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Diary Sow : un retour trop bien écrit ?

Mercredi 3 Février 2021

La fugue, début janvier, de cette brillante étudiante sénégalaise avait ému et mobilisé tout le pays. Sa réapparition, qui coïncide avec l’annonce de son second roman, suscite autant d’interrogations que de critiques.

Le ton est lyrique, la voix assurée. C’est une vidéo de trois minutes compilant des images de défilés de mode et de publicités de parfum, où l’on voit de séduisantes jeunes femmes noires arpenter le désert, poser au bas de cascades ou défiler dans des robes de haute couture. Une musique sirupeuse accompagne la voix d’une jeune femme qui déclare «être deux femmes distinctes» ou «avoir longtemps cru que sa vie ne serait que pénitence».


Cette vidéo pourrait n’être qu’un post parmi d’autres sur les réseaux sociaux, si elle n’émanait pas d’une jeune femme dont la disparition a mis un pays entier en émoi : Diary Sow. Agée de 20 ans, cette étudiante sénégalaise, en prépa scientifique au lycée Louis-le-Grand à Paris, avait soulevé un vent d’inquiétude au plus haut niveau de l’Etat en disparaissant le 4 janvier, à quelques mois des concours.

Si la famille avait, dans un premier temps, rejeté le scénario de la fugue, cette piste a rapidement été privilégiée par les enquêteurs français qui ont découvert une chambre vide et un ordinateur à l’historique sans équivoque – les dernières recherches de Diary Sow portaient sur la légalité d’une disparition volontaire en France.

Rumeurs et semi-confidences
Le 21 janvier, Serigne Mbaye Thiam, ministre sénégalais de l’Eau et mentor de la jeune femme, avait publié sur son compte Twitter des échanges avec sa protégée. Des phrases sibyllines n’apportant guère de réponses. «Ceux qui cherchent une explication rationnelle à mon acte seront déçus, puisqu’il n’en a aucune», affirmait Diary Sow, infirmant l’hypothèse de la pression scolaire avancée par de nombreux commentateurs. «La jeune fille que tu connais n’aurait pour rien au monde raté un jour d’école. La pression ? Non. La pression n’a jamais été un frein pour moi. Au contraire. Je ne suis victime d’aucune sorte de pression de la part de qui que ce soit, dans mon entourage.» Ces explications avaient fait glisser l’opinion publique de l’angoisse à l’incompréhension – certains sites allant jusqu’à affirmer que l’étudiante aurait été victime de maraboutage. Selon la presse sénégalaise, Diary Sow serait discrètement rentrée au Sénégal, hébergée au domicile dakarois de Serigne Mbaye Thiam.

Sur son compte Instagram – certifié depuis lundi –, la jeune femme s’exprime directement pour la première fois, après quatre semaines d’une intense spéculation médiatique mêlant suppositions d’internautes, déclarations de proches, rumeurs, communiqués officiels du consulat et semi-confidences de diplomates sénégalais. La vidéo postée lundi est le trailer du second roman de Diary Sow, qui cite Marc Levy et Guillaume Musso comme influences littéraires. Le livre raconte l’histoire d’une disparition. Celle d’Allyn, une jeune femme désireuse d’échapper à son milieu qui s’enfuit à Paris. Vingt-quatre heures après sa mise en ligne, la vidéo comptait plus de 100 000 vues. Et pas un mot de son autrice sur la fugue qui a tenu le Sénégal en haleine pendant un mois. Un simple commentaire, en réponse à un internaute déçu que la jeune femme ait renoncé aux prestigieuses écoles parisiennes qui auraient été la suite logique de son brillant parcours scolaire : «Qui dit que je renonce à quoi que ce soit ?» Puis le silence, une fois encore.

Vacarme
Depuis la mise en ligne de cette vidéo, nombreux sont ceux qui conspuent la jeune femme, hier idéalisée. Le jour même, son nom figurait en première position des sujets les plus discutés sur Twitter, avec plus de 50 000 tweets en une journée. Si certains trouvent en l’odyssée de l’étudiante matière à plaisanter («Diary Sow fugue, elle rentre avec un livre. Toi, tu fugues, tu rentres avec une grossesse»), d’autres donnent libre cours à leur colère : après s’être sincèrement inquiétés de son sort, ils s’estiment manipulés. «Faut arrêter de dire que Diary Sow ne doit de comptes à personne. Beaucoup de gens ont été touchés par sa disparition, beaucoup se sont mobilisés pour qu’on la retrouve, des particuliers, des policiers, des diplomates, etc. pendant que la meuf se croyait à Nollywood [l’industrie du cinéma nigérian, ndlr]», vitupère une internaute, parmi un déluge de messages similaires.

Au milieu du vacarme, de rares personnes appellent au silence. Trop peu pour faire taire la question qui brûle les claviers des anciens soutiens de la jeune femme : Diary Sow n’aurait-elle fugué qu’à des fins promotionnelles, en vue de la sortie imminente de son second roman ? A Dakar, son premier livre aux ventes confidentielles avant la disparition de la jeune femme est partout en rupture de stock – dans les librairies du centre-ville comme à L’Harmattan, sa maison d’édition. Dans une récente interview, son éditeur affirmait par ailleurs que les ventes de ce premier livre s’étaient envolées depuis janvier. La parution du second roman est donc prévue dans les semaines à venir. Son titre offre de troublantes similitudes avec le parcours de la jeune femme : Les masques tombent.


Source: Libération.fr
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