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Était -il pertinent de supprimer la primature ?

Vendredi 6 Septembre 2019

La présence d’un Premier ministre dont le rôle est de coordonner l’action gouvernementale et de permettre une rapidité accrue du processus décisionnel, est nécessaire en ces moments où Macky Sall semble être perdu comme un aveugle dans une cheminée


Le jeudi 29 aout dernier, le monde de l’Education constitué des syndicats du G6 dont le Cusems, le Saems et le Sels, du Haut conseil du dialogue social (Hcds) et de la tutelle s’est réuni à Saly pour échanger sur le thème : «Contribuer à la pacification du secteur éducatif par une meilleure prévention et  une  gestion  plus  efficace  des  conflits». Une telle thématique jette les bases d’une stratégie anticipative de prévention ou d’une résolution des conflits et autres différends entre le gouvernement et les syndicats. « Mieux vaut prévenir que guérir », dit l’adage. 

C’est ainsi que Innocence Ntap Ndiaye, présidente du Hcds, s’évertue annuellement à jouer le rôle de médiateur social entre les différents partenaires et acteurs du monde de l’Education. Puisqu’il est évident que le secteur social, surtout celui de l’Education, est assujetti à des troubles cycliques, il serait idoine et opportun, selon la présidente du Hcds, « d’adopter une attitude constructive pour prévenir l’émergence de conflits ou en favoriser la résolution ». C’est en ce sens que le Hcds privilégie la prévention dans la gestion des conflits en organisant annuellement une rencontre consacrée à la rentrée scolaire. Et dans cette stratégie d’anticipation et de résolution prospective des conflits, il avait été désigné par l’Etat une sorte d’ombudsman qui assurerait le monitoring des accords entre les syndicats et le gouvernement. Souvent dans le suivi des accords, la dimension de la personnalité préposée joue un rôle moteur et déterminant dans leur application effective, selon un échéancier conclu d’un commun accord entre les différentes parties.

En 2018, après plusieurs mois de grève, le chef de l’Etat, Macky Sall, a décidé de revaloriser l’indemnité de logement allouée aux enseignants, soit 15 000 F CFA à compter d’octobre, 10 000 F CFA à partir de janvier 2019 et 15 000 l’année d’après. C’est donc à la suite de cette décision présidentielle que le gouvernement dirigé par Boun Abdallah Dionne et les partenaires sociaux se sont réunis le 30 avril 2018 pour procéder à la signature d’un protocole destiné à apaiser le climat social. Et surtout à mettre fin aux grèves répétitives des enseignants. C’est ainsi que la personne du Premier ministre Boun Abdallah Dionne, chef du gouvernement, a été choisie pour assurer le monitoring des accords. La prépondérance de la personne du Premier ministre dans l’architecture gouvernementale donnait du crédit et des gages solides pour le respect des accords. Par conséquent, l’année 2019 a été des plus calmes, même si certaines des revendications ne sont pas matérialisées comme actées dans le protocole d’accord. Les échanges permanents entre le Premier ministre, les partenaires sociaux et l’implication du Hcds ont permis de stabiliser l’année académique 2018-2019 en dépit de quelques secousses venant de temps à autre du côté des syndicats non représentés dans le G6 .

L’absence de crise dans le secteur éducatif, œuvre du monitoring assuré par l’ancien Premier ministre

La présidente du Hcds a rappelé lors de la rencontre de Saly, que l’absence de crise dans le secteur éducatif en 2019 a été l’œuvre du monitoring assuré par l’ancien Premier ministre. «Nous  voulons  donc consolider cette  accalmie, faire en sorte que cette année, nous ayons  le même  apaisement du secteur.  Mais cela passe nécessairement  par deux choses : par la mesure du niveau d’application des accords signés le 30 avril, mais aussi par le renforcement des capacités des acteurs… Ce monitoring rapproché avait permis aussi bien au Haut conseil en relation avec la Primature qui aujourd’hui n’est plus dans l’architecture institutionnelle de notre pays, de  travailler pour ce  résultat », a précisé Innocence Ndiaye. Aujourd’hui la donne a changé avec la suppression du poste de Premier ministre depuis avril dernier qui, de facto, met un terme au rôle d’ombudsman que jouait Boun Abdallah Dionne. Une telle situation jette le flou sur l’assurance du monitoring qui n’a pas fini d’inquiéter les acteurs et partenaires quand bien même Cheikh Kanté aurait été nommé pour jouer le même rôle que Dionne. La rupture de dialogue compromet une année scolaire stable et paisible. 

Et c’est en ce sens que le Secrétaire général du Cusems, Abdoulaye Ndoye, n’a pas manqué d’avertir les autorités gouvernementales sur les dangers qui pointent à l’horizon de l’année scolaire à venir. «Pour cette session pré-rentrée scolaire du Hcds, nous avons pris de manière précise, nette et claire que la stabilité du système éducatif  dépendra  de  l’application stricte des accords consignés dans le protocole signé le 30 avril 2018. Si nos conditions ne sont pas satisfaites, la hache de guerre sera  déterrée.  Nous  sommes  un  syndicat, notre rôle c’est de défendre nos intérêts », a t-il menacé. Dr Cheikh Kanté pourra-t-il user de ses capacités de médiation pour assurer un monitoring de succès ? Ce dernier, partant de son expérience, sa carrure, sa détermination, son commerce et son entregent faciles pourrait réussir à assurer le monitoring des accords dans le milieu syndical. Parce que le problème des accords signés ne concerne pas seulement les enseignants. Il y a aussi la santé, les hydrocarbures, le BTP, l’agro-alimentaire et autres secteurs d’activités socioprofessionnelles.

Une situation de flottement perceptible à tous les niveaux

Cette situation d’incertitude, pour ne pas dire de flottement, est notable dans plusieurs domaines. Surtout au niveau gouvernemental où, sur des questions ponctuelles de l’heure qui requièrent des solutions d’urgence, on n’entend personne. Tout cela remet sur la table la problématique de la suppression du poste de Premier ministre. Etait-elle opportune cette suppression du poste primo-ministériel en fin de compte ? Le chef de l’Etat en voyage, depuis le pays du Soleil levant, est obligé de sommer son ministre de la Justice d’abréger ses vacances pour voir ce qui se passe à Rebeuss avec ces jeunes détenus morts par électrocution. Il reviendrait au Pm, en pareille circonstance, de prendre les choses en main et de donner des instructions au ministre concerné.

On sent fondamentalement que l’absence d’un Pm, animateur de la politique du chef de l’Etat, nuit au bon déroulement de l’action gouvernementale. Chaque jour, on nous fait le bilan des morts par noyade et aucune action n’est menée pour mettre un terme à cette hécatombe des mers. La ministre de la Jeunesse, Néné Fatoumata Tall, préfère pérégriner à travers le Sénégal pour des vacances citoyennes inutiles et onéreuses aux moments où des jeunes meurent quotidiennement dans la mer du fait de leur imprudence, mais aussi du fait de la négligence voire de l’indifférence des autorités qui doivent prendre en charge leur sécurité. Le ministère de l’Intérieur, au lieu de renforcer la sécurité des plages interdites, se dandine dans les parcs animaliers du Saloum avec ses enfants bien sécurisés.

On ne sait même pas quels sont les différents ministères qui doivent concerter leurs actions pour éradiquer ce fléau qui déciment notre jeunesse. On peut en dire autant sur les accidents mortels fréquents sur nos routes. Au moment où les accidents déciment des usagers de la route, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Oumar Youm, pointe du doigt l’irresponsabilité en grande partie des chauffeurs. On aurait bien aimé savoir à quoi est dû son accident récent à Mbilor dans le Fouta. Et surtout celui mortel (trois morts) de l’ambulance qui était venue à son secours.

Aujourd’hui on impute la responsabilité de cet état de flottement dans plusieurs secteurs de l’Etat au chef de l’Etat qui a pris la responsabilité de supprimer ce poste de Pm au nom d’un fast-track encore poussif. Pourtant, il a besoin, plus que jamais, d’un Premier ministre puissant, capable de décider, de faire des choix dans l’intérêt du pays, d’animer l’action gouvernementale, d’assumer sa politique et de le protéger en cas d’échec en acceptant d’en être responsable. Sans quoi, on assistera toujours à des situations d’incertitudes quand, au sein du gouvernement, des ministres concernés transversalement par une même affaire, éprouveront beaucoup de difficultés à réagir avec efficacité et diligence. La présence d’un Pm dont le rôle est de coordonner l’action gouvernementale et de permettre une rapidité accrue du processus décisionnel, est nécessaire en ces moments où Macky Sall semble être perdu comme un aveugle dans une cheminée.

PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SERIGNE SALIOU GUÈYE
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