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Modernisation de l’État : Le PASGEM, une réforme de rupture pour sécuriser les biens publics (Entretien avec El Hadji Diaydi Bâ Cissé, juriste et spécialiste de la gouvernance publique)

Vendredi 21 Novembre 2025

Modernisation de l’État : Le PASGEM, une réforme de rupture pour sécuriser les biens publics (Entretien avec El Hadji Diaydi Bâ Cissé, juriste et spécialiste de la gouvernance publique)
Concepteur de réformes administratives, architecte de solutions de modernisation de l’État et initiateur du Programme d’Appui à la Structuration et à la Gestion des Matières (PASGEM), El Hadji Diaydi Bâ Cissé a accordé un entretien à Exclusif.net. Il revient ici sur les véritables enjeux de cette réforme qu’il présente comme une rupture majeure dans la gestion des biens publics.

 
Exclusif.net : Pourquoi avoir conçu le PASGEM ? D’où est née cette idée de réforme ?
El Hadji Diaydi Bâ Cissé : Le constat est évident : la gestion des biens publics matériels constitue aujourd’hui l’un des segments les plus vulnérables de l’administration sénégalaise. Les failles sont profondes : agents insuffisamment formés, absence de système numérique centralisé, inventaires lacunaires, fraudes logistiques, livraisons fictives, surfacturations… Selon mes travaux et la note conceptuelle que j’ai élaborée, ces dysfonctionnements génèrent entre 20 et 30 milliards de francs CFA de pertes par an pour l’État. J’ai donc voulu proposer une réforme structurée, réaliste et immédiatement opérationnelle
 
Qu’est-ce qui ne fonctionne pas aujourd’hui dans la comptabilité des matières ?
Plusieurs dysfonctionnements majeurs persistent :
• Le métier de comptable des matières n’est pas professionnalisé ;
• Aucun corps administratif spécialisé n’existe, contrairement aux normes de l’UEMOA ;
• La gestion demeure manuelle, morcelée et exposée aux manipulations ;
• L’État ne dispose d’aucun système national de traçabilité ;
• Les audits sont incomplets et difficilement exploitables.
Ce terreau favorise la fraude et des pertes importantes de ressources publiques.
En quoi consiste exactement votre proposition de réforme ?
Le PASGEM est un dispositif global destiné à professionnaliser, centraliser et digitaliser la comptabilité des matières. Il repose sur trois innovations majeures :
  1. Le CENAGOM, un centre national chargé des audits, du contrôle logistique et de la supervision technique ;
  2. La DRH-CCM, une direction chargée de créer un corps national de comptables des matières, formés et certifiés ;
  3. Le SIGMAT, un système numérique intégré permettant la traçabilité en temps réel de l’ensemble des biens publics.
Ces trois piliers seraient coordonnés par un Coordonnateur national nommé par décret, garant de la cohérence et de l’efficacité du dispositif.


Vous avancez un ratio “1 franc investi = 10 francs protégés”. Comment l’expliquez-vous ?
Ce ratio est lié aux trois principales sources de pertes identifiées :
• Fraude sur les quantités livrées (7 à 15 milliards/an) ;
• Achats doublons ou superflus (environ 5 milliards) ;
• Surfacturations non détectées (près de 3 milliards).
En centralisant les procédures et en mettant en place un système unique de traçabilité, ces pratiques deviennent très difficiles, voire impossibles. Le rendement du PASGEM serait donc immédiat.


Pourquoi inscrire la réforme dans la vision “Sénégal Horizon 2050” ?
Parce que la modernisation de l’administration est un pilier essentiel de la planification nationale.Le PASGEM s’inscrit dans l’agenda Jub – Jubal – Jubanti :
Jub (la vérité) : transparence et traçabilité ;
Jubal (la justice) : équité dans la distribution des équipements publics ;
Jubanti (la réforme) : transformation structurelle par l’innovation.
La gestion des matières est un levier crucial mais encore négligé dans la réforme de l’État. Je propose de lui accorder la place qu’elle mérite.
 
Comment se déroulerait la phase pilote ?
Elle durerait un an pour un budget estimé à 3 milliards FCFA et couvrirait :  la Présidence, la Primature, l’Assemblée nationale, les ministères de souveraineté, et les universités. Ces institutions doivent servir d’exemple afin de créer un effet d’entraînement national.
 
Votre document évoque la difficulté liée au comptable centralisateur actuel. Pourquoi ?
Le décret de 2018 confie cette fonction à la DMTA (Direction du Matériel et du Transit Administratif) au ministère des Finances. Or, le PASGEM est conçu comme un programme transversal rattaché à la Primature. Il faut donc clarifier l’articulation. Deux options sont possibles :
• travailler avec la DMTA dans une coopération fonctionnelle ;
• ou créer un Comptable centralisateur technique directement rattaché au CENAGOM. Cette étape est indispensable pour garantir la cohérence administrative.
 
Pourquoi rendre cette proposition publique maintenant ?
Parce que le contexte national est marqué par une forte demande de transparence et par un impératif de rationalisation des dépenses publiques. Il est temps d’ouvrir le débat. Le PASGEM n’est pas une critique : c’est une contribution technique, rigoureuse et immédiatement applicable. Je souhaite que les autorités s’en saisissent.
 
 En quoi le PASGEM diffère-t-il des réformes habituelles ?
Il ne se limite pas à ajouter une procédure. Il crée un écosystème complet, doté de règles, de compétences, de technologies et de responsabilités clairement définies.
C’est une réforme structurelle, pas cosmétique. Elle génère des économies, renforce la transparence, améliore la redevabilité et prépare la mise en place d’une future centrale d’achat publique.


Que souhaitez-vous que les autorités retiennent de votre proposition ?
Que la gestion des matières est un levier national de performance, un instrument de lutte contre la corruption et une source majeure d’économies. Le PASGEM offre une réponse moderne, complète et pragmatique. Il peut transformer durablement la gouvernance des biens publics au Sénégal.
 

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