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Putsch manqué au Burkina : guerre des versions autour du rôle de Gilbert Diendéré

Lundi 10 Décembre 2018

Après neuf jours de comparution devant le tribunal militaire de Ouagadougou, le général Gilbert Diendéré continue de réfuter la paternité de la tentative de déstabilisation du pouvoir de la Transition survenue le 16 septembre 2015.


L’audition de l’ancien patron des services burkinabè et ex-bras droit de Blaise Compaoré se poursuit devant le tribunal militaire, délocalisé dans la salle des banquets de Ouaga 2000. Au neuvième jour de comparution à la barre, vendredi 7 décembre, Diendéré a campé sur sa position et continué de nier la paternité du putsch raté.

Alors que la partie civile se demande toujours qui est le véritable « cerveau » du coup d’État manqué, la défense de l’accusé a une explication : « Le 16 septembre, ce n’était qu’un mouvement d’humeur du régiment de sécurité présidentielle qui a dégénéré ».


Se levant du banc des accusés, l’intéressé assène : « Ce n’est pas à moi de dire qui est le commanditaire, mais à l’instruction menée depuis trois ans ». Il affirme également avoir pris la « responsabilité morale des événements pour ne pas laisser le pouvoir aux mains des sous-officiers et plonger ainsi le pays dans le chaos ». « J’ai accepté de prendre la direction du pays parce que les médiateurs, notamment l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo et Mgr Paul Ouédraogo, ont dit que le pouvoir était vacant », poursuit-il.

Sur ces entrefaites, la partie civile rappelle que les autorités avaient été arrêtées par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui refusait de les libérer. Dans ces conditions, peut-on parler de vacance du pouvoir ? , interroge Me Yanogo. « Ce sont les hommes qui ont refusé la libération des autorités », relativise le général.

Des versions contradictoires
Le témoignage de Gilbert Diendéré renseigne davantage sur les auteurs de l’arrestation des autorités de la Transition que sur les commanditaires du coup d’État « le plus bête du monde », selon l’expression du président guinéen Alpha Condé. Pour Maria Kanyili, membre de l’équipe d’avocats du général, si jusque-là la paternité du coup d’État n’a pu être établie, c’est bien parce qu’il n’a pas été planifié ».


Interpellé à ce propos par l’avocat de la partie civile Pierre Yanogo, le général botte en touche, mais donne quelques pistes. « Selon moi, c’est un noyau de sous-officiers qui ont perpétré le coup face à une situation donnée, et qui se retrouvent avec moi dans le box des accusés », répond laconiquement Diendéré. Et d’ajouter: « Ce sont eux qui sont venus me chercher à la maison. Mais ils n’ont jamais dit de venir prendre le pouvoir. »


Ce témoignage contredit la narration des faits rapportés par l’adjudant Jean-Florent Nion. En juillet, ce dernier avait présenté le général comme l’un des cerveaux du coup d’État manqué. « Le 16 septembre, j’étais dans la salle de repos lorsque j’ai été réveillé par l’adjudant-chef Éloi Badiel et le sergent-chef Roger Koussoubé, qui m’ont informé que le général a instruit de faire un coup d’État ce jour. Face à la gravité de l’information, j’ai demandé à voir directement le général », avait-il alors affirmé.

Quid du « Conseil national de la démocratie » ?
S’appuyant sur les éléments du dossier, le parquet défend que l’action a été perpétrée par des éléments incontrôlés de l’ex-garde présidentielle. Il cite par exemple l’adjudant Jean-Florent Nion, le sergent-chef Roger Koussoubé – dit « le Touareg » – ou encore l’adjudant-chef Éloi Badiel, présenté comme le meneur de l’opération. « Je n’ai jamais dit que l’action à été menée par des éléments incontrôlés », précise l’officier supérieur. Sur ces mots, Me Yanogo revient à la charge avec la déposition du commandant Abdoul Aziz Korogo, alors chef de corps du RSP. « Lors d’une rencontre avec les officiers, le général nous a donné l’information sur l’arrestation des autorités et demandé de l’accompagner », dit l’avocat.



Poursuivant son interrogatoire, Me Yanogo veut savoir pourquoi la déclaration de prise de pouvoir a été porté par le Conseil national pour la Démocratie (CND), l’organe politique des putschistes, plutôt que par l’armée. Diendéré explique qu’ayant obtenu l’aval de la hiérarchie militaire, il est resté seul jusque tard dans la la nuit pour rédiger la déclaration. « Si la hiérarchie n’était pas d’accord, elle pouvait procéder à mon arrestation », conclut-il.
Jeune Afrique
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