X et TikTok, ainsi que la plateforme Google Play Store, continuent de subir des restrictions, une dizaine de jours après le début de l’offensive du M23 sur Goma. Le gouvernement dit vouloir combattre les fake news attribuées au Rwanda.
« Nous pouvons confirmer que TikTok, Twitter/X et Google Play Store sont restreints en RDC », affirme à Jeune Afrique Isik Mater, directrice de recherche pour l’entreprise britannique Netblocks qui surveille internet et les réseaux sociaux. Le blocage de Google Play Store « s’apparente à une tentative d’empêcher les utilisateurs de télécharger des VPN », précise NetBlocks dans un tweet du 3 février.
Les VPN sont des applications qui permettraient de contourner les restrictions observées depuis le 2 février. C’est une « violation de la liberté d’expression et du droit à l’information garantis par les articles 23 et 24 de la Constitution de la RDC, ainsi que des conventions internationales qui garantissent ces libertés fondamentales », a réagi le réseau AfricTivistes après avoir été sollicité par Jeune Afrique.
Climat de défiance
Contactés, ni le patron du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Christian Bosembe, ni le ministre de la Communication, Patrick Muyaya n’ont donné suite aux sollicitations de Jeune Afrique. « Je vous rassure, cela sera très bientôt et très rapidement rétabli. Ce sont aussi des questions techniques et on y travaille », a commenté le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani lors d’un point presse le 3 février. « Nous demandons aux autorités congolaises de rétablir ces plateformes de communication qui permettent aux citoyens de diversifier leurs sources d’information dans un contexte propice à la désinformation », rappelle AfricTivistes.
Ces coupures interviennent dans un climat de défiance accrue des autorités à l’égard des réseaux sociaux depuis la prise de Goma par le M23, soutenu par le Rwanda. Sur X, le 19 janvier, Christian Bosembe avait dit « suivre avec attention » la suspension très brève de TikTok aux États-Unis comme source d’inspiration. « Je regrette profondément que TikTok devienne un vecteur de propagande nuisible dans notre pays », déplorait le président du CSAC.
Christian Bosembe est à la pointe du « front médiatique » qui surveille ce qui est dit dans les médias et met la pression sur les journalistes depuis l’intensification du combat contre le M23. La prolifération des fausses informations et des messages dits « antipatriotiques » inquiètent cette autorité. Bosembe est rejoint dans sa croisade par Patrick Muyaya, qui met régulièrement en garde les journalistes congolais contre ce qu’ils relaient sur les réseaux sociaux. Le ministre de la Communication dit vouloir combattre le « poison rwandais » de la désinformation.
Les réseaux sociaux sont le terrain d’une guerre de communication entre pro-rwandais et pro-congolais, où chacun s’épie et s’attaque. Mais ils permettent aussi de documenter les crimes en cours. « Les preuves sont éminemment importantes, surtout quand il y a débat sur l’identité des parties au conflit et sur les armées impliquées », relève Julie Owono, directrice de l’ONG Internet Sans Frontières. Les images diffusées peuvent par exemple servir à documenter l’implication de l’armée rwandaise, malgré les dénégations de Kigali, ou donner un visage aux mercenaires européens engagés dans le conflit aux côtés de l’armée congolaise.
Conversation mondiale
Par ailleurs, les réseaux sociaux permettent de faire parler de ce conflit souvent qualifié de « guerre oubliée ». « Les autorités de RDC auraient plus intérêt à maintenir ces réseaux car c’est grâce à eux qu’il y a une conversation mondiale sur ce qui se passe au Kivu », explique Julie Owono. Elle prend pour exemple l’annulation du concert à Kigali de la chanteuse nigériane Tems, couronnée de la meilleure performance musicale africaine lors des Grammy Awards le 2 février.
Sur X, l’artiste a expliqué avoir fait la promotion de son concert au Rwanda sans savoir qu’il y avait un conflit en cours. Les réseaux sociaux lui ont-ils ouvert les yeux ? C’est en tout cas sur ces plateformes qu’elle a décidé d’alerter sa communauté. Mais les gouvernements s’inquiètent aussi d’une absence de modération, qui favorise la propagation de mensonges.
« Cela devient une excuse pour les autorités qui ont intérêt à museler la parole sur les réseaux sociaux. Oui, il y a des fake news, évidemment, mais ce n’est pas une raison pour instrumentaliser le manque de réaction des entreprises comme X ou TikTok », défend Julie Owono. Avec l’ère de l’intelligence artificielle, la désinformation va se propager encore plus rapidement, met-elle en garde, appelant à faire le pari de la transparence plutôt que le choix de la culture du secret.
Jeune Afrique
« Nous pouvons confirmer que TikTok, Twitter/X et Google Play Store sont restreints en RDC », affirme à Jeune Afrique Isik Mater, directrice de recherche pour l’entreprise britannique Netblocks qui surveille internet et les réseaux sociaux. Le blocage de Google Play Store « s’apparente à une tentative d’empêcher les utilisateurs de télécharger des VPN », précise NetBlocks dans un tweet du 3 février.
Les VPN sont des applications qui permettraient de contourner les restrictions observées depuis le 2 février. C’est une « violation de la liberté d’expression et du droit à l’information garantis par les articles 23 et 24 de la Constitution de la RDC, ainsi que des conventions internationales qui garantissent ces libertés fondamentales », a réagi le réseau AfricTivistes après avoir été sollicité par Jeune Afrique.
Climat de défiance
Contactés, ni le patron du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Christian Bosembe, ni le ministre de la Communication, Patrick Muyaya n’ont donné suite aux sollicitations de Jeune Afrique. « Je vous rassure, cela sera très bientôt et très rapidement rétabli. Ce sont aussi des questions techniques et on y travaille », a commenté le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani lors d’un point presse le 3 février. « Nous demandons aux autorités congolaises de rétablir ces plateformes de communication qui permettent aux citoyens de diversifier leurs sources d’information dans un contexte propice à la désinformation », rappelle AfricTivistes.
Ces coupures interviennent dans un climat de défiance accrue des autorités à l’égard des réseaux sociaux depuis la prise de Goma par le M23, soutenu par le Rwanda. Sur X, le 19 janvier, Christian Bosembe avait dit « suivre avec attention » la suspension très brève de TikTok aux États-Unis comme source d’inspiration. « Je regrette profondément que TikTok devienne un vecteur de propagande nuisible dans notre pays », déplorait le président du CSAC.
Christian Bosembe est à la pointe du « front médiatique » qui surveille ce qui est dit dans les médias et met la pression sur les journalistes depuis l’intensification du combat contre le M23. La prolifération des fausses informations et des messages dits « antipatriotiques » inquiètent cette autorité. Bosembe est rejoint dans sa croisade par Patrick Muyaya, qui met régulièrement en garde les journalistes congolais contre ce qu’ils relaient sur les réseaux sociaux. Le ministre de la Communication dit vouloir combattre le « poison rwandais » de la désinformation.
Les réseaux sociaux sont le terrain d’une guerre de communication entre pro-rwandais et pro-congolais, où chacun s’épie et s’attaque. Mais ils permettent aussi de documenter les crimes en cours. « Les preuves sont éminemment importantes, surtout quand il y a débat sur l’identité des parties au conflit et sur les armées impliquées », relève Julie Owono, directrice de l’ONG Internet Sans Frontières. Les images diffusées peuvent par exemple servir à documenter l’implication de l’armée rwandaise, malgré les dénégations de Kigali, ou donner un visage aux mercenaires européens engagés dans le conflit aux côtés de l’armée congolaise.
Conversation mondiale
Par ailleurs, les réseaux sociaux permettent de faire parler de ce conflit souvent qualifié de « guerre oubliée ». « Les autorités de RDC auraient plus intérêt à maintenir ces réseaux car c’est grâce à eux qu’il y a une conversation mondiale sur ce qui se passe au Kivu », explique Julie Owono. Elle prend pour exemple l’annulation du concert à Kigali de la chanteuse nigériane Tems, couronnée de la meilleure performance musicale africaine lors des Grammy Awards le 2 février.
Sur X, l’artiste a expliqué avoir fait la promotion de son concert au Rwanda sans savoir qu’il y avait un conflit en cours. Les réseaux sociaux lui ont-ils ouvert les yeux ? C’est en tout cas sur ces plateformes qu’elle a décidé d’alerter sa communauté. Mais les gouvernements s’inquiètent aussi d’une absence de modération, qui favorise la propagation de mensonges.
« Cela devient une excuse pour les autorités qui ont intérêt à museler la parole sur les réseaux sociaux. Oui, il y a des fake news, évidemment, mais ce n’est pas une raison pour instrumentaliser le manque de réaction des entreprises comme X ou TikTok », défend Julie Owono. Avec l’ère de l’intelligence artificielle, la désinformation va se propager encore plus rapidement, met-elle en garde, appelant à faire le pari de la transparence plutôt que le choix de la culture du secret.
Jeune Afrique