À Wakhinane-Nimzatt, la famille de Mor Seck, 36 ans, réclame justice après sa mort, qu’elle attribue à « une bavure policière ». Selon les témoignages recueillis par L’Observateur, Mor, réparateur de téléphones, aurait été violemment interpellé le 23 mai dernier par des hommes en civil à Yeumbeul-Asecna, alors qu’il rentrait chez lui.
« Ils l’ont appelé plusieurs fois, mais Mor ne savait pas qu’il s’agissait de policiers. À la troisième sommation, il leur a demandé qui ils étaient. C’est à ce moment-là qu’ils ont sorti leur carte [professionnelle] », confie son oncle. Selon l’interlocuteur du quotidien du Groupe Futurs Médias (GFM), une altercation aurait alors éclaté. Bien qu’aucune infraction n’ait été constatée, les agents auraient insisté pour le conduire au poste.
« Mor a demandé à ne pas être menotté, car il se trouvait dans son propre quartier. Ils ont refusé, l’ont plaqué au sol, roué de coups, puis traîné jusqu’au bassin de rétention entre Madialé et Yeumbeul », poursuit-il. Là, selon ses proches, il aurait de nouveau été frappé à plusieurs reprises, notamment par un agent identifié comme « Assane Karbala ».
Son frère cadet, Natou, témoigne : « Je les ai vus le tabasser. J’ai voulu intervenir, mais ils m’ont repoussé. » Mor aurait passé la nuit au poste avant d’être libéré par un commissaire, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. Gravement blessé, il serait resté alité plusieurs jours.
Le jour de la Tabaski, il est transporté à l’hôpital de Pikine, se plaignant de douleurs abdominales aiguës. Une intervention chirurgicale révèle une hémorragie interne provoquée par de graves lésions au niveau de l’appareil digestif. Il succombe peu après.
Une autopsie a été réalisée, mais selon la famille, « la morgue réclame encore 367 000 F CFA pour restituer le corps, alors que nous avons déjà payé pour l’opération ». Une plainte a été déposée, et le procureur de Pikine-Guédiawaye a été saisi, précise L’Observateur.
Face à ces accusations, la police de Yeumbeul-Nord se défend. Elle affirme dans un communiqué, consulté par L’Observateur, qu’« aucun individu du nom de Mor Seck n’a été interpellé ni placé en garde à vue dans notre service ». Elle précise également que le lieu présumé des faits, « le terminus de la ligne 41 à Guédiawaye », ne relève pas de sa juridiction.
Quant à l’agent cité par la famille, la police se montre catégorique : « Aucun agent du nom d’Assane Karbala n’est connu dans notre commissariat. » Un policier, sous couvert de l’anonymat, ajoute : « Si la famille affirme qu’il s’agit bien de lui, qu’elle vienne procéder à une identification. »