Soixante ans jour pour jour après le coup d’État du général Joseph-Désiré Mobutu, la scène paraît presque irréelle au regard de la suite de l’histoire : un putsch sans coup de feu, annoncé à la radio, accueilli sans véritable résistance ni du camp présidentiel, ni de celui du chef du gouvernement. En quelques heures, le chef de l’armée congolaise renverse Joseph Kasa-Vubu, écarte Moïse Tshombe, suspend le jeu politique et impose un « régime d’exception » appelé à durer bien au-delà des cinq années qu’il promettra alors.
Au milieu des années 1960, le Congo indépendant est un État épuisé. Comme le rappelle Daniel Mukoko Samba dans Guérir le Congo du mal zaïrois, l’économie est sous perfusion publique : jusqu’à 84 % des crédits bancaires sont absorbés par l’État, l’expansion monétaire s’emballe, le déficit public se creuse, les prix montent sur les marchés de Kinshasa. Les revendications salariales se multiplient et se traduisent par des hausses successives au cours de l’année 1965.
Sur ce terreau, les rébellions nourrissent la peur d’un effondrement. La révolte du Kwilu, les insurrections simbas qui touchent Kisangani, Bukavu et une large part du territoire plongent le pays dans une guerre interne prolongée. Selon Mukoko Samba, les élections de mars-avril 1965, loin d’apaiser les tensions, débouchent sur une crise politique renforcée. C’est dans cette conjonction d’anarchie politique et de désordre économique que Mobutu trouvera, quelques mois plus tard, la justification de son coup de force.
Du rappel de Tshombe à l’impasse institutionnelle
Pour tenter d’éviter la dislocation de l’État, Kasa-Vubu avait rappelé, en 1964, Moïse Tshombe, l’ancien leader sécessionniste katangais, pour former un gouvernement. Bernard Lugan, dans Histoire de l’Afrique de nos origines à nos jours, rappelle qu’à ce moment, le Congo « sombre dans l’anarchie » : l’armée nationale congolaise peine à contenir les rébellions, des opposants s’organisent à Brazzaville autour du Comité national de libération, et il faut l’intervention de troupes belges et de mercenaires pour reprendre des villes et libérer des otages.
Tshombe, revenu à la primature, capitalise pourtant sur ses succès militaires. Son parti, la CONACO, remporte largement les législatives de 1965. Mais cette victoire se fissure aussitôt : des élus font défection, la majorité se délite, le Parlement se fragmente. Le 13 octobre 1965, Kasa-Vubu le révoque et tente d’imposer Évariste Kimba comme Premier ministre. Le gouvernement Kimba échoue au vote de confiance : le pays entre alors dans ce que les auteurs décrivent comme une impasse institutionnelle complète.
La rivalité personnelle et politique entre le président et son ancien chef de gouvernement devient l’un des fils conducteurs de la crise. Kasa-Vubu fustige Tshombe pour la sécession katangaise, sa corruption et son rejet en Afrique pour son rôle supposé dans l’assassinat de Patrice Lumumba. L’ancien Premier ministre, très populaire, notamment pour sa fermeté face aux rébellions, est accusé de « tirer profit » de sa position, au point d’être affublé du surnom de « monsieur Tiroir-Caisse ».
L’armée se pose en arbitre
Dans ce contexte, un troisième acteur s’impose progressivement : Joseph-Désiré Mobutu. Chef de l’armée, déjà auteur, en septembre 1960, d’un premier coup de force présenté comme une opération de « neutralisation » de la classe politique, il apparaît de plus en plus comme un recours. Bernard Lugan souligne qu’il est perçu comme le garant de l’ordre par Washington, Bruxelles et Paris, au moment où la guerre froide pèse sur chaque choix congolais.
Yves Hofmann, dans Soumialot et le secret des simbas, montre que l’automne 1965 est aussi celui de la rupture entre Kasa-Vubu et l’armée. Conseillé par des dirigeants africains réunis au Ghana, le président accepte d’envisager une réconciliation avec les rebelles simbas. De retour à Léopoldville, cette perspective est très mal accueillie par les officiers, qui y voient une humiliation après des mois de combats. La distance se creuse, puis devient rupture ouverte.
Parallèlement, les chancelleries prennent la mesure du rôle central de Mobutu. Dans les télégrammes qu’il adresse à Paris, l’ambassadeur de France le décrit comme « un des éléments déterminants de l’évolution de la crise », tandis qu’à Washington, résume un diplomate français, on le voit comme un « mauvais militaire, mais bon politicien » susceptible de devenir « l’arbitre de la situation ». Une semaine avant le coup d’État, cette hypothèse est déjà formulée noir sur blanc.
Le 24 novembre 1965 au soir, le Haut-commandement militaire se réunit autour de Mobutu. Le communiqué lu au terme de la rencontre, et largement diffusé, est sans ambiguïté : la situation militaire est jugée « satisfaisante », mais la faillite politique « complète ». L’Armée nationale congolaise reproche aux dirigeants civils de se livrer à une « lutte stérile pour accéder au pouvoir », sans se préoccuper du sort des populations.
Au nom de la prévention d’un nouveau bain de sang, les chefs militaires décident de destituer Kasa-Vubu, de décharger Évariste Kimba de sa mission de former un gouvernement et de confier à Mobutu les prérogatives constitutionnelles du chef de l’État. Le communiqué promet le maintien du Parlement, le respect des accords internationaux, l’adhésion aux chartes de l’ONU, de l’OUA et de l’Organisation commune africaine et malgache, ainsi que la garantie des libertés publiques, notamment la liberté de presse. Le texte insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’instaurer une « dictature militaire », mais d’un acte dicté par le « sens des responsabilités ».
Le même jour, Mobutu nomme le colonel Léonard Mulamba Premier ministre, chargé de former un gouvernement d’union nationale comptant au moins un membre par province. Le général-major Louis Bobozo prend la tête de l’armée. En pratique, l’armée s’installe au sommet de l’État.
Quelques jours plus tard, Mobutu résume lui-même la justification du coup : « Entre Kasa-Vubu et Tshombe, ça n’allait pas. À cause du conflit, le sang des Congolais allait de nouveau couler. […] On a décidé d’écarter tous les deux pour éviter que le sang coule de nouveau. » Son fils Nzanga, en 2015, prolongera cette lecture en affirmant que « entre 1960 et 1965, le Congo a connu un chaos indescriptible. Le général Mobutu a mis fin aux rébellions et a forgé une nation ».
Un coup d’État sans heurts… et une mise en scène
À l’aube du 25 novembre, dans une allocution radiodiffusée, Mobutu annonce officiellement la mise à l’écart du président, du Premier ministre et de l’ensemble du gouvernement. Le jour même, un message au Congrès national proclame l’instauration d’un « régime d’exception » pour toute la durée de la législature. Plusieurs articles clés de la Constitution du 1er août 1964 sont suspendus ; le lieutenant-général exerce désormais les prérogatives du chef de l’État.
Les dépêches diplomatiques françaises décrivent, ces jours-là, une atmosphère paradoxale. À Léopoldville, une « kermesse » politique s’organise autour du nouveau pouvoir. Sur la place Léopold II, dans l’enceinte du Parlement, on attend avec curiosité et une certaine ferveur l’annonce du gouvernement. Lorsque Mobutu fait son entrée à l’Assemblée, l’ambassadeur de France note qu’il s’assoit dans un fauteuil recouvert de peau de léopard – symbole de chefferie appelé à devenir l’un des emblèmes de son régime.
Au stade Roi Baudouin, devant quelque 30 000 personnes, le nouveau maître de la capitale prononce un discours spectaculaire, accompagné d’un concert de la Garde républicaine, de démonstrations de parachutistes et de carrousels motocyclistes. Il y fustige la « politicaille » et promet de rester cinq ans au pouvoir, le temps de transformer un Congo « de misère » en pays prospère. À la fin de son discours, il demande à chacun de se « retrousser les manches » ; les ministres s’exécutent, puis la foule les imite.
Dans les télégrammes envoyés d’Élisabethville (Lubumbashi), le consul général de France décrit un mélange de soulagement et de méfiance. Une partie de la population, notamment les milieux restés fidèles à Tshombe, se réjouit de la chute de Kasa-Vubu, perçu comme « gauchiste » depuis ses marques de sympathie envers Kwame Nkrumah. Le « grand public » ressent un apaisement, après des années de crise. Mais beaucoup redoutent une armée qui, selon la formule rapportée par le diplomate, « excelle davantage dans l’art de tracasser les civils que dans celui de pourchasser les rebelles ».
Dans le monde occidental, le coup de force ne surprend pas. Mobutu apparaît comme la solution à la guerre d’usure entre Kasa-Vubu et Tshombe, dans un pays clé de la guerre froide où les rébellions ont parfois des accents révolutionnaires. Les puissances occidentales voient dans le nouveau chef de l’État un interlocuteur anticommuniste, capable de restaurer un semblant d’ordre et de garantir la continuité des engagements internationaux.
Les premières années d’une longue ère
Isidore Ndaywel, dans L’invention du Congo contemporain, souligne que les premières années qui suivent le coup de 1965 sont marquées par une phase de consolidation. L’État se réorganise, l’administration se restructure, les institutions sont recentrées autour de la présidence. Le régime cherche sa légitimité dans la promesse de l’ordre après le chaos : entre 1965 et 1970, Mobutu centralise le pouvoir, consolide son autorité et prépare la décennie suivante, celle de l’apogée du « mobutisme ».
Soixante ans plus tard, le 25 novembre 1965 reste une date charnière : il clôt, en apparence, la séquence de « chaos indescriptible » ouverte en 1960, mais ouvre, en réalité, plus de trois décennies de pouvoir personnel. En se présentant ce jour-là comme le garant de la paix et le gardien des institutions, Joseph-Désiré Mobutu a fait entrer l’armée au cœur de la vie politique congolaise – et refermé, pour longtemps, la parenthèse des espoirs pluralistes de l’indépendance.
Au milieu des années 1960, le Congo indépendant est un État épuisé. Comme le rappelle Daniel Mukoko Samba dans Guérir le Congo du mal zaïrois, l’économie est sous perfusion publique : jusqu’à 84 % des crédits bancaires sont absorbés par l’État, l’expansion monétaire s’emballe, le déficit public se creuse, les prix montent sur les marchés de Kinshasa. Les revendications salariales se multiplient et se traduisent par des hausses successives au cours de l’année 1965.
Sur ce terreau, les rébellions nourrissent la peur d’un effondrement. La révolte du Kwilu, les insurrections simbas qui touchent Kisangani, Bukavu et une large part du territoire plongent le pays dans une guerre interne prolongée. Selon Mukoko Samba, les élections de mars-avril 1965, loin d’apaiser les tensions, débouchent sur une crise politique renforcée. C’est dans cette conjonction d’anarchie politique et de désordre économique que Mobutu trouvera, quelques mois plus tard, la justification de son coup de force.
Du rappel de Tshombe à l’impasse institutionnelle
Pour tenter d’éviter la dislocation de l’État, Kasa-Vubu avait rappelé, en 1964, Moïse Tshombe, l’ancien leader sécessionniste katangais, pour former un gouvernement. Bernard Lugan, dans Histoire de l’Afrique de nos origines à nos jours, rappelle qu’à ce moment, le Congo « sombre dans l’anarchie » : l’armée nationale congolaise peine à contenir les rébellions, des opposants s’organisent à Brazzaville autour du Comité national de libération, et il faut l’intervention de troupes belges et de mercenaires pour reprendre des villes et libérer des otages.
Tshombe, revenu à la primature, capitalise pourtant sur ses succès militaires. Son parti, la CONACO, remporte largement les législatives de 1965. Mais cette victoire se fissure aussitôt : des élus font défection, la majorité se délite, le Parlement se fragmente. Le 13 octobre 1965, Kasa-Vubu le révoque et tente d’imposer Évariste Kimba comme Premier ministre. Le gouvernement Kimba échoue au vote de confiance : le pays entre alors dans ce que les auteurs décrivent comme une impasse institutionnelle complète.
La rivalité personnelle et politique entre le président et son ancien chef de gouvernement devient l’un des fils conducteurs de la crise. Kasa-Vubu fustige Tshombe pour la sécession katangaise, sa corruption et son rejet en Afrique pour son rôle supposé dans l’assassinat de Patrice Lumumba. L’ancien Premier ministre, très populaire, notamment pour sa fermeté face aux rébellions, est accusé de « tirer profit » de sa position, au point d’être affublé du surnom de « monsieur Tiroir-Caisse ».
L’armée se pose en arbitre
Dans ce contexte, un troisième acteur s’impose progressivement : Joseph-Désiré Mobutu. Chef de l’armée, déjà auteur, en septembre 1960, d’un premier coup de force présenté comme une opération de « neutralisation » de la classe politique, il apparaît de plus en plus comme un recours. Bernard Lugan souligne qu’il est perçu comme le garant de l’ordre par Washington, Bruxelles et Paris, au moment où la guerre froide pèse sur chaque choix congolais.
Yves Hofmann, dans Soumialot et le secret des simbas, montre que l’automne 1965 est aussi celui de la rupture entre Kasa-Vubu et l’armée. Conseillé par des dirigeants africains réunis au Ghana, le président accepte d’envisager une réconciliation avec les rebelles simbas. De retour à Léopoldville, cette perspective est très mal accueillie par les officiers, qui y voient une humiliation après des mois de combats. La distance se creuse, puis devient rupture ouverte.
Parallèlement, les chancelleries prennent la mesure du rôle central de Mobutu. Dans les télégrammes qu’il adresse à Paris, l’ambassadeur de France le décrit comme « un des éléments déterminants de l’évolution de la crise », tandis qu’à Washington, résume un diplomate français, on le voit comme un « mauvais militaire, mais bon politicien » susceptible de devenir « l’arbitre de la situation ». Une semaine avant le coup d’État, cette hypothèse est déjà formulée noir sur blanc.
Le 24 novembre 1965 au soir, le Haut-commandement militaire se réunit autour de Mobutu. Le communiqué lu au terme de la rencontre, et largement diffusé, est sans ambiguïté : la situation militaire est jugée « satisfaisante », mais la faillite politique « complète ». L’Armée nationale congolaise reproche aux dirigeants civils de se livrer à une « lutte stérile pour accéder au pouvoir », sans se préoccuper du sort des populations.
Au nom de la prévention d’un nouveau bain de sang, les chefs militaires décident de destituer Kasa-Vubu, de décharger Évariste Kimba de sa mission de former un gouvernement et de confier à Mobutu les prérogatives constitutionnelles du chef de l’État. Le communiqué promet le maintien du Parlement, le respect des accords internationaux, l’adhésion aux chartes de l’ONU, de l’OUA et de l’Organisation commune africaine et malgache, ainsi que la garantie des libertés publiques, notamment la liberté de presse. Le texte insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’instaurer une « dictature militaire », mais d’un acte dicté par le « sens des responsabilités ».
Le même jour, Mobutu nomme le colonel Léonard Mulamba Premier ministre, chargé de former un gouvernement d’union nationale comptant au moins un membre par province. Le général-major Louis Bobozo prend la tête de l’armée. En pratique, l’armée s’installe au sommet de l’État.
Quelques jours plus tard, Mobutu résume lui-même la justification du coup : « Entre Kasa-Vubu et Tshombe, ça n’allait pas. À cause du conflit, le sang des Congolais allait de nouveau couler. […] On a décidé d’écarter tous les deux pour éviter que le sang coule de nouveau. » Son fils Nzanga, en 2015, prolongera cette lecture en affirmant que « entre 1960 et 1965, le Congo a connu un chaos indescriptible. Le général Mobutu a mis fin aux rébellions et a forgé une nation ».
Un coup d’État sans heurts… et une mise en scène
À l’aube du 25 novembre, dans une allocution radiodiffusée, Mobutu annonce officiellement la mise à l’écart du président, du Premier ministre et de l’ensemble du gouvernement. Le jour même, un message au Congrès national proclame l’instauration d’un « régime d’exception » pour toute la durée de la législature. Plusieurs articles clés de la Constitution du 1er août 1964 sont suspendus ; le lieutenant-général exerce désormais les prérogatives du chef de l’État.
Les dépêches diplomatiques françaises décrivent, ces jours-là, une atmosphère paradoxale. À Léopoldville, une « kermesse » politique s’organise autour du nouveau pouvoir. Sur la place Léopold II, dans l’enceinte du Parlement, on attend avec curiosité et une certaine ferveur l’annonce du gouvernement. Lorsque Mobutu fait son entrée à l’Assemblée, l’ambassadeur de France note qu’il s’assoit dans un fauteuil recouvert de peau de léopard – symbole de chefferie appelé à devenir l’un des emblèmes de son régime.
Au stade Roi Baudouin, devant quelque 30 000 personnes, le nouveau maître de la capitale prononce un discours spectaculaire, accompagné d’un concert de la Garde républicaine, de démonstrations de parachutistes et de carrousels motocyclistes. Il y fustige la « politicaille » et promet de rester cinq ans au pouvoir, le temps de transformer un Congo « de misère » en pays prospère. À la fin de son discours, il demande à chacun de se « retrousser les manches » ; les ministres s’exécutent, puis la foule les imite.
Dans les télégrammes envoyés d’Élisabethville (Lubumbashi), le consul général de France décrit un mélange de soulagement et de méfiance. Une partie de la population, notamment les milieux restés fidèles à Tshombe, se réjouit de la chute de Kasa-Vubu, perçu comme « gauchiste » depuis ses marques de sympathie envers Kwame Nkrumah. Le « grand public » ressent un apaisement, après des années de crise. Mais beaucoup redoutent une armée qui, selon la formule rapportée par le diplomate, « excelle davantage dans l’art de tracasser les civils que dans celui de pourchasser les rebelles ».
Dans le monde occidental, le coup de force ne surprend pas. Mobutu apparaît comme la solution à la guerre d’usure entre Kasa-Vubu et Tshombe, dans un pays clé de la guerre froide où les rébellions ont parfois des accents révolutionnaires. Les puissances occidentales voient dans le nouveau chef de l’État un interlocuteur anticommuniste, capable de restaurer un semblant d’ordre et de garantir la continuité des engagements internationaux.
Les premières années d’une longue ère
Isidore Ndaywel, dans L’invention du Congo contemporain, souligne que les premières années qui suivent le coup de 1965 sont marquées par une phase de consolidation. L’État se réorganise, l’administration se restructure, les institutions sont recentrées autour de la présidence. Le régime cherche sa légitimité dans la promesse de l’ordre après le chaos : entre 1965 et 1970, Mobutu centralise le pouvoir, consolide son autorité et prépare la décennie suivante, celle de l’apogée du « mobutisme ».
Soixante ans plus tard, le 25 novembre 1965 reste une date charnière : il clôt, en apparence, la séquence de « chaos indescriptible » ouverte en 1960, mais ouvre, en réalité, plus de trois décennies de pouvoir personnel. En se présentant ce jour-là comme le garant de la paix et le gardien des institutions, Joseph-Désiré Mobutu a fait entrer l’armée au cœur de la vie politique congolaise – et refermé, pour longtemps, la parenthèse des espoirs pluralistes de l’indépendance.

