Menu

Adama Dieng à Félix Tshisekedi : « Un dialogue direct avec le M23 est nécessaire »

Dimanche 2 Mars 2025

Sa mission est de taille. Adama Dieng est l’envoyé spécial de l’Union africaine (UA) pour la prévention du crime de génocide et des autres atrocités de masse. Or, depuis les années 1990, l’Afrique n’avait pas été en prise avec autant de conflits, de menaces territoriales, de crises institutionnelles, de violations des droits de l’homme et de risques de génocide.

Ce juriste sénégalais de 74 ans, nommé à ce poste en avril 2024, espère donc pouvoir mettre à profit sa longue carrière internationale. Greffier du Tribunal pénal international pour le Rwanda, de 2001 à 2008, puis expert des Nations unies sur la situation des droits humains au Soudan, il reprend pour l’UA le rôle qu’il occupait à l’ONU, de 2012 à 2020, celui de vigie des crimes de masse.

Après avoir pris Goma et Bukavu, le M23 continue sa progression dans l’est de la RDC, avec l’appui du Rwanda et l’engagement d’autres acteurs locaux, comme le Burundi. Craignez-vous une guerre régionale, voire un génocide ?

Adama Dieng : Ce risque existe bel et bien. J’étais au mois de novembre à Kinshasa, Goma et Kigali dans le cadre de ma première mission en qualité d’envoyé spécial de l’Union africaine pour la prévention du génocide et des atrocités de masse. Si j’ai choisi les Grands Lacs, ce n’est pas un hasard.


Nous savons tous que c’est une région qui a déjà connu le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994. Aujourd’hui, le conflit avec le M23 risque de s’étendre au-delà du Kivu et de déclencher une nouvelle guerre régionale entre la RDC, alliée au Burundi, et le Rwanda. Si un tel conflit venait à éclater, il est probable que l’Ouganda cherche aussi à préserver ses intérêts.

Que préconisez-vous pour un retour rapide à la paix ? 

Il est moralement et politiquement impératif de convaincre les présidents congolais Félix Tshisekedi et burundais Évariste Ndayishimiye, de faire cesser toute collaboration de leurs armées respectives avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Plus de trente ans après le génocide des Tutsi, l’idéologie génocidaire doit être définitivement éradiquée de la région des Grands Lacs. Quant à ses partisans, ils doivent être poursuivis sans relâche. Il en incombe à l’UA de s’en assurer.

La Belgique et le Royaume-Uni ont pris des sanctions contre le Rwanda, accusé de soutenir le groupe armé. Est-ce de bonnes mesures ?

Je ne pense pas que ce soit la bonne solution. Ce qu’il faudrait aujourd’hui, c’est mettre la pression pour que les deux parties se retrouvent autour de la table et discutent de la manière la plus sincère possible. Il faut que le président Tshisekedi accepte le dialogue direct avec le M23 pour mettre la partie rwandaise devant ses responsabilités. Si le Rwanda revendique l’existence d’une discrimination contre les populations congolaises d’origine Tutsi, qu’il en apporte la preuve. S’il refuse, cela ne facilitera pas la tâche. 

Quels sont les outils concrets dont dispose l’UA pour éviter une guerre régionale ?

Je crois qu’aujourd’hui, il faudra aller assez loin. Il est regrettable que la communauté internationale ait été assez passive, donnant l’impression que le sort de ces populations congolaises d’origine Tutsi n’était pas sa priorité. Une intervention militaire pourrait être envisagée, malheureusement l’Union africaine n’en a pas les moyens.

L’article 4(h) de son acte constitutif lui donne la possibilité d’intervenir sur autorisation de la conférence des chefs d’État dans des situations graves où il y a un risque de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Mais cet outil n’a jamais été utilisé, malgré une tentative, en 2015, avec une proposition de déploiement de 5 000 hommes de troupe au Burundi.

JA
Lisez encore

Nouveau commentaire :



AUTRES INFOS

Premier League : Liverpool écrase Tottenham (5-1) et décroche son 20e titre

BAL 2025 : Bassirou Diomaye Faye porte haut les couleurs du sport et de la culture sénégalaise

Copa del Rey : Un Barça héroïque terrasse le Real Madrid au bout du suspense

Ligue 1: Lyon sans pitié pour Rennes ! 4-1

Le cercueil du pape François : une gifle silencieuse aux excès

POLICE : L'artiste Mia Guissé convoquée à la Division spéciale de cybersécurité

Macabre découverte à l'hôtel Farid de Dakar : le corps sans vie d'un commandant retrouvé

Fatoumata Mara : « L’albinisme, une force, pas une faiblesse »

Cap-Skirring : le DG de l’ONASE, Toussaint Manga, inaugure une nouvelle agence

Lutte sénégalaise : Tapha Tine défie Modou Lô et promet un KO foudroyant