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Linguère : Faute de bars, on se soûle au "boul falé", de l’eau de Cologne bon marché

Lundi 18 Mars 2019

 Linguère : Faute de bars, on se soûle au "boul falé", de l’eau de Cologne bon marché
L’absence de bars dans les villages enclavés amène beaucoup de jeunes du Djoloff à consommer du parfum pour se saouler. A défaut de trouver des bars et autres débits de boissons alcoolisées, beaucoup de jeunes qui habitent dans des localités éloignées de Dahra et Linguère utilisent le parfum bon marché. Dans les loumas (marchés hebdomadaires), ces adeptes de Bacchus pour la plupart des jeunes bergers flambent leurs pécules après avoir vendu quelques moutons ou chèvres et découvrent l’interdit.

Dans cette recherche effrénée de vices, ils se procurent de l’eau de Cologne non pas pour se couvrir d’une bonne odeur mais plutôt pour se soûler. Cette pratique, du reste très nocive pour la santé, est connue sous le nom de « boul falé » littéralement (ne crains rien). Qui plus est à l’origine de plusieurs bagarres à l’arme blanche souvent mortelles. La commune de Barkedji distante de 30 km à l’Est de Linguère demeure la zone la plus touchée par ce fléau. Reportage.

Quand l’eau de Cologne devient eau de…feu

En effet, depuis l’interdiction du produit par les plus hautes autorités du pays, le «boul falé» se vend en cachette dans les marchés hebdomadaires. A Barkedji et un peu partout dans les localités du Djoloff où se tiennent les marchés hebdomadaires (loumas) du lundi au samedi (le dimanche étant l’apanage de Dahra), ce sont des marchands forains appelés « banas banas » qui entretiennent le commerce de ce produit très prisé par des jeunes tentés par l’ivresse.

Pour s’en ravitailler, ces apprentis-soûlards sont obligés de débourser entre 750 francs pour la bouteille de 25 cl et 1 200 francs pour la bouteille de 50 cl. « Une aubaine pour ces jeunes victimes de la mode qui noient une certaine angoisse existentielle, nous indique un professeur sous le couvert de l’anonymat. Il faut que jeunesse se fasse. Malheureusement, cette frange de la population dans la plénitude de l’adolescence en bravant les interdits, risque d’y laisser des plumes avant d’intégrer le monde des adultes ». Dans les loumas, ces adeptes de Bacchus pour la plupart des jeunes bergers flambent leurs pécules après avoir vendu quelques moutons ou chèvres et découvrent l’interdit. Dans cette recherche effrénée de vices, ils détournent l’eau de Cologne de sa vocation première et la consomment pour se saouler. Les gendarmes qui assurent la sécurité dans les nombreux marchés hebdomadaires disséminés sur le terroir effectuent des visites inopinées pour éradiquer la vente de ces produits prohibés. A chaque grand événement culturel (concerts, soirées dansantes ou gala de lutte) à Barkedji, la gendarmerie de Linguère se déploie toujours sur les lieux pour effectuer des saisies importantes de « boul falé » et interpeller des individus pour délit d’ivresse publique.

Le « Boul Falé » peut donner le cancer du foie et mener à la folie

Selon le docteur Amadou Sow du service de neurologie à l’Hôpital Aristide Le Dantec de Dakar, « le taux d’alcool qui se trouve dans ce parfum est supérieur à l’alcool naturel ». « (…) Le consommateur du « boul falé » encourt plus de risques. Les composantes du produit conduisent à l’inflammation du foie, son augmentation de volume, le grossissement du ventre et le jaunissement des yeux. Au bout de quelques temps, la personne pourrait être atteinte de cirrhose synonyme de cancer du foie », poursuit le spécialiste originaire de Barkédji. « Beaucoup de patients qui présentent ces cas de cancer du foie sont généralement des adeptes de ce produit toxique », alerte le Dr Sow. Ne prenant pas de gants, le neurologue martèle : « Le malade s’expose également à la folie ». Et à en croire l’homme de l’art, « la plupart des usagers du « boul falé » présentent des troubles psychiques parce que les effets toxiques contenus dans ce produit agressent le cerveau ».

Au poste de santé de Barkédji, « beaucoup de jeunes consommateurs du « boul falé » qui sont consultés souffrent de problèmes cardiaques et respiratoires », renseigne une source de ladite structure sanitaire.

Le « boul falé » favorise le petit banditisme

Dans cette contrée du Djoloff perçue par beaucoup d’acteurs de développement comme la troisième cité du département après Dahra et Linguère, le « boul falé » est à l’origine du petit banditisme qui commence à prendre de l’ampleur. Le maire de la commune Amadou  Ngounel Sow, est formel. A ses yeux, « les cas d’agressions notés, les bagarres avec usage d’armes blanches, etc., sont causés par la consommation du « boul falé ». Il ajoute : « A chaque grand événement, nous sommes obligés de faire appel aux gendarmes de Linguère sinon la manifestation est interrompue par des jeunes sous l’emprise de cette eau de feu. C’est pourquoi nous réclamons la réouverture du poste de gendarmerie fermée depuis 5 ans ». Le maire de Barkedji, lui, indexe les commerçants véreux pour la plupart en provenance de Touba ou de la Gambie qui écoulent ce produit dans les marchés hebdomadaires malgré la surveillance des gendarmes. L’édile de la commune rurale invite les jeunes à renoncer à ce produit qu’il juge très dangereux pour la santé.

Le « boul falé » à l’origine de plusieurs bagarres souvent mortelles

Selon nos informations, l’année dernière, à Téssékré, un village distant de 90 km au nord de la ville de Dahra, un berger qui avait consommé une bouteille de trop de ce produit a perdu la vie au cours d’une bagarre qui l’avait opposé à un boutiquier. A Mboula, une violente bagarre qui avait éclaté entre deux bergers a occasionné des dégâts collatéraux énormes. L’un s’est retrouvé avec carotide coupée et l’autre les deux bras sectionnés. Après constat, l’enquête avait révélé qu’ils étaient tous les deux sous l’emprise du « boul falé ».

Des bergers et des jeunes villageois tentés par l’ivresse sont les principales victimes de ce fléau rampant qui fait  beaucoup de  ravages.

Les autorités administratives en guerre contre ce produit dangereux

Au regard des dégâts causés par ce phénomène, l’autorité administrative de la localité, le sous-préfet Mamadou Bassirou Ndao  a initié un certain nombre de mesures allant dans le sens de faire régresser ce fléau. A l’occasion de la levée des couleurs de chaque début de mois, les élèves sont utilisés comme des relais pour sensibiliser leurs frères. Il s’appuie également sur les associations de femmes et de jeunes pour rappeler à l’ordre ces adeptes du « boul falé ».  Le sous-préfet, dès sa prise de fonction a appelé en renfort les éléments de l’escadron de surveillance et d’Intervention (ESI) de Linguère pour mener des patrouilles régulières à Barkedji et environs pour installer la peur dans le camp des jeunes qui s’adonnent à ce produit nocif. Ces actions menées par les autorités locales ont fait que le fléau a plus ou moins régressé, indique le sous-préfet Ndao.
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