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Éthiopie : l’OLA, l’autre groupe armé déterminé à renverser Abiy Ahmed

Dimanche 14 Novembre 2021

Allié aux rebelles tigréens du TPLF, l’Armée de libération oromo (OLA), dirigée par Jaal Marroo, menace de marcher sur Addis-Abeba. Cette convergence des luttes peut-elle avoir raison du Premier ministre éthiopien ?

Abiy Ahmed n’y a-t-il vu qu’une rodomontade ou prend-il la menace au sérieux ? « Ce dont je suis sûr, c’est que tout cela va se terminer très bientôt, a déclaré Jaal Marroo, le 7 novembre. Nous nous préparons à lancer une nouvelle attaque. » Sûr de lui, le chef de l’Armée de libération oromo (OLA) s’est dit convaincu que le « gouvernement essaie juste de gagner du temps et de provoquer une guerre civile [en appelant] la nation à se battre ».

Au mois d’août dernier, l’OLA – branche armée du Front de libération oromo, OLF, créé en 1973 – a rejoint le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Ensemble, ils ont déjà menacé de marcher sur Addis-Abeba. En 2018 pourtant, alors qu’Abiy Ahmed venait d’arriver à la primature, l’OLF et son gouvernement avaient conclu un accord de paix destiné à mettre un terme à quarante-cinq ans de lutte pour l’autodétermination de l’Oromia, la région la plus vaste et la plus peuplée du pays. Une cérémonie organisée à Meskel Square, au cœur de la capitale, avait même officiellement marqué le retour d’exil des dirigeants historiques de l’OLF, dont celui de son leader, Dawud Ibsa.

Mais Jaal Marroo, lui, se méfiait de la main tendue d’Abiy Ahmed. Le retour de l’OLF lui paraissait n’être que symbolique et, sans armes, le peuple oromo n’aurait plus eu de moyen de pression si Addis-Abeba décidait de revenir sur ses promesses. Il avait donc refusé de désarmer, ce qui avait contribué à la rupture entre l’OLF et l’OLA.

Front commun
Début novembre, l’OLA, le TPLF et sept autres groupes rebelles ont annoncé qu’ils faisaient front commun contre l’armée fédérale. « Ce Front uni vise essentiellement à éliminer, en premier lieu et pour l’essentiel, le régime génocidaire en Éthiopie et à mettre en place un système transitoire dans lequel toutes les parties et toutes les entités concernées se réuniront et discuteront de l’avenir de l’Éthiopie, explique l’un de ses porte-parole. Cela contribuera à sauver le pays d’un nouveau carnage et à faire en sorte que les différentes identités du pays puissent décider de leur sort. »

On ne sait que peu de choses de Jaal Marroo. Le passé qu’il met volontiers en avant a été conçu comme une saga épique, destinée à inspirer ses partisans. Né Miliyon Diriba, il a choisi de se faire appeler « Jaal », qui signifie « camarade », en langue oromo. Au début des années 2000, il entre à l’université d’Addis-Abeba et y étudie la gestion. Membre du Combat pour résister à l’oppression puis d’un mouvement clandestin baptisé Jeunesse pour la liberté de l’Oromia, il est arrêté à plusieurs reprises avant de rejoindre formellement l’OLA. Il fuit au Kenya, puis en Ouganda où il est arrêté, en 2008, et emprisonné pendant un an et demi. Finalement libéré, il prend de nouveau la fuite et trouve refuge en Érythrée. Il ne revient en Éthiopie qu’après la mort du commandant militaire de l’OLA, Jaal Legesse Wogi, tué au front en 2010. De Jaal Marroo, on connaît également le frère, Sisay Diriba. Économiste enseignant à l’université Haramaya, située en Oromia, il publie de fréquentes déclarations pro-OLA sur sa page Facebook. En décembre 2020, il avait accusé le gouvernement fédéral d’avoir battu ses parents et enlevé son père.

Accusations et démenti
L’OLA a elle-même souvent été accusée d’enlèvements et d’attentats à la bombe, avec en point d’orgue une attaque perpétrée dans le village de Gawa Qanqa en novembre 2020 – 54 personnes, pour la plupart issues de la communauté amhara, y avaient perdu la vie. Amnesty International avait à l’époque souligné le fait que les responsables de l’attaque étaient « soupçonnés d’être des membres de l’Armée de libération oromo », ce que Jaal Marroo avait démenti. Quelques mois plus tard, il avait ajouté : « Concernant les atrocités commises sur des Amhara innocents dans l’Oromia occidental, le gouvernement éthiopien est le seul responsable. Un organisme indépendant doit avoir accès aux zones en question et l’OLA est plus que prête à coopérer [avec] les enquêteurs. »

En 2014, Amnesty a par ailleurs publié un rapport qui révélait que, entre 2011 et 2014, au moins 5 000 Oromos avaient été arrêtés en raison de leur opposition – réelle ou présumée – au gouvernement. Sur Facebook, de nombreuses publications se font aussi l’écho de violences commises les années suivantes par l’armée fédérale – des violences non relatées sur les grandes chaînes de télévision.

Ces accusations sont difficiles à vérifier mais l’année dernière, dans un rapport sur les violations des droits humains commises par les forces de sécurité éthiopiennes, Amnesty a confirmé que des crimes avaient été commis en Amhara et en Oromia. « Les forces de sécurité éthiopiennes ont commis d’horribles violations des droits humains, notamment des incendies de maisons, des exécutions extrajudiciaires, des viols, des arrestations et des détentions arbitraires, parfois de familles entières », écrivait Amnesty.
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