Le Sénégal a marqué ce lundi la commémoration du 81ᵉ anniversaire du massacre de Thiaroye lors d’une cérémonie solennelle présidée par le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye. Devant les familles de victimes, les autorités locales, les forces armées et de nombreux historiens, le Président a livré un discours fort, appelant à la vérité, à la justice et à la mémoire.
« Plus qu’un geste protocolaire, votre présence à Thiaroye témoigne d’une conscience africaine qui s’affirme », a-t-il déclaré, ajoutant que cette journée permet de reconstruire « notre histoire partagée » et de rendre aux peuples « la vérité qui leur a été longtemps confisquée ».
Évoquant la symbolique du lieu, il a rappelé que « nous sommes réunis sur cette terre meurtrie de Thiaroye, pour rappeler que la vérité ne s’efface jamais. Elle finit toujours par réclamer justice », a-t-il insisté.
Le Président a ensuite rendu hommage aux tirailleurs sénégalais, qu’il a qualifiés de « héros africains venus de divers horizons, qui ont versé leur sang pour la libération de la France ». Leur tragique destin, a-t-il souligné, demeure un traumatisme historique : ils furent « brutalement assassinés par l’armée coloniale », leur seul tort ayant été de réclamer « le paiement de leur dû, la reconnaissance de leur dignité et le respect de la parole donnée ».
Bassirou Diomaye Faye a rappelé que Thiaroye dépasse le cadre national : « Si le massacre a eu lieu ici, sur le sol sénégalais, le sang versé fut celui de l’Afrique », a-t-il dit, estimant que commémorer cet événement, c’est affirmer que « nos destins sont liés ».
Il a salué le travail du Comité de commémoration, des historiens, des chercheurs et des artistes qui ont œuvré pour « rouvrir ce dossier longtemps verrouillé », remerciant également les populations de Thiaroye et les familles des victimes, « gardiennes infatigables de cette mémoire », a-t-il souligné. Il a exprimé sa gratitude envers l’armée sénégalaise, héritière, selon lui, « de l’histoire de tous ces soldats qui ont servi avec honneur ».
Revenant sur les avancées récentes, le Président a affirmé que l’année dernière a marqué un tournant majeur : « Pour la première fois, la France, par la voix de son Président, a employé le mot juste : massacre », a-t-il rappelé, estimant que cette reconnaissance « restitue à l’histoire la part de vérité qui lui avait été amputée ».
Il s’est dit satisfait de la publication officielle du Livre blanc sur Thiaroye, un document qu’il qualifie de « fondamental », fruit d’un travail rigoureux fondé sur « des archives, la parole des témoins et des preuves matérielles ».
Le chef de l’État a également annoncé avoir posé la première pierre de la Stèle commémorative du massacre, précisant qu’elle deviendra « le cœur d’un vaste ensemble mémoriel ». « Cette stèle ne sera pas un simple monument », a-t-il expliqué, affirmant qu’elle servira de référence pour les générations futures et de point de rencontre pour chercheurs et éducateurs.
À ses yeux, ce travail de mémoire doit dépasser la commémoration : « Nous devons renforcer la place de l’histoire du massacre de Thiaroye dans nos programmes scolaires », a-t-il dit, jugeant essentiel que les enfants comprennent « les mécanismes de la domination coloniale et la valeur de la résistance ».
Il a également estimé que « la dignité n’a pas de prix » et que la question des réparations doit désormais être abordée « sereinement mais résolument », dans un esprit de justice pour les familles.
En conclusion, le Président a rappelé que « le combat pour la mémoire de Thiaroye est un combat pour l’âme du Sénégal et de l’Afrique ». Il a assuré qu’il ne ménagerait « aucun effort » pour que la mémoire des martyrs continue de vivre dans la conscience nationale.
