La Section de recherches (Sr) de Dakar a encore frappé au cœur de la mafia qui se sucrait sur les prêts du Crédit mutuel du Sénégal (Cms) garantis par le Fongip. Certains bénéficiaires, qui ne savaient même pas ce qu’ils signaient, servaient d’écran pour détourner les fonds.
Après la Section de recherches (Sr) de Thiès, celle de Dakar a frappé au cœur de ce qu’il est convenu d’appeler la mafia des prêts-Fongip. Selon nos informations, Abdou Seck dit Abdou Mat Seck, Ndiaw Kane, Ndombé Seck et Mariama Ndiang ont été déférés hier jeudi pour des faits d’association de malfaiteurs, escroquerie, complicité d’escroquerie et détournement de deniers publics appartenant à l’État.
Une convention actée en faveur du programme « Xeyu ndaw ñi » puis dévoyée par une mafia
L’affaire fait partie d’une plainte déposée par l’Union des caisses du crédit mutuel du Sénégal (Ucms). Selon nos informations, les personnes mises en cause avaient noué une convention en bonne et due forme pour la mise en œuvre du programme « Xeyu ndaw ñi », visant les engagements du Fongip consistant entre autres à mettre en place une ligne de garantie de 500 millions de F CFA en couverture des financements que solliciteront les caisses de l’Ucms au profit des bénéficiaires du programme. Seules les personnes présélectionnées par les autorités étatiques étaient censées en bénéficier.
Sauf que de nombreux dépôts de dossiers de prêts ont été enregistrés au niveau des sociétés de crédit alors que ces prétendus bénéficiaires n’avaient pas été identifiés par les structures de l’État.
Abdou Mat Seck et ses co-prévenus sont alors accusés d’avoir monté un système bien huilé dans lequel de faux bénéficiaires signaient des contrats de prêts sans savoir ce qui leur était réellement confié aux demandes non sans ajouter le préjudice que même la main qui leur a remis la copie de ce prêt en blanc. Abdou Mat Seck n’agissait pas en solitaire. En plus d’avoir monté différents pièges, il se faisait appuyer par ses complices.
Il ressort des éléments de l’enquête que Abdou Mat Seck, Ndombé Seck, Mariama Ndiang et Ndiaw Kane sont très au fait des rouages administratifs et financiers. « Nous sommes partis du fait que nous étions en droit de bénéficier de ces prêts comme tout le monde, donc nous avons saisi l’opportunité », a confié en substance l’un des mis en cause (Abdou Mat Seck) à la Section de recherches.
Selon le Crédit mutuel du Sénégal, Abdou Mat Seck faisait remplir des contrats de prêts sans que les bénéficiaires ne soient informés de la totalité de l’engagement. « Je suis formel. L’intégralité de la somme prêtée à Abdou Mat Seck, il n’en a touché que 200 000 francs Cfa. C’était un prétexte pour accéder aux dossiers de prêts. Je l’ai conduit chez le notaire avec tous les documents sans savoir à quoi je m’engageais », confie un soi-disant bénéficiaire.
Un autre mis en cause explique qu’il a signé un contrat de prêt à hauteur de 2,5 millions de francs sans même le lire. À la Section de recherches, les auditions se poursuivent. Le préjudice est estimé à plusieurs centaines de millions, selon des sources judiciaires. Le parquet de Dakar s’est saisi de l’affaire. Ce dernier n’a pas encore rendu public l’ampleur de ce dossier.
Des « bénéficiaires » à qui touchaient des miettes
Une déclaration confirmée par Mariama Dieng, mère de Ndèye Sam. « Je ne comprends rien à cette affaire. Abdou Mat Seck m’a dit que Ndombé Seck m’a fait signer un contrat pour 3 000 000 F Cfa », a confié aussi sous anonymat.
Ndombé Seck va, de son côté, rejeter les faits en bloc. Elle reconnaît avoir mis à disposition son RIB, mais affirme qu’elle n’a rien perçu. Elle dit également avoir été menacée. « J’ai eu peur et j’ai tout accepté. Ils me faisaient chanter. Je suis tombée dans leur piège », a-t-elle lâché lors de son face-à-face avec les enquêteurs. Abdou Mat Seck, lui, a balancé tout le monde.
Il s’est livré à un récit détaillé des faits. « C’est Seck [Ndombé] qui m’a mis en rapport avec Ndiaw Kane. C’est lui qui m’a fourni les listes de bénéficiaires. Ensuite, je faisais remplir les fiches et je déposais les demandes à l’Ucms », a-t-il révélé aux gendarmes.
Enfin, elle rajouta qu’elle a reçu sa convocation par la Sr, suite aux déclarations de Seck, entre autres, ont bénéficié de prêts. Mais, à ce jour, il est difficile de juger avec exactitude les montants détournés ou les contrats signés au nom de faux bénéficiaires. L’enquête suit toujours son cours. Ce réseau tentaculaire, à forte ramification, s’est appuyé sur plusieurs failles du système, à la portée limitée.
Les révélations accablantes de Ndèye Sam
Lors de son audition, Ndèye Sam, opposante politique issue de la coalition Yewwi Askan Wi, a tenté de se défendre. Elle reconnaît avoir été approchée par Abdou Mat Seck, mais affirme qu’il ne lui avait jamais été question de prêt. « On m’a juste demandé de me présenter pour un retrait à l’agence des Parcelles sur un compte qui n’était même pas à mon nom. »
Les enquêteurs ne croient pas en sa version, d’autant que Ndèye Sam a été plus d’une fois entendue dans ce type de dossier. Le parquet de Dakar devrait requalifier les faits pour ramener tout le dossier à une même cause.
Libération
Après la Section de recherches (Sr) de Thiès, celle de Dakar a frappé au cœur de ce qu’il est convenu d’appeler la mafia des prêts-Fongip. Selon nos informations, Abdou Seck dit Abdou Mat Seck, Ndiaw Kane, Ndombé Seck et Mariama Ndiang ont été déférés hier jeudi pour des faits d’association de malfaiteurs, escroquerie, complicité d’escroquerie et détournement de deniers publics appartenant à l’État.
Une convention actée en faveur du programme « Xeyu ndaw ñi » puis dévoyée par une mafia
L’affaire fait partie d’une plainte déposée par l’Union des caisses du crédit mutuel du Sénégal (Ucms). Selon nos informations, les personnes mises en cause avaient noué une convention en bonne et due forme pour la mise en œuvre du programme « Xeyu ndaw ñi », visant les engagements du Fongip consistant entre autres à mettre en place une ligne de garantie de 500 millions de F CFA en couverture des financements que solliciteront les caisses de l’Ucms au profit des bénéficiaires du programme. Seules les personnes présélectionnées par les autorités étatiques étaient censées en bénéficier.
Sauf que de nombreux dépôts de dossiers de prêts ont été enregistrés au niveau des sociétés de crédit alors que ces prétendus bénéficiaires n’avaient pas été identifiés par les structures de l’État.
Abdou Mat Seck et ses co-prévenus sont alors accusés d’avoir monté un système bien huilé dans lequel de faux bénéficiaires signaient des contrats de prêts sans savoir ce qui leur était réellement confié aux demandes non sans ajouter le préjudice que même la main qui leur a remis la copie de ce prêt en blanc. Abdou Mat Seck n’agissait pas en solitaire. En plus d’avoir monté différents pièges, il se faisait appuyer par ses complices.
Il ressort des éléments de l’enquête que Abdou Mat Seck, Ndombé Seck, Mariama Ndiang et Ndiaw Kane sont très au fait des rouages administratifs et financiers. « Nous sommes partis du fait que nous étions en droit de bénéficier de ces prêts comme tout le monde, donc nous avons saisi l’opportunité », a confié en substance l’un des mis en cause (Abdou Mat Seck) à la Section de recherches.
Selon le Crédit mutuel du Sénégal, Abdou Mat Seck faisait remplir des contrats de prêts sans que les bénéficiaires ne soient informés de la totalité de l’engagement. « Je suis formel. L’intégralité de la somme prêtée à Abdou Mat Seck, il n’en a touché que 200 000 francs Cfa. C’était un prétexte pour accéder aux dossiers de prêts. Je l’ai conduit chez le notaire avec tous les documents sans savoir à quoi je m’engageais », confie un soi-disant bénéficiaire.
Un autre mis en cause explique qu’il a signé un contrat de prêt à hauteur de 2,5 millions de francs sans même le lire. À la Section de recherches, les auditions se poursuivent. Le préjudice est estimé à plusieurs centaines de millions, selon des sources judiciaires. Le parquet de Dakar s’est saisi de l’affaire. Ce dernier n’a pas encore rendu public l’ampleur de ce dossier.
Des « bénéficiaires » à qui touchaient des miettes
Une déclaration confirmée par Mariama Dieng, mère de Ndèye Sam. « Je ne comprends rien à cette affaire. Abdou Mat Seck m’a dit que Ndombé Seck m’a fait signer un contrat pour 3 000 000 F Cfa », a confié aussi sous anonymat.
Ndombé Seck va, de son côté, rejeter les faits en bloc. Elle reconnaît avoir mis à disposition son RIB, mais affirme qu’elle n’a rien perçu. Elle dit également avoir été menacée. « J’ai eu peur et j’ai tout accepté. Ils me faisaient chanter. Je suis tombée dans leur piège », a-t-elle lâché lors de son face-à-face avec les enquêteurs. Abdou Mat Seck, lui, a balancé tout le monde.
Il s’est livré à un récit détaillé des faits. « C’est Seck [Ndombé] qui m’a mis en rapport avec Ndiaw Kane. C’est lui qui m’a fourni les listes de bénéficiaires. Ensuite, je faisais remplir les fiches et je déposais les demandes à l’Ucms », a-t-il révélé aux gendarmes.
Enfin, elle rajouta qu’elle a reçu sa convocation par la Sr, suite aux déclarations de Seck, entre autres, ont bénéficié de prêts. Mais, à ce jour, il est difficile de juger avec exactitude les montants détournés ou les contrats signés au nom de faux bénéficiaires. L’enquête suit toujours son cours. Ce réseau tentaculaire, à forte ramification, s’est appuyé sur plusieurs failles du système, à la portée limitée.
Les révélations accablantes de Ndèye Sam
Lors de son audition, Ndèye Sam, opposante politique issue de la coalition Yewwi Askan Wi, a tenté de se défendre. Elle reconnaît avoir été approchée par Abdou Mat Seck, mais affirme qu’il ne lui avait jamais été question de prêt. « On m’a juste demandé de me présenter pour un retrait à l’agence des Parcelles sur un compte qui n’était même pas à mon nom. »
Les enquêteurs ne croient pas en sa version, d’autant que Ndèye Sam a été plus d’une fois entendue dans ce type de dossier. Le parquet de Dakar devrait requalifier les faits pour ramener tout le dossier à une même cause.
Libération