents des victimes, les certificats médicaux faits pour les blessés et un appel à témoin suffiraient pour avoir des chiffres exacts et avec des preuves irréfutables fournies par les proches des personnes disparues, blessées ou déportées. Il s’agit là d’actes criminels qu’un simple laïus ne peut guère prouver. Tous les actes doivent être étayés par des preuves documentés ou par des témoignages d’individus prêts à témoigner devant une juridiction et non sous le sceau de l’anonymat. Les chiffres pompeux avancés par la CNDH et l’utilisation du conditionnel dans la rédaction de cette partie du rapport prouvent la légèreté des informations.

Plusieurs faits confirment que les manifestants et les mercenaires étaient préparés pour perpétrer une insurrection dont le but était de renforcer le régime. Monsieur Célestin Topona Mocnga Winga, Premier vice-président et porte-parole de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Renouveau (UNDR) a déclaré que : «les manifestants étaient drogués, armés et préparés à une insurrection


populaire pour prendre le pouvoir». Pour une manifestation pacifique, avaient-ils besoin de tout cela ? La préméditation de ces actes criminels commis par les manifestations est corroborée par l’usage de drogue et d’armes. Et les Forces de l’ordre étaient dans une position de légitime défense face à des jeunes désœuvrés, drogués et armés.


Selon le rapport, Monsieur Célestin Topona «s’est ensuite demandé pourquoi les leaders des partis et associations de la société civile qui ont appelé à la manifestation sont hors du pays et que certains paisibles citoyens sont envoyés en prison». La réponse est simple. Les commanditaires de cette insurrection avaient planifié un bain de sang dans la capitale. Après avoir déployé tous les moyens, ils ont organisé leur absence dans l’unique but de se dédouaner à cas de débordement. Ils ont envoyé les jeunes au front pour espérer bénéficier des retombées d’une éventuelle victoire politique sur le pouvoir. Et pour plus d’équité, les enquêteurs devraient entendre les leaders de l’opposition qui ont appelé à la manifestation malgré l’interdiction.


Le rapport note : «D’après le gardien du siège, Monsieur Faba Fidèle, témoin de la scène, des manifestants sont arrivés vers 09 heures du matin devant le siège. Il indique avoir fermé le portail, mais qu’ils ont percé le mur pour entrer et casser le portail principal de l’intérieur. Une fois le portail ouvert, ils sont entrés et ont commencé à le bastonner et il s’en est sorti avec une blessure à la tête. Ils ont ensuite emporté tous les meubles du bureau et brûlé ce qui ne les arrangeait pas, comme les documents et les cartes d’adhésion. ». Est-ce cela une manifestation pacifique ? A 05h du matin les manifestants avaient pris service. Et, c’est à 09h qu’ils ont saccagé le siège de ce parti. Fallait-il les laisser installer le chao dans la ville ? Peut-on à ce stade reprocher aux forces de l’ordre d’intervenir pour rétablir l’ordre dans la capitale ?
Le leader du Rassemblement National des Démocrates Tchadiens (RNDT - Le Réveil) n-a-t-il pas raison de recommander «que les leaders qui ont appelé les gens à manifester soient arrêtés et rendus à la justice pour que la loi soit dite» ? Car, on ne peut pas poursuivre les exécutants et laisser les commanditaires et financier de cette insurrection ratée, en liberté.
Monsieur Mahamat Annadif Youssouf, Président du parti "Alnassour" a bien raison de dire que : «la marche était interdite mais que les manifestants avaient bravé l’interdiction, parce qu’ils avaient été manipulés, selon lui, par certains hommes politiques». Tous les débordements ont provoqué par le refus des organisateurs de respecter l’interdiction. La CNDH a perdu du temps sur les conséquences sans pour autant insister sur les causes de cet événement malheureux. Il suffisait pour les organisateurs de respecter la décision du préfet pour éviter des débordements. Nul ne peut accepter que la loi soit bafouée par une bande d’acteurs qui rêvent de prendre le pouvoir par les armes ou de la scission du Tchad en deux comme au Soudan.


Le rapport dit : « La responsabilité du bilan des manifestations du 20 octobre 2022 incombe au Gouvernement et aux organisateurs de la manifestation. Il est vrai que les manifestations n’étaient pas pacifiques en raison de certains actes de vandalisme de biens publics et privés et de quelques atteintes à l’intégrité physique de certains citoyens par les manifestant en possession d’armes blanches, mais cela ne justifie, en aucune façon, la répression sanglante, avec ce bilan sans précédent au Tchad. Les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) ont fait un usage disproportionné de la force en utilisant notamment des armes létales et ont violé les règles de procédure en matière d’arrestation et de détention des personnes ». Cette conclusion faite à la page 68 impute la responsable à l’ensemble des acteurs. Mais, au lieu de couper la poire en deux, la CNDH devrait avoir le courage de pointer du doigt les organisateurs de la manifestation qui ont instrumentalisé les jeunes tout en prenant le soin de mettre leurs proches, leurs enfants, leurs épouses loin du théâtre d’opération. C’est un comportement inacceptable que la CNDH devrait dénoncer dans un langage franc et honnête.

TOUT CA POUR CA !


D’abord, le rapport de la CNDH vient encore une fois de confirmer l’existence d’un plan insurrectionnel mis en place pour installer le chaos dans le pays. Les témoignages à charge contre le gouvernement, recueillis auprès de certains leaders de la Société civile et d’organisation de défense des droits humains entrent dans une logique de gestion d’une affaire qui pourrait les aider à bénéficier du soutien de leurs partenaires extérieurs. D’ailleurs, dans le dernier point des recommandations adressées aux partenaires, la CNDH a écrit: «renforcer les capacités opérationnelles et institutionnelles de la CNDH pour lui permettre d’accomplir sa mission ». Sans crise, ces ONG rentières peinent à avoir des revenus. Donc, il est aisé de comprendre leur position qui consiste à charger le gouvernement qu’ils accusent d’être responsable des événements du 20 Octobre 2022.


Ensuite, le Gouvernement de M. Saleh Kebzabo devrait encadrer les enquêteurs de la CNDH en participant à la définition des TDR en avance. Cela permettrait de mettre en place une commission mixte dirigée par la CNDH avec un représentant du Gouvernement comme membre, représentant de la Presse, des Religieux, de la Société civile, des Partis politiques, de l’Administration etc... Toutes les étapes de l’enquête devraient être supervisées par les membres de la commission afin de donner plus de crédibilité au rapport final. Mais la démarche de la CNDH a été biaisée dès le départ.


En outre, les auteurs du rapport de la CNDH ont évité tout le temps du texte d’évoquer la responsabilité directe du leader des Transformateurs Succés Masra dont la majeure partie des jeunes arrêtés se disent membres de son parti. Il a lancé un appel à l’insurrection avec des menaces ouvertes. Les informations collectées et publiées par les enquêteurs de la CNDH étayent l’existence d’un plan prémédité par Les Transformateurs et leurs alliés.


Par ailleurs, des manquements notoires ont été relevés dans le rapport avec les enquêteurs qui ont confirmé des morts et des blessés dans les rangs de Forces de l’ordre, ne se sont pas déplacés pour interroger leurs épouses, leurs enfants, leurs parents. Les familles des policiers tués par les manifestants ont été ignorées par la CND, de même que les civils agressés par les manifestants ..


En plus, la CNDH n’a produit aucun élément de preuve comme des certificats de décès, des certificats médicaux encore moins une autorisation d’inhumation pour étayer les éléments qu’elle a portés à l’attention du public. Finalement, le rapport n’est qu’une compilation de témoignages verbaux à charge sans aucune preuve. Et pourtant, les chefs des structures de santé ont tous collaboré avec les enquêteurs. Donc il n’était pas difficile pour eux avec d’avoir ces preuves qui ne font que crédibiliser les travaux réalisés. Mais, malheureusement, le travail a été bâclé à cause de la volonté des commanditaires de charger les tenants du pouvoir.


C’est le lieu de demander pourquoi, le président de la CNDH a remis le rapport à la représentante de l’UE, alors qu’il devrait être remis officiellement aux autorités tchadiennes ? Le rapport a-t-il été financé par l’Union européenne ? Dans tous les cas, la publication des états financiers de la CNDH ne ferait que renforcer son sérieux et sa rigueur. Puisque que les Tchadiens doivent aussi connaître les sources de financement de cette CNDH ainsi que toutes les autres organisations de défense des droits humains. Mieux encore, le Gouvernement doit les soutenir dans leurs actions en leur octroyant des financements à condition qu’ils acceptent de publier leur bilan financier annuel.


OBSERVATOIRE AFRICAIN DES DROITS HUMAINS, DES LIBERTES ET DE L’EQUITE
 
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