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Juan Branco explique comment il a “piégé” les autorités sénégalaises (Vidéo)

Jeudi 10 Août 2023

L’avocat franco-espagnol, arrêté, libéré et expulsé du Sénégal, s’est penché sur les visées de son spectaculaire séjour dans le pays.


Juan Branco aurait-il piégé les autorités sénégalaises ? C’est ce qui ressort des explications qu’il a données hier, un jour après sa mise sous contrôle judiciaire et son expulsion en France depuis le Sénégal. L’avocat, arrêté samedi dernier avant d’être libéré deux jours plus tard, a fait face à la presse pour revenir sur son séjour mouvementé au Sénégal.

Selon lui, tout était prévu pour une opération visant à exposer les agissements du régime de Macky Sall  à la face du monde. Face aux journalistes, la robe noire révèle : ‘’Je sais la responsabilité que j’ai prise en prenant le risque de me rendre au Sénégal, de façon légale, contrairement à ce qui a été dit, pour défendre mon client. Je sais les conséquences que cela pouvait avoir sur un certain nombre d’individus. Nous avons fait ce test et nous allons nous engager pour leur libération.’’ Sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé par le Sénégal, Juan Branco s’est présenté, à la surprise générale, à une conférence de presse organisée par les avocats d’Ousmane Sonko, le 30 juillet 2023, à Dakar. Ceci, deux jours après l’arrestation de l’opposant qui, depuis, a été placé sous mandat de dépôt, son parti  dissout.

‘’Je sais la responsabilité que j’ai prise en prenant le risque de me rendre au Sénégal’’

Après une traque d’une semaine, l’avocat franco-espagnol a été arrêté en Mauritanie avant d’être remis aux autorités sénégalaises. Inculpé, il a été accusé ‘’d’attentat, complot, diffusion de fausses nouvelles et actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves’’. Une nouvelle audition a permis d'ajouter de nouvelles charges : ‘’séjour irrégulier’’’ et ‘’outrage à magistrat’’.

Mais tout ceci était un moyen d’amener la communauté internationale à s’intéresser à ce qui se passe au Sénégal, explique Me Branco. Pour l’avocat d’Ousmane Sonko, son arrestation n’en était pas une. ‘’Aucun papier ne m’a été donné. J’ai été enlevé parce qu’aucun procureur ni juge n’est intervenu. Aucun de mes droits n’a été respecté sur mon intégrité physique’’, assure-t-il.

L’effet escompté s’est produit, selon l’intéressé. Juan Branco estime que sa libération est due à la mobilisation internationale qu’il y a eu autour de son arrestation. L’avocat a assuré que ‘’le barreau de Paris s’est mobilisé et a eu un rôle cardinal dans ma libération, de même que le syndicat des avocats de France. Les mots de la bâtonnière ont été relayés jusqu’aux locaux de la prison de Rebeuss. Ils ont été aux côtés des efforts du gouvernement espagnol, dont je sais l’engagement, mais aussi du gouvernement portugais et peut-être du gouvernement français pour régler la situation’’.

‘’Ma libération est due à la mobilisation internationale’’

Avant les poursuites lancées par les autorités sénégalaises contre l’avocat inscrit au barreau de Paris, Juan Branco a déposé plainte en France et fait une demande d'enquête à la Cour pénale internationale contre les autorités sénégalaises dont le président Macky Sall, son ministre de l’Intérieur ou encore le commandant de la gendarmerie. Il a annoncé disposer d’un dossier ‘’de 170 pages’’ qui a été transmis à la CPI, comprenant plus de 4 500 éléments de preuve sur des crimes commis au Sénégal depuis mars 2021. Son passage dans la prison sénégalaise ne risque pas d’améliorer l’image qu’il s’est faite du régime qui dirige le Sénégal. À la prison de Rebeuss où il a été incarcéré, l’avocat dit avoir ‘’dormi au milieu de personnes torturées, qui portaient les traces de blessures par balle. Elles étaient entassées par centaines, incapables de se déplacer et obligées de faire leurs besoins sur place. Ils ont commis l’erreur de me faire voir ça’’.

‘’Ils ont commis l’erreur de me faire voir ce qui se passe à Rebeuss’’

Après sa libération, Juan Branco a eu des discussions avec son client, qui mène une grève de la faim. Malgré sa situation, ajoute l’avocat, ‘’il (Ousmane Sonko) m’a demandé d’utiliser mon cas pour qu’il serve d’illustration à ce que traversent des milliers d’autres Sénégalais qui n’ont pas la chance que j’ai eue.’’ L’ex-parti d’Ousmane Sonko, Pastef/Les patriotes, dénonce la détention de plus de 700 prisonniers politiques au Sénégal. La vague d’arrestation n’a pas cessé après l’annonce de la dissolution du parti. À l’appel du leader, beaucoup de prisonniers observent également une grève de la faim.

Toutefois, ce dernier les a appelés à cesser cette forme de protestation, dangereuse pour leur santé. Lui, par contre, continue sa diète prolongée qui lui a valu un séjour à l’hôpital.

Selon Me Branco, Ousmane Sonko a eu une crise hypoglycémique sévère qui l’a amené à faire un malaise et à être admis aux urgences. ‘’Il souffre d’une insuffisance rénale à cause de sa grève de la faim. Sa situation se stabilise. Nous lui avons demandé de cesser sa grève de la faim. Nous espérons qu’il comprendra, parce qu’il est très important pour plusieurs personnes. Je l’ai vu à Rebeuss. Son sort détermine celui de milliers de personnes qui attendent qu’il soit à leurs côtés, y compris dans les difficultés’’.

Les appels de Branco à Sonko et à Macky Sall

L’arrestation de Juan Branco s’est faite en compagnie d’un avocat sénégalais (Me Babacar Ndiaye, libéré depuis) et des maires de Sangalkam et des Parcelles-Assainies, soupçonnés de l’avoir aidé à séjourner au Sénégal.

En plus de la libération de Me Ndiaye, le journaliste Pape Alé Niang a également recouvré la liberté hier, après une nouvelle grève de la faim. Un fait qu’a apprécié Juan Branco. Dans le même sens, il invite le président de la République Macky Sall à poursuivre sur cette lancée : ‘’Que ma libération soit la première, celle qui ouvre la porte à l’ensemble des détenus politiques pour permettre cette transition démocratique que réclame le peuple sénégalais. Je l’invite à cesser ces violences exercées sur Ousmane Sonko, à le laisser se présenter aux élections qui viennent.‘’

L’appel du jeune avocat s’adresse également à la communauté internationale qui, selon lui, s’est intéressée au sort du Sénégal à travers son ‘’affaire’’. Il les invite à ‘’prolonger leurs efforts et à inciter ce gouvernement souverain à faire ce geste qui permet de réduire les violences. Autrement, je crains que les heures qui attendent ce pays soient sombres’’.  
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