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Pour une force de souveraineté continentale. L'Afrique dans les starting blocks? (Par Alioune Badara Seck)

Samedi 25 Janvier 2025

Pour une force de souveraineté continentale. L'Afrique dans les starting blocks? (Par Alioune Badara Seck)
La sortie inconvenante et malséante du Président Français Emmanuel Macron suivie de la réplique tranchée et calibrée à la hauteur de l’affront du Premier Ministre Ousmane Sonko est un prétexte idéal pour nous prononcer sur le contexte géopolitique, les rapports de force dans le monde et la position sécuritaire de l’Afrique.

La France serait certainement allemande sans l’apport des forces africaines. C’est notre avis. Elle serait au mieux un État sous influence américaine ou britannique sans la légitimité tirée des territoires africains. Les africains ont payé le prix du sang.

 De Gaulle, Churchill et Roosevelt 

Durant l’occupation allemande de 1940 à 1944, le Général de Gaulle, devant Churchill et Roosevelt ne pouvait se prévaloir d’être le leader incontesté de la France, celle-ci était sous contrôle allemand. Il ne lui restait par conséquent que les territoires africains comme zone d’influence pour avoir une certaine légitimité devant les puissances alliées.

Toutefois, de Gaulle jouera un rôle déterminant pour la souveraineté de son pays.

Churchill jouait à un jeu trouble, quant à Roosevelt, ce serait un euphémisme de dire qu’il ne portait pas spécialement de Gaulle dans son cœur. Celui-ci ne faisait pas son affaire car tenant fermement à l’indépendance totale de la France.

Les américains avaient pour intention de gouverner la France en lui imposant un statut de protectorat, abolissant toute souveraineté y compris celle de battre monnaie suivant les accords de Darlan-Clark de 1942.

S’y ajoute l’intention de Churchill et Roosevelt de se débarrasser de de Gaulle et le faire remplacer par un autre général français Giraud plus malléable à leurs yeux.

Ayant compris que la France n’avait aucune chance de rester souveraine si elle n’était pas elle-même en mesure de se défendre, l’objectif de de Gaulle a été de rétablir l’indépendance de son pays et son affirmation sur la scène internationale en se lançant dans la fabrication d’un arsenal nucléaire (la bombe A (1960) puis la bombe H (1968)), faisant de la France la 4e puissance nucléaire en 1960 après les essais nucléaires de “Gerboise Bleue”…. en Afrique.

 Quelle souveraineté pour l’Afrique ? 

Ce rappel historique est d'autant plus important qu'un parallèle est logiquement tracé entre un général de Gaulle qui a revendiqué et construit la souveraineté de son pays d’une part, et des leaders africains qui exigent la souveraineté de leurs pays mais qui doivent encore la construire ensemble, d’autre part.

Les relations entre Etats sont déterminées par des intérêts stratégiques ou aucune place n’est laissée aux émotions. La réponse africaine ne pourrait donc se limiter à des barouds d’honneur ou des rhétoriques aussi tranchantes soient-elles. Une souveraineté, elle se construit. L’Afrique doit se tenir prête.

Les pays africains doivent se donner les moyens d’assurer leur défense autonome au risque, une nouvelle fois encore, de se faire surprendre par les visées expansionnistes des puissances de ce monde.

“Dans l’histoire, jamais un pays n’a été prêt à se sacrifier pour défendre un autre pays”. Nous ne pouvons et ne devons compter en priorité que sur nos propres forces de défense.

L’émergence économique de l’Afrique devra inéluctablement passer par une réduction graduelle de sa dépendance sécuritaire, une construction d’alliances stratégiques, mutuellement bénéfiques et à terme une totale souveraineté militaire du continent.

Une puissance économique sans arsenal militaire digne d’assurer sa défense n’est qu’une belle brebis bien repue au milieu d’une horde de lions.

Nous abordons un tournant décisif dans les relations politiques mondiales au regard des changements dans les rapports de force :

· En Afrique : exigence des pays africains francophones de voir se retirer les forces militaires françaises de leurs territoires



· Au Moyen-Orient: renversement de Bachar Al Assad en Syrie et prise du pouvoir par Al-Julani, leader du Hayat Tahrir al-Sham (HTS), coup dur pour l’Iran, le Hezbollah avec Israël aux aguets



· En Europe: conflit russo-ukrainien qui prend un autre tournant pour l’OTAN avec l’élection du Président Trump,



· Mais également les sorties récentes de ce dernier concernant le Canada, le Groenland et le Canal du Panama ainsi que la levée de bouclier qui s’en est suivie.



Ces derniers développements bien que semblant loin de nos frontières africaines interpellent directement nos leaders politiques qui ont une responsabilité devant l’histoire.

Si Trump peut se permettre de penser à effacer la frontière entre les Etats Unis et le Canada, un Etat fédéral, l’une des 10 premières puissances économiques de ce monde, et d’en faire un 51e Etat ; et bien que l’idée soit saugrenue, il y a lieu de se poser les bonnes questions.

Il est vrai que les méthodes de Trump sont connues de tous. Jouant à l’intimidateur, ses intentions ne sont pas de mener des négociations diplomatiques, il mène des négociations d'affaires (strictly business). Il menace de manière à peine voilée, cherche à affaiblir son vis-à-vis avant de l’inviter autour d’une table pour discuter. C’est sa méthode. Mais d’autres leaders politiques plus erratiques dans l’histoire sont passés à l’action.

A cela s’ajoute une autre sortie calamiteuse du général Lecointre sur la perte de l’hégémonie française en Afrique et son désir ardent d’engager une mission militaire « humanitaire » et de promouvoir la « démocratie » qui nous rappelle les sombres années des missions civilisatrices.



Les américains ont toujours permis à la France de dérouler leur plan en Afrique, aussi sombre soit-il tant que leurs intérêts stratégiques sont mis en avant et ne sont pas menacés.

La question légitime que l’on peut se poser est de savoir si :

L’Afrique peut assurer elle-même sa propre sécurité dans ce monde de tumultes dominé par les rapports de force et les interets strategiques?

Du moment où la réponse à cette question est négative, il devient urgent pour les Etats africains de travailler rigoureusement et diligemment à construire leur souveraineté sur le plan sécuritaire.

Nous avons eu des forces africaines, forces en attente, forces militaires régionales, mais celles-ci ont fait face à des barrières linguistiques, à un défaut de moyens opérationnels … se faisant parfois financer (comble de l’ironie) par des forces étrangères. Cependant ces défis ne sont pas insurmontables.

Les leaders africains doivent mettre tout en œuvre pour assurer l’inviolabilité future du territoire africain. Une Doctrine de Monroe à l’africaine s’imposera inéluctablement au continent.

Les chances de l’Afrique d’atteindre la souveraineté sont bien minces si elle ne se donne pas les moyens d’assurer elle-même (..) sa propre défense. Les leaders africains sont interpellés.

Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Sonko, Assimi Goïta, Ibrahim Traoré tous de la même génération, de même que Abdourahmane Tchani ont une opportunité historique et doivent pouvoir jeter les bases de cette future alliance militaire et… économique. Une alliance inclusive, graduellement trouvant l’adhésion du plus grand nombre de pays africains. De treize colonies à son avènement, la première puissance militaire au monde compte aujourd’hui 50 États.



Le même défi que de Gaulle avait relevé pour la France doit aujourd’hui être relevé par les leaders africains :

L’Afrique “doit être armée elle aussi, de telle sorte qu’aucun Etat ne puisse penser à la tuer sans risquer lui-même la mort”.



Alioune Badara Seck
badaraseck.anc@gmail.com
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