La Guinée-Bissau a sombré dans une nouvelle zone de turbulence ce mercredi 26 novembre 2025. En milieu de journée, alors que des tirs nourris retentissaient près du palais présidentiel et aux abords de la Commission électorale nationale, un groupe d’officiers est apparu à la télévision nationale pour annoncer qu’il prenait le contrôle du pays.
Se présentant sous l’appellation de « Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre », les officiers ont déclaré assumer l’ensemble des pouvoirs « jusqu’à nouvel ordre », dans une allocution lue depuis le siège de l’état-major par le général Denis N’Canha, chef de la Maison militaire du palais présidentiel.
La première mesure de la junte a été sans équivoque : la suspension totale du processus électoral, entraînant de facto l’annulation des résultats de la présidentielle et des législatives du 23 novembre.
La junte a également ordonné la suspension de plusieurs programmes dans les médias, publics comme privés, affirmant agir pour « préserver la sécurité nationale » et appelant la population à « garder le calme ».
Cette annonce, diffusée alors que la capitale était secouée par des échanges de tirs, a plongé le pays dans une atmosphère de stupeur et d’incertitude.
Un coup d’État dirigé par des figures proches du pouvoir déchu
Dans son communiqué, le « Haut Commandement militaire pour la restauration de la sécurité nationale et de l’ordre public » a confirmé avoir destitué le chef de l’État Umaro Sissoco Embaló.
Le message a été lu par le brigadier général Denis N’Canha, une figure bien connue à Bissau. Depuis plus de quatre ans, il travaillait aux côtés du président Embaló, qu’il servait comme chef de la Maison militaire. En février 2021, un an après son investiture, le président l’avait promu brigadier général et placé au cœur de son dispositif sécuritaire.
Pourtant, malgré cette proximité, ce n’est pas Denis N’Canha qui a été choisi pour diriger la transition.
Horta N’Tam devient le nouvel homme fort de la Guinée-Bissau
Ce jeudi 27 novembre, les militaires ont annoncé que le major-général Horta N’Tam avait été investi président de la transition.
Ancien chef d’état-major particulier du président Embaló, puis chef d’état-major de l’armée de terre, Horta N’Tam est une figure influente et respectée au sein des forces armées.
Son investiture confirme que la junte opère une redistribution complète des cartes au sein de la hiérarchie militaire.
Selon les officiers putschistes, le général Horta N’Tam dirigera le pays pendant une période de transition d’un an, présentée comme indispensable pour « restaurer l’ordre » et « stabiliser les institutions ».
En annulant des élections déjà contestées et en s’emparant du pouvoir par la force, les militaires plongent une nouvelle fois la Guinée-Bissau dans l’instabilité chronique qui marque son histoire récente. L’attitude de la population et la réaction des partenaires régionaux seront déterminantes dans les jours à venir.


