Tambacounda doit cesser d’être la Fosse Commune des Hauts Fonctionnaires en disgrâce. Depuis l'indépendance du Sénégal, la région de Tambacounda, communément appelée le Sénégal Oriental, a été victime d'une marginalisation systématique, qui rappelle de manière troublante les mécanismes de l’orientalisme décrits par Edward Said.
Dans son ouvrage fondamental, Said dénonçait la manière dont l'Occident construisait des représentations stéréotypées et condescendantes de l'Orient pour justifier sa domination. De la même manière, le "Sénégal-Orientalisme" est une forme de discours qui a persisté au fil des régimes, de Léopold Sédar Senghor à nos jours, pour reléguer cette région à une sorte de « fosse commune » administrative, un lieu où sont exilés les hauts fonctionnaires en disgrâce.
Le régime de Bassirou Diomaye Faye ne doit pas s’inscrire dans la continuité.
Une Continuité des Pratiques sous le Nouveau Régime
Aujourd'hui, le nouveau régime ne fait que perpétuer cette tradition de relégation. Tambacounda continue d'être perçue à travers le prisme d'une distance géographique et symbolique, accentuée par des stéréotypes persistants sur la chaleur accablante, l'enclavement et l'isolement de la région. Ces clichés, hérités des régimes précédents, servent encore de prétexte pour justifier l'exil de hauts fonctionnaires.
Les récents cas de Maham Diallo et Mamadou Seck, deux figures de la magistrature, en sont des exemples frappants. Ces hommes, autrefois influents dans les cercles du pouvoir, ont été envoyés à Tambacounda, non pas en reconnaissance de leur compétence, mais comme une sanction déguisée. Cette décision révèle à quel point la région est encore perçue comme une sorte de « purgatoire administratif », un lieu où l'on envoie ceux que l'on souhaite écarter du centre du pouvoir.
Ce "Sénégal-Orientalisme", qui maintient Tambacounda dans une position subalterne, est une construction idéologique qui doit être déconstruite. Comme l'Orient de Said, le Sénégal Oriental n'est pas un espace statique, figé dans des représentations archaïques et réductrices. C'est une région riche en histoire, en culture, et en potentiel de développement. Pourtant, elle continue d'être victime d'une politique de marginalisation qui perpétue des inégalités profondes.
Il est temps de repenser notre rapport à cette région, de la considérer non pas comme un lieu de punition, mais comme une partie intégrante et vitale du Sénégal. Pour ce faire, nous devons briser les chaînes du "Sénégal-Orientalisme" et reconnaître que Tambacounda mérite d'être valorisée pour ses atouts et non utilisée comme un instrument de sanction.
Il est crucial que le nouveau régime, ainsi que les futurs dirigeants, mettent fin à cette pratique rétrograde. Le développement du Sénégal ne pourra être complet que lorsque toutes ses régions, y compris Tambacounda, seront traitées avec respect et équité. Ce n'est qu'à ce moment-là que nous pourrons véritablement dire que nous avons surmonté les stigmates du passé et que nous construisons un avenir inclusif pour tous.
Dr Souleymane NDAO, maître de conférences titulaire. Littérature et Civilisation Américaines.
Dans son ouvrage fondamental, Said dénonçait la manière dont l'Occident construisait des représentations stéréotypées et condescendantes de l'Orient pour justifier sa domination. De la même manière, le "Sénégal-Orientalisme" est une forme de discours qui a persisté au fil des régimes, de Léopold Sédar Senghor à nos jours, pour reléguer cette région à une sorte de « fosse commune » administrative, un lieu où sont exilés les hauts fonctionnaires en disgrâce.
Le régime de Bassirou Diomaye Faye ne doit pas s’inscrire dans la continuité.
Une Continuité des Pratiques sous le Nouveau Régime
Aujourd'hui, le nouveau régime ne fait que perpétuer cette tradition de relégation. Tambacounda continue d'être perçue à travers le prisme d'une distance géographique et symbolique, accentuée par des stéréotypes persistants sur la chaleur accablante, l'enclavement et l'isolement de la région. Ces clichés, hérités des régimes précédents, servent encore de prétexte pour justifier l'exil de hauts fonctionnaires.
Les récents cas de Maham Diallo et Mamadou Seck, deux figures de la magistrature, en sont des exemples frappants. Ces hommes, autrefois influents dans les cercles du pouvoir, ont été envoyés à Tambacounda, non pas en reconnaissance de leur compétence, mais comme une sanction déguisée. Cette décision révèle à quel point la région est encore perçue comme une sorte de « purgatoire administratif », un lieu où l'on envoie ceux que l'on souhaite écarter du centre du pouvoir.
Ce "Sénégal-Orientalisme", qui maintient Tambacounda dans une position subalterne, est une construction idéologique qui doit être déconstruite. Comme l'Orient de Said, le Sénégal Oriental n'est pas un espace statique, figé dans des représentations archaïques et réductrices. C'est une région riche en histoire, en culture, et en potentiel de développement. Pourtant, elle continue d'être victime d'une politique de marginalisation qui perpétue des inégalités profondes.
Il est temps de repenser notre rapport à cette région, de la considérer non pas comme un lieu de punition, mais comme une partie intégrante et vitale du Sénégal. Pour ce faire, nous devons briser les chaînes du "Sénégal-Orientalisme" et reconnaître que Tambacounda mérite d'être valorisée pour ses atouts et non utilisée comme un instrument de sanction.
Il est crucial que le nouveau régime, ainsi que les futurs dirigeants, mettent fin à cette pratique rétrograde. Le développement du Sénégal ne pourra être complet que lorsque toutes ses régions, y compris Tambacounda, seront traitées avec respect et équité. Ce n'est qu'à ce moment-là que nous pourrons véritablement dire que nous avons surmonté les stigmates du passé et que nous construisons un avenir inclusif pour tous.
Dr Souleymane NDAO, maître de conférences titulaire. Littérature et Civilisation Américaines.