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Les révélations explosives de Guy Marius Sagna: «Ils m'ont déshabillé, m'ont gardé tout nu pour me ... »

Vendredi 9 Août 2019

Les révélations explosives de Guy Marius Sagna: «Ils m'ont déshabillé, m'ont gardé tout nu pour me ... »
L'activiste  Guy Marius Sagna, du fond de la chambre 36, où il est incarcéré,  a écrit une lettre  à la direction l'administration pénitentiaire. Ce n'est pas pour féliciter mais pour dénoncer,  les conditions «inhumaines» de sa détention et celles des autres détenus. Exclusif.net publie in extenso sa lettre



Monsieur le directeur,

Recevez d'abord mes salutations, et au-delà de votre personne, toutes les forces de défense et de sécurité. Je vous présente à tous mes condoléances suite à l'assassinat du gendarme Tamsir Sané à Koupentoum. Cet assassinat montre à nouveau que le Frapp a raison de dénoncer les conditions de dénuement dans lesquelles policiers, gendarmes, militaires agents des eaux et forêts, sapeurs-pompiers, etc., travaillent. Et ces conditions scandaleuses sont le résultat du pillage par l'impérialisme et son valet le Président Macky Sall, du Sénégal.

Ce même pillage impose des conditions de travail inacceptables à l'administration pénitentiaire : sous-effectif, salaires dérisoires, lieux de détention surpeuplés, etc. .

Ce même pillage est une véritable machine qui crée l'analphabétisme, la pauvreté et ses conséquences que sont le banditisme et le crime.

Voilà pourquoi monsieur le directeur, agents de l'administration pénitentiaire et "jailman" ne doivent pas être ennemis mais comprendre qu'ils sont des frères et des sœurs opprimés d'un même système néocolonial.

Je viens par cette présente lettre protester énergiquement contre le traitement inhumain et dégradant infligé aux détenus de Reubeus.

Le 19 juillet 2019, en entrant à Reubeus, vos agents m'ont déshabillé, m'ont gardé tout nu pour me fouiller en plein air. Ensuite, ils m'ont contraint de m'accroupir tout nu.

Directeur, comment pouvez-vous accepter qu'en 2019 vos agents traitent ainsi des êtres humains ? Les détenus sénégalais sont-ils des êtres humains et citoyens entièrement à part ?

Monsieur le directeur, je demande la fin de cette pratique qui, avec les insultes, les violences physiques, ..., ne participent qu'à dégrader, humilier des êtres humains.

Monsieur le directeur, Reubeus est gangrenée par les longues détentions. Des détenus sont ici depuis trois, quatre, cinq, six, sept, huit ans sans jugement. L'un d'entre eux vient d'être fraîchement acquitté après huit ans sans jugement. Cela ne peut plus durer.

En attendant le règlement de ce problème, monsieur le directeur, les chambres 9, 10, 3, 4, 1, 2, ressemblent à des cales de négriers. Plus de 300 détenus dans une chambre avec une ou deux toilettes !!!

Ces détenus se reconnaissent de loin avec leur odeur nauséabonde et leurs pieds enflés du fait qu'ils ne se douchent pas et ne se couchent pas.

C'est inhumain !!!

Comme si cela ne suffisait pas, les détenus sont volés au télécentre et à la boutique où les prix d'un appel ou des marchandises sont beaucoup plus chers. Les détenus sont opprimés et exploités : Sept (07) minutes de communication (orange) coûtent 1.000 fcfa. Et si la communication se coupe après quelques secondes, le détenu perdra toutes ses sept (07) minutes. Cela doit faire pâlir de jalousie le capitalisme. À l'infirmerie, il n'y a que du paracétamol et des antibiotiques. Cerise sur le gâteau, il y a une cuisine pour les "jailman" et une autre pour vos agents.

Avez-vous déjà vu un bol de "jailman" ou goûté à son contenu, monsieur le directeur ???

En 2016, les détenus se sont rebellés contre toutes ces graves conditions. Le feu fût ouvert sur les détenus. La bête immonde est encore féconde, monsieur le directeur.

Veuillez agréer, monsieur le directeur de la maison d'arrêt de Reubeus, l'expression de mon plus profond respect."

Guy Marius Sagna

Mandat de dépôt 19/07/2019

Chambre 36

Une justice à géométrie variable 

Si nous avons évoqué ces rencontres, ce n’est pas pour revenir sur le problème du Sud du Sénégal et disserter sur la sénégalité ou la non-sénégalité de la Casamance, mais c’est pour dénoncer cette justice à deux vitesses qui s’applique au Sénégal selon la tête du manifestant. Il est loisible à Salif Sadio et à ses troupes qui pensent que la Casamance n’est pas sénégalaise d’user de leurs documents, leur propagande et même leurs armes pour défendre leurs convictions. Mais cela ne doit pas pousser les autorités sénégalaises à adopter une attitude passive ou pleutre qui laisserait croire que ce qui est toléré au sud est sévèrement réprimé à l’ouest. Après le procès de Khalifa Sall, Barthélemy Dias a fait six mois en prison « pour outrage à magistrats et appel à l'insurrection ». Si l’on a arrêté la maire de Mermoz sur la base de ces deux chefs d’inculpation légers, que devrait-on faire à l’endroit de celui qui a remis en cause la souveraineté du Sénégal en déclarant publiquement « de chasser le Sénégal envahisseur de la Casamance pour que vive une Casamance libre indépendante et souveraine », à celui qui demande aux populations casamançaises de créer des comités locaux de résistance du MFDC pour s’insurger contre « l’envahisseur sénégalais » ? L’outrage à magistrat est-il plus grave que le discrédit jeté sur nos militaires morts et notre héros national, symbole de la résistance sénégalaise contre l’occupation coloniale ?


La dernière injustice en date est l’arrestation sauvage des activistes Guy Marius Sagna, Abdourahmane Sow, Babacar Diop et Ousmane Ndiaye qui, devant l’Assemblée nationale, manifestaient leur opposition au projet de loi supprimant le poste de Premier ministre. Pourtant sans kalachnikov, ils ont voulu simplement jouir d’un droit constitutionnel qu’un pseudo arrêt « Ousmane Ngom » leur interdit illégalement. On les arrête pour non-respect d'un « acte administratif de l'autorité préfectorale », « trouble à l'ordre public » et « tentative de jeter du discrédit sur une institution de la République ».


Ainsi ce que l’on permet à Salif Sadio, on le refuse le 1/5 à Barthélémy Dias, à Guy Marius Sagna et Cie. Et que dire de ceux qui remettent publiquement en cause l’intégrité du territoire national, de ceux qui déclarent que le Sénégal occupe illégalement la Casamance, de ceux qui insultent la mémoire de nos soldats, de ceux qui déclarent urbi et orbi, armes à la main, qu’ils vont chasser « l’envahisseur de la Casamance » ? Au Sénégal, nous ne sommes nullement égaux devant la loi. La répression, c’est pour les légalistes, et l’impunité pour les contrevenants à la loi sénégalaise. On réprime férocement ceux qui respectent la légalité constitutionnelle, et l’on pouponne couardement ceux qui remettent en cause l’intégrité territoriale et discréditent ses héros. Nous n’osons pas croire que Machiavel ait raison en écrivant que « les bonnes armes font les bonnes lois ».

sgueye@seneplus.com
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