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L’impératif d’une réforme profonde de l’armée congolaise : un appareil sécuritaire miné par l’incompétence

Lundi 24 Février 2025

En septembre dernier, nous avons publié un éditorial alertant le Chef de l’État sur le manque d’efficacité de notre armée nationale, souvent citée pour des exactions. En retour, des racailles, des repris de justice et certains membres de l’UDPS nous ont accusés d’être un média « rwandais ». Pourtant, avec l’avancée rapide du M23, les faits nous donnent raison. Le Président de la République, Félix Tshisekedi, lui-même reconnaît aujourd’hui que nos forces manquent de professionnalisme à tous les niveaux. Cette réalité nous place comme un média patriote, engagé pour la vérité, et non pour plaire à qui que ce soit.


Le problème ne se limite pas à l’armée ; c’est tout l’appareil sécuritaire qui souffre d’un manque criant de professionnalisme. Prenons l’exemple de la police : lors de leurs interventions, même l’arrestation d’un simple suspect tourne souvent à la bastonnade. Dans la circulation, les forces de l’ordre font preuve de violence verbale et d’agressions récurrentes contre la population civile, instaurant un climat de terreur, même dans les zones paisibles. Quant à la gendarmerie, elle se distingue davantage par des actes de racket et de fausses accusations que par sa mission de protection. Comment, dans ces conditions, les citoyens peuvent-ils accorder leur confiance à l’armée ?

Une armée dysfonctionnelle issue de milices et de groupes rebelles
L’armée congolaise n’a jamais véritablement été une armée de métier ni une force professionnelle. Environ 99 % de ses membres sont issus de groupes rebelles ou de bandes criminelles. Ce mode de recrutement anarchique explique pourquoi elle perd si souvent les guerres. Loin d’être une institution structurée, elle fonctionne comme un conglomérat de clans où règnent l’indiscipline et l’absence de commandement.


  D’ailleurs, Félix Tshisekedi a récemment admis qu’il est arrivé que des troupes engagées au front se retrouvent « pendant une semaine sans commandement et sans ravitaillement », une situation impensable pour une armée qui se veut nationale et républicaine. Monsieur le Chef de l’État, cela s’explique par la présence excessive d’officiers supérieurs. En RDC, devenir général est aussi facile que boire de l’eau. Il est urgent de revoir la hiérarchisation de notre armée, qui est devenue excessivement bureaucratique. Le trop grand nombre de gradés empêche l’envoi d’officiers compétents sur le terrain.


Dans plusieurs pays africains, des zones militaires régionales ou provinciales sont dirigées par des colonels, une approche plus efficace qui permet une meilleure gestion des troupes et des opérations.

Recrutement ethnique, dérives...
Si l’on veut bâtir une armée digne de ce nom, il faut impérativement mettre fin aux recrutements basés sur l’ethnie, la région ou l’affiliation politique. Nos dirigeants doivent cesser d’utiliser l’armée et la police comme des outils de règlements de comptes. Pour devenir une force crédible, l’armée doit miser sur la formation et le professionnalisme.

Nos militaires devraient bénéficier de formations de qualité, voire être envoyés se former dans des pays africains ayant une armée structurée, comme le Maroc, le Sénégal, l’Égypte ou l'Afrique du SUD, afin d’acquérir des compétences solides en matière de défense et de respect des droits militaires.

L'indiscipline notoire 
Aujourd’hui, notre armée est gangrenée par le clientélisme, le tribalisme et la politique. En Angola, au Mali, au Sénégal, au Mozambique, en Somalie ou encore au Tchad, les rébellions existent, mais jamais un soldat ne se permettrait de publier des vidéos sur les réseaux sociaux pour menacer un ennemi. En RDC, en revanche, tout est permis : de nombreux membres des FARDC se comportent comme des influenceurs ou des porte-parole improvisés, sapant ainsi l’image et l’autorité de l’armée.

L’armée, un métier qui exige discipline et respect
L’armée ne se résume pas uniquement au combat. Être militaire est un métier qui requiert discipline, éthique et formation. Nos soldats doivent apprendre leurs droits et devoirs, mais aussi le respect des civils, afin d’éviter les dérives.

Pour rétablir l’ordre et redonner une image crédible à l’armée, tous les anciens rebelles, les groupes armés tribaux, les miliciens et les mercenaires doivent être exclus des rangs des FARDC. Ces éléments nuisibles ont terni l’image de nos forces et sapé leur efficacité.

Enfin, Monsieur le Président, il est impératif de se détacher des figures au passé sanglant comme Jean-Pierre Bemba et d’autres anciens chefs de guerre qui ont endeuillé des familles congolaises. Leur présence au sein de l’appareil sécuritaire ne fait que renforcer l’instabilité et donner raison aux mouvements rebelles comme le M23, qui exploitent nos failles pour justifier leurs actions.

Une réforme urgente et nécessaire
L’heure est venue pour la RDC de repenser en profondeur son système de défense. Sans une restructuration radicale et un véritable engagement en faveur du professionnalisme, notre armée continuera de sombrer dans l’improvisation et l’échec. Le patriotisme ne consiste pas à fermer les yeux sur les failles, mais à les dénoncer pour mieux les corriger.

Par Congoactu.com

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