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Sénégal : Ô République de l’injustice ! (El Aboubacar Sylla)

Dimanche 4 Août 2019

La justice est un des biens les plus précieux d’une société. Sans elle, les citoyens ne peuvent pas entretenir la confiance avec leurs élites. C’est la pierre angulaire qui permet aux acteurs de la politique et à chacun de considérer que les lois sont légales et justes. C’est elle qui inspire confiance dans le système politique.


Trop souvent, les politiciens pensent que parce qu’ils ont voté une loi, celle-ci, par un acte magique, est appliquée universellement et aveuglement. Cela est bien faux. Le pouvoir des politiciens ne peut que s’exercer s’il a la confiance du peuple. Sans cette confiance, les parlementaires votent des lois que les gens ignoreront et le Gouvernement se heurtera à un mur de silence quand il donnera des ordres.


Rien n’est plus terrifiant que le moment où le Président de la République prend le téléphone et qu’il n’y a plus personne pour prendre l’appel.  Rien plus effrayant que quand il voit des jeunes soldats arriver dans son bureau, le pouce à la détente, prêt à en finir avec le tyran. C’est pourquoi la confiance du Peuple est vital ; c’est pourquoi il ne faut jamais abuser du système judiciaire d’un pays.


Manipuler la justice à des buts politiques, c’est le début de la fin. C’est arracher la pierre angulaire du système politique. Quand les juges sont considérés comme à la solde d’un clan ou d’un homme ; tous leurs jugements portent la tâche et l’odeur pestilente de l’infâmie et l’illégalité. Les juges ne sont plus vus comme les gardiens du temple, mais les complices des pilleurs. Il n’y a alors plus rien qui donne aux lois ce manteau de légalité si vital. Une fois cela fait, plus personne ne considéra les institutions du pays comme légitimes.


Je crains que la République du Sénégal soit sur la route de sa destruction. Les élites politiques ont commis le méfait suprême, à savoir mettre la justice au service de leurs ambitions les plus sombres et infâmes. Nous pouvons d’ores et déjà sentir l’odeur de la putréfaction de nos institutions. La condamnation de Guy Marius Sagna, dont le seul crime fut un post sur Facebook et la condamnation arbitraire de Khalifa Sall en témoignent.


Cette destruction ne sera pas spectaculaire. Comme toutes les tragédies, personne ne verra la décomposition de notre pays avant des années, mais elle a débuté. Quand les institutions tomberont, elles ne le feront pas de manière dramatique. Ce sera une matinée comme tant d’autres, mais après des années voire de décennies de corruption, de justice abusée, de lois manipulées ; les portes du Parlement resteront fermées. La démocratie sera morte sous un souffle de soulagement, car elle aura été tuée par ceux qui devaient la défendre. A force de penser qu’à leurs intérêts, leurs comptes bancaires et leurs familles, ils auront mis à terre une nation.

La corruption de la justice, la mise sous tutelle des parlementaires et la gestion arbitraire et clientéliste du Gouvernement sont les trois cavaliers de la fin d’un pays. Une fois que ce Mal a débuté d’infecter le corps politique, il n’y a presque rien qui puisse être fait.

L’infection se répand à travers chaque aspect de la société jusqu’au point que le corps social meurt. Peut-on croire que nos politiciens comprendront cela ? Non. Ils sont aveuglés par leur avidité et leur soif de pouvoir pour se rendre compte que les bénéfices qu’ils obtiennent aujourd’hui vont condamner le pays de leurs petits-enfants. Ils s’enfichent en vérité. Pourquoi ? Car ils n’aiment pas leurs enfants et leurs petits-enfants. Leur amour pour l’autre n’est que superficiel. Ce qu’ils aiment, c’est eux-mêmes. Ils vendraient leurs enfants sur le marché d’esclaves si cela leur donnait un mandat de plus ou un million de dollars. Ils tueraient leurs mères si cela pouvait leur assurer dix ans à la tête de la Nation.


Ils regardent les paysans de haut et rigolent des gens honnêtes. Ils les considèrent comme bêtes et naïfs. Ils corrompent les juges, menacent les parlementaires et soudoient les ministres avec des cadeaux sans en ressentir la moindre hésitation.


La Religion ? Une chose bonne pour les gens stupides selon eux. Ils rigolent de Dieu. Rien n’est sacré, rien méritant leur respect, l’humilité absente depuis bien longtemps de leurs cœurs. Ils ne voient pas que non seulement ils conduisent la Nation au désastre, mais qu’ils damnent leurs âmes.


Leur sort sera à la hauteur de leurs crimes. Ils se tiendront devant Dieu, un astre dont la lumière omniprésente usuellement si douce et reposante, sera pour eux flammes et douleurs atroces. Les Prophètes se tiendront là, à droite, leurs cœurs remplis de colères face à ceux qui ont causé tant de ruines. Parmi les Saints à gauche, un homme nait dans notre pays, pleura le désastre.
 
El Aboubacar Sylla
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