L’assaut a démarré à l’aube. Dès 5 h 30 du matin, ce dimanche 11 mai, des nuées de jihadistes à motos ont déferlé sur la ville de Djibo, ainsi que sur sept autres localités des provinces du Soum et du Yatenga, dans le nord du Burkina Faso, lors d’une vaste opération coordonnée. Les combattants du groupe Ansarul Islam, branche burkinabè du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM, affilié à Al-Qaïda), ont défilé au cœur de Djibo, avant de se diriger vers le camp militaire du 14e Régiment interarmes (RIA), à l’ouest de la ville, faisant des dizaines de morts parmi les soldats et les civils.
Une vidéo de l’assaut, consultée par Jeune Afrique, permet de reconstituer le parcours effectué par les terroristes dans la ville. Après être arrivés par le nord de Djibo, ils ont emprunté la route nationale 22 (N22) qui mène au camp militaire où sont regroupés des éléments appartenant au 3e Groupement d’intervention rapide, dont les hommes du 22ᵉ Bataillon d’intervention rapide (22 BIR).
Après deux heures de combat, les Forces de défense sont débordées
Sur les images, on décompte une trentaine de motos, avec deux hommes par véhicule, qui circulent sans rencontrer d’opposition. Les rues sont désertes, la population a fui ou s’est calfeutrée. La cohorte passe devant cette villa, que l’on reconnaît sur les images satellitaires.
Les motos poursuivent leur route en direction de l’ouest sur la N22, passant devant la maison d’arrêt de Djibo et le palais de justice. On aperçoit brièvement un panneau planté à droite de l’entrée du complexe judiciaire sur lequel on peut lire « ministère de la Justice ». À l’approche du camp militaire, les tirs claquent. Les combattants jihadistes descendent de leurs motos et se positionnent sur les digues qui encerclent cette base de 140 hectares.
Après environ deux heures de combat, les Forces de défense sont débordées et les jihadistes parviennent à prendre le camp. Sur une deuxième vidéo, les assaillants filment les conséquences de leur attaque. Les flammes se propagent sur un sol herbacé où sont étendus les corps d’une dizaine de soldats – certains sont carbonisés. Deux jihadistes mettent les pieds sur un cadavre dont le t-shirt révèle l’inscription « BIR ». Après avoir conquis le terrain, les terroristes pillent les arsenaux de la base. Une troisième vidéo montre un conteneur éventré, des cartons de rations et des munitions de mitrailleuse 12,7 mm sont éparpillés au sol.
La mairie, le commissariat et des postes des VDP saccagés
Les véhicules présents sont volés. Une quatrième vidéo montre les jihadistes prendre possession de sept pick-up montés de mitrailleuses et une soixantaine de motos camouflées, ainsi qu’une ambulance militaire, comme l’atteste une cinquième vidéo. Les terroristes trouvent même le temps de se photographier dans le bureau du commandant de la base, assis dans son fauteuil, juste sous le portrait du président Ibrahim Traoré. Les combattants se répartissent alors dans la ville qui compte 300 000 habitants, parmi lesquels une large majorité de rescapés de précédentes attaques jihadistes dans les villages alentour, venus se réfugier dans des campements à Djibo.
Le commissariat, la gendarmerie, la mairie et des postes des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) sont à leur tour saccagés, ainsi que des commerces, des résidences et le marché. Plusieurs quartiers sont ciblés. Des sources locales évoquent l’exécution de civils. Une fois le sac de la ville terminé, les assaillants repartent vers 14 heures. Deux jeunes jihadistes en profitent pour se mettre en scène, fusil mitrailleur PKM et cartouches en bandoulière, dans une pose victorieuse sur le rond-point de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Il s’agit là de la plus grave attaque subie par Djibo, ville martyre, menacée depuis 2023 par un blocus jihadiste. S’il n’y a pour l’heure pas de bilan définitif, les sources locales font état de plusieurs dizaines de victimes civiles et militaires. Ce n’est pas la première fois que la base militaire du 14ᵉ RIA est ciblée. Le 24 octobre 2022, un assaut des terroristes d’Ansarul Islam avait causé la mort de dix soldats en blessant cinquante autres. Selon les chiffres officiels, dix-huit terroristes avaient été abattus. Le 21 février 2024, une nouvelle attaque à l’est de la ville était cette fois-ci déjouée par les militaires grâce à des frappes ciblées sur les positions d’une quarantaine d’ennemis.
Huit localités frappées
Si Djibo est la plus grande ville razziée par les jihadistes ce dimanche, ces derniers ont coordonné leur assaut sur au moins sept autres localités du nord, à Solé, Sabcé, Boko, Ouargaye, Youba, Yabonsgo et Sodin. L’état d’alerte a été donné dans plusieurs garnisons. Ainsi, le commandant du 12ᵉ régiment d’infanterie commando basé à Ouahigouya, dans l’un des départements touchés, a émis un ordre de suspension des permissions. « Au regard de la situation sécuritaire en cours # Suspension de permissions pour compter de ce jour jusqu’à nouvel ordre # Tous les éléments en permission sont ordonnés de rejoindre le corps # Dans un délai de 24 heures au plus tard. », détaille le message.
Tandis que les attaques embrasaient le nord du Burkina Faso ce dimanche, le capitaine Ibrahim Traoré se trouvait en Russie, invité par Vladimir Poutine aux célébrations du Jour de la victoire du 9 mai. À l’occasion de ce voyage, le président burkinabè a pu féliciter les ingénieurs russes à l’origine de l’« Orechnik », le missile balistique à têtes multiples « qui fait trembler le monde », selon ses propres termes.
Jeune Afrique
Une vidéo de l’assaut, consultée par Jeune Afrique, permet de reconstituer le parcours effectué par les terroristes dans la ville. Après être arrivés par le nord de Djibo, ils ont emprunté la route nationale 22 (N22) qui mène au camp militaire où sont regroupés des éléments appartenant au 3e Groupement d’intervention rapide, dont les hommes du 22ᵉ Bataillon d’intervention rapide (22 BIR).
Après deux heures de combat, les Forces de défense sont débordées
Sur les images, on décompte une trentaine de motos, avec deux hommes par véhicule, qui circulent sans rencontrer d’opposition. Les rues sont désertes, la population a fui ou s’est calfeutrée. La cohorte passe devant cette villa, que l’on reconnaît sur les images satellitaires.
Les motos poursuivent leur route en direction de l’ouest sur la N22, passant devant la maison d’arrêt de Djibo et le palais de justice. On aperçoit brièvement un panneau planté à droite de l’entrée du complexe judiciaire sur lequel on peut lire « ministère de la Justice ». À l’approche du camp militaire, les tirs claquent. Les combattants jihadistes descendent de leurs motos et se positionnent sur les digues qui encerclent cette base de 140 hectares.
Après environ deux heures de combat, les Forces de défense sont débordées et les jihadistes parviennent à prendre le camp. Sur une deuxième vidéo, les assaillants filment les conséquences de leur attaque. Les flammes se propagent sur un sol herbacé où sont étendus les corps d’une dizaine de soldats – certains sont carbonisés. Deux jihadistes mettent les pieds sur un cadavre dont le t-shirt révèle l’inscription « BIR ». Après avoir conquis le terrain, les terroristes pillent les arsenaux de la base. Une troisième vidéo montre un conteneur éventré, des cartons de rations et des munitions de mitrailleuse 12,7 mm sont éparpillés au sol.
La mairie, le commissariat et des postes des VDP saccagés
Les véhicules présents sont volés. Une quatrième vidéo montre les jihadistes prendre possession de sept pick-up montés de mitrailleuses et une soixantaine de motos camouflées, ainsi qu’une ambulance militaire, comme l’atteste une cinquième vidéo. Les terroristes trouvent même le temps de se photographier dans le bureau du commandant de la base, assis dans son fauteuil, juste sous le portrait du président Ibrahim Traoré. Les combattants se répartissent alors dans la ville qui compte 300 000 habitants, parmi lesquels une large majorité de rescapés de précédentes attaques jihadistes dans les villages alentour, venus se réfugier dans des campements à Djibo.
Le commissariat, la gendarmerie, la mairie et des postes des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) sont à leur tour saccagés, ainsi que des commerces, des résidences et le marché. Plusieurs quartiers sont ciblés. Des sources locales évoquent l’exécution de civils. Une fois le sac de la ville terminé, les assaillants repartent vers 14 heures. Deux jeunes jihadistes en profitent pour se mettre en scène, fusil mitrailleur PKM et cartouches en bandoulière, dans une pose victorieuse sur le rond-point de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Il s’agit là de la plus grave attaque subie par Djibo, ville martyre, menacée depuis 2023 par un blocus jihadiste. S’il n’y a pour l’heure pas de bilan définitif, les sources locales font état de plusieurs dizaines de victimes civiles et militaires. Ce n’est pas la première fois que la base militaire du 14ᵉ RIA est ciblée. Le 24 octobre 2022, un assaut des terroristes d’Ansarul Islam avait causé la mort de dix soldats en blessant cinquante autres. Selon les chiffres officiels, dix-huit terroristes avaient été abattus. Le 21 février 2024, une nouvelle attaque à l’est de la ville était cette fois-ci déjouée par les militaires grâce à des frappes ciblées sur les positions d’une quarantaine d’ennemis.
Huit localités frappées
Si Djibo est la plus grande ville razziée par les jihadistes ce dimanche, ces derniers ont coordonné leur assaut sur au moins sept autres localités du nord, à Solé, Sabcé, Boko, Ouargaye, Youba, Yabonsgo et Sodin. L’état d’alerte a été donné dans plusieurs garnisons. Ainsi, le commandant du 12ᵉ régiment d’infanterie commando basé à Ouahigouya, dans l’un des départements touchés, a émis un ordre de suspension des permissions. « Au regard de la situation sécuritaire en cours # Suspension de permissions pour compter de ce jour jusqu’à nouvel ordre # Tous les éléments en permission sont ordonnés de rejoindre le corps # Dans un délai de 24 heures au plus tard. », détaille le message.
Tandis que les attaques embrasaient le nord du Burkina Faso ce dimanche, le capitaine Ibrahim Traoré se trouvait en Russie, invité par Vladimir Poutine aux célébrations du Jour de la victoire du 9 mai. À l’occasion de ce voyage, le président burkinabè a pu féliciter les ingénieurs russes à l’origine de l’« Orechnik », le missile balistique à têtes multiples « qui fait trembler le monde », selon ses propres termes.
Jeune Afrique