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Dr Ahmed Apakena Dieme du MFDC: «Ils ont annoncé la mort de César Attoute Badiate pour... »

Mercredi 20 Mars 2019

Mort imaginaire de César Atout Badiat ou le Fak News distillé à dessein. Répandre les Fak news, c’est prêcher le faux pour avoir le vrai. Eh bien, le voici :
 
  1. Habillage discursif du Fake news
Avec des gros titres tape- à- l’œil et sensationnels, comme les aiment bien des médias sénégalais, de petits dieux ont tué le General César. Mieux, dans son supposé coma d´avant mort, ils ont parlé à sa place. Voici quelques énoncés médiatiques qu’ils ont arraché de sa bouche de mourant :
 « César trouve que Wade a fait mieux que Macky. César voit en Sonko Emile Badiane réincarné. César souhaiterait voir tout le monde avant d’aller à l’au-delà, sauf son frère ennemi, Salif Sadio. César aurait tenu des propos stoïques sur sa mort, dont il n’aurait pas peur, en bon chrétien… ». J’en passe.

Le propre du Fak News, c’est de se baser sur une petite réalité toute banale, qui peut être une maladie que tout le monde vit du reste, pour fabriquer une information, du moins pour désinformer. Dans le bruit médiatique qui caractérise l’explosion des réseaux sociaux, fonctionnant comme des médias individués et personnalisés, mettant ainsi en crise les médias classiques dans leur centralité et leur unidirectionnalite, les Fak news sont des instruments des nouvelles guerres : les guerres psychologiques. La Casamance les connait depuis plusieurs décennies.
 
  1. Instrumentalisation du Fake news et effets politiques recherchés
Derrière le « Fak-mort » de César, les médias et ceux qui les contrôlent, les appareils idéologiques d´Etat pour parler comme Gramsci, veulent manipuler l’opinion casamançaise qui semble renouer avec un régionalisme critique, en dépit de la vocation nationale conférée au scrutin présidentiel et á laquelle a piteusement prétendu le frère Sonko.

La manipulation de l´opinion via ce Fak news a pour objectif d´identifier l’électorat de Sonko á son ethnie et á sa région. Ça l’agace, le pauvre ! Elle vise aussi á remplacer le nationalisme irréductible ou le séparatisme (les deux ne sont pas contradictoires) par un degré de conscience politique de complainte. Il s’agit du régionalisme.


Or, le Mfdc et la Casamance en lutte ont dépassé ce state de la victimisation de la plainte de de la mendicité politique, en termes de meilleure intégration. Ils aspirent à la rupture créatrice, à réaliser l’idée stratégique selon laquelle, seule la lutte, l’instauration de rapports de force génèrent et dessinent des horizons nouveaux et radicalement novateurs pour les peuples. Les peuples authentiques de la Casamance ne sont pas des peuples de mendicité politique, ni de la recherche d’une pitié ou encore de la recherche de quelque considération.


Notre histoire de résistance enseigne l’existence de figures tenaces comme Sihalebe qui a préféré la prison à la grâce du blanc colon, Diamacoune qui a exigé de purger ses années complètes de prison, au lieu de se courber devant Abdou Diouf, Sounkary Camara qui a défendu le Boudhie avec Dofa Bodian jusqu’ à la mort, sans compromission, Alinsitoe Diatta qui a rejeté la domination économique arachidiére, au profit de la riziculture et du refus de l’impôt colonial au point de se voir exiler à Tombouctou, etc. Les figures qui sont dans le sillage du continuum historique sont justement Atout Badiat, Salif Sadio, Nkrumah Sane, Ousmane Tamba. Les pressions de toutes sortes, les agressions les plus barbares, les machinations diplomatiques ne les ont pas fait plier d’un centimètre.

Alors, au vu de ce que le fak news vise, le régionalisme de la soumission et de la mendicité versus ressort idéologique et politiques de la résistance éternelle, les procédés médiatiques tuant César, et Salif Sadio (il y a quelques deux décennies), relèvent aussi de la guerre.

Autre objectif de ce fak new, c’est que contrairement au discours national de Sonko, non seulement la réalité le ramène sur terre, mais surtout entretenir la fibre régionaliste et ethnique sert à affaiblir le nationalisme de la rupture, celle incarnée par le Mfdc et sa machine de guerre Attika.
  1. La casamancité comme contenu identitaire transversale.
Car, Emile Badiane auquel on compare le frère Ousmane Sonko, et ses compagnons précurseurs du MFDC avaient mis en place un mouvement politique qui précéda le Sénégal indépendant, en mars 1947. Ce, non pas pour doter la Casamance de Lobby en vue d´une meilleure intégration dans le Sénégal, mais lui doter d’un appareil de revendication d´un statut politique, non pas vis-à-vis du Sénégal qui avait déjà voté pour le Oui de Gaulle, mais vis-à-vis de la France.

De plus, le MFDC était entré en alliance avec le BDS, dans le but non pas de constituteur une nation sénégalaise, mais de poser un jalon devant conduire, à terme, à l’expression du droit de notre territoire à l’autodétermination. Car, en vérité cette alliance ne visait pas tant l’indépendance du Sénégal, puisque c’est sur la base du Oui, opposé au non majoritaire en Casamance que, pourtant, Senghor a joué un sale tour aux élites casamançaises. Donc Emile et Ousmane sont comme deux lignes parallèles.
C’est aisé de voir les enjeux psychopolitiques et idéologiques de ce Fak news. Or, la vérité c’est ce que vient d’avouer Madicke Niang tout en s’engageant de le combattre. A savoir que ce vote qui a mis Macky Sall á la tête du Sénégal a été ethnique et religieux.


Les sénégalais étaient tellement en colère contre une élite diola évoluant en leur sein, rationnellement cantonnée à jouer des rôles subalternes non régaliens, qu’il a commencé à heurter en tuant la militante de Sonko, puis en intimidant obscènement son cercle familial, puis en le présentant en épouvantail salafiste, enfin en vandalisant le siège de campagne de PASTEF. J’avais honte de voir des casamançais se justifier, s’expliquer, révélant ainsi qu’eux ni leur territoire ne seront jamais perçus comme relevant de l’ordinaire. Tels des esclaves dont la seule richesse spirituelle, est l’auto asservissement, même si à coup de bâton son maitre le pousse à se libérer.
Mais aussitôt ma fierté resurgit en pensant qu’il y a quand même une Casamance, belle rebelle, digne, en lutte qui si situe sur un autre terrain : celui de la création politique d’une condition digne de son histoire, de ses ancêtres et de ses potentiels économiques.

Comment expliquez-vous que les principaux bassins électoraux ont reflété les affinités ethno religieuses, lors de ce scrutin ? Le déni n’aide pas le renforcement de la démocratie.

Et on pourrait pourtant analyser le vote en Casamance en faveur de Sonko comme une défaite de tous ceux qui ont promis á notre peuple : BBY, Robert Sagna, Abdoulaye Balde, Mamadou lamine Keita, Benoit Sambou, Angélique Manga, etc., bref tout un arsenal de politiciens dont des transhumants telles des chèvres broutant n´importe quelle herbe. Pour rebondir et relancer la question de la Casamance tactiquement, on sort le Fak news et on l’entoure de discours imaginaires mais oh combien opérants.
Si la Casamance a voté massivement contre ces transhumants ou collaborateurs de la domination de nos peuples, c’est aussi, en partie pour dire Macky a échoué à instaurer une paix issue d’un processus de négociations traitant la problématique de la Casamance á trois dimensions.

Au-delà de la promotion du régionalisme de la complainte et de victimisation, comme interprétation vers laquelle le fak new oriente l’opinion, il faudrait aussi prendre en compte en s´en débarrassant, une certaine casamancité que le Mfdc partage paradoxalement avec les militants de Sonko.

Que faire de cette casamancité transversale ? Telle est la grande question que pourrait prendre en charge un vrai processus de résolution du conflit en Casamance. Ainsi, le Sénégal et la Casamance gagneraient en questionnement, en remise en cause positive de leur vivre-ensemble dont les contours et contenus seraient rénovés dans le sens que les peuples voudraient.
Dr. Ahmed Apakena Dieme, CIU du MFDC, consultant sur les conflits au Sahel, directeur de SASCOM
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