Menu

Afrique : Un continent évacué à Paris (Par Adama Gaye)

Lundi 17 Mai 2021

Le Soudan, avec une dette insoutenable de 50 milliards de dollars, et tous les pays africains, à genoux, vont à Canossa, à Paris. Toute honte bue, ils comptent sur le sommet, prétendument organisé par la France pour résorber leurs besoins de financements, pour sauver leur peau. Aucun d’eux ne semble réaliser qu’ils sont tous à la merci d’un pays qui rêve de se servir de leurs malheurs pour se refaire une santé géopolitique, se donner bonne contenance dans un monde en restructuration, mais d’abord pour apporter le tonus qui lui manque à sa propre économie.


On ne peut dès lors résister à l’allégorie. Comme les officiels africains qui se font traiter dans les hôpitaux étrangers par déficit d’infrastructures sanitaires chez eux, c’est l’économie du continent, elle-même, qui se retrouve en réa (nimation) loin de ses terres.  Atteinte de la pandémie du Covid mais sous sa forme financière et économique aigüe, le monde entier tente de le sauver. Sous la supervision de l’infectologue Emmanuel Macron.


La situation est trop grave pour qu’accourent à son chevet des urgentistes, venus de partout, dans le but de le tirer de l’issue fatale qui le guette. 
L’espoir est hélas mince et la thérapie mauvaise, nombreux étant les observateurs qui n’attendent qu'il connaisse le mëme sort que celui de ces dirigeants africains rentrant dans des corbillards après avoir été évacués, à des coûts exorbitants, sur les routes du tourisme hospitalier symbolisant la disette sanitaire qu’ils ont créée derrière eux, à domicile.
Docteur Macron, malgré son zèle, ne peut masquer sa solitude dans son projet de sauvetage d’une Afrique comptant plus de 50 pays et présentant tous les signes cliniques d’une mort imminente, quasi inévitable, à l’article de soins palliatifs pour prolonger temporairement son existence.
Ni les présidents américain, chinois (surtout) détenteur de la plus grande part de la dette africaine, ni ceux de Russie ou de Turquie, acteurs importants s’il en est dans la nouvelle géopolitique continentale, ni la chancelière Allemande qui s’étonne qu’un autre Plan Marshall africain puisse être conçu à Paris alors que le sien peine à décoller, ne seront de la partie.
Seuls 17 chefs d’Etats africains, principalement les mêmes qui aiment se faire voir dans ce genre de festivals, montreront leurs tronches à ces agapes, où ils tiendront le même discours, de mendicité, qu’ils ont fini par faire de leur rhétorique officielle.
Après avoir endetté leurs pays dans des projets corrupteurs, notamment sur des infrastructures physiques improductives et d’enrichissement de leurs acolytes, ce qu’ils viennent demander, c’est donc, sans l’aval des peuples, l’annulation de ces dettes odieuses afin de mieux en générer de nouvelles pour se remplir derechef les poches.
Le cycle est vicieux. Puisque le Sommet dit du financement des économies africaines, convoqué à l’initiative d‘un Macron sur la défensive dans son pays, n’est rien d’autre qu’un vaste marché de dupes.
Au final, en tentant de pousser les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux de l’Afrique à effacer une partie des dettes contractées par d’imprudents gestionnaires africains, avec l’aide de ses entreprises nationales, bénéficiaires, telle Alsthom avec son coorompu et onereux TER qui ne demarre toujours pas, Macron veut leur donner un nouvel espace pour se ré-endetter juste pour redonner des projets aux firmes françaises voire européennes.
C’est d’un blanchiment d’argent qu’il s’agit. On est loin des annulations de dettes souveraines portées au moment de l’avènement de ce siècle par des mouvements citoyens, au nom d’un Jubilé rédempteur, et dont le point d’orgue fut la décision du Sommet du G7 à Gleeneagles, en 2005, d’annuler les créances multilatérales dues par des pays africains. Venant à la suite de programmes novateurs, comme celui sur les pays pauvres très endettés (PPTE) de la Banque mondiale, cette action salvatrice avait donné à croire que l’Afrique pouvait rebondir en relançant ses capacités de financement de son économie.
On sait ce qu’il en advint. En moins de 15 ans, le miraculé africain est retombé dans un coma financier encore plus profond. Et se retrouve, sébile en mains, pour espérer recevoir le vaccin qui le sauverait d’une mort inéluctable.
Que ce sommet soit initié par la France ou qu’elle dicte au FMI de libérer les droits de tirages spéciaux des pays africains en plus de donner à ceux qui sont sous sa coupole linguistique les avoirs financiers (une avance de 5 milliards d’Euros) qu’ils détiennent à la banque de France au titre d’une coopération néo-coloniale, sont autant d’indices que le continent reste le bébé qui ne grandit pas. 
Il semble, helas, se contenter d’attendre son baby-sitter, n’importe lequel, cette fois-ci français, pour recevoir le lait qui lui manque, ses propres géniteurs, etant invisibles, ne répondent pas à l’appel de leur devoir.
C’est honteux que ce soit Paris, capitale d’un pays en voie de sous-développement, qui joue à la mère Teresa, sans en avoir les moyens ni la légitimité, ni la crédibilité, simplement parce qu’elle a su se montrer opportuniste en constatant le degré d’irresponsabilité des moutons de Panurge qui trônent dans les lieux de décisions publiques, au cœur des Etats, du continent.
Trente-ans plus tôt, en 1992, ’Amérique latine avait eu un traitement plus digne, parce que fruit d’un débat collectif. 
On s’en souvient. Le contexte était plus lourd que celui que connaît aujourd’hui l’Afrique et les dirigeants latino-américains furent plus actifs, impliqués. 
Ils avaient, comme ceux d’Afrique, beaucoup à se reprocher. Par leur abandon, ils s’étaient enivrés des pétrodollars recyclés par les banques américaines à la suite des surplus d’épargnes des pays arabes engrangés par leurs pétromonarchies,  consécutivement aux retombées de deux chocs pétroliers pendant la précédente décennie. Surendettée, avant même la crise du Peso Mexicain deux ans plus tard, l’Amérique latine dut compter sur la communauté internationale pour retrouver des capacités de financements de ses économies. 
Ce fut un plan, multilateral, novateur, autour des Brady Bonds (obligations Brady, du nom de l’alors Secrétaire US au Trésor), dit du Plazza, l’hôtel New-Yorkais, où il fut mis au monde. 
Ce plan permit le rachat-recyclage des dettes des pays de l’hémisphère occidental.
Depuis lors, l’Amérique latine, par des efforts d’intégration économique et de redéfinition d’une stratégie d’autonomisation, sans revenir aux stratégies d’importation substitution pour l’industrialisation qu’elle pratiquait auparavant, tente, en diversifiant ses economies, de garder la haute-main sur sa souveraineté. 
Elle n’est sans doute pas encore sortie de ses démons d’une gestion approximative et Olé-Olé de ses économies, comme l’attestent la crise Argentinienne de 2001 et l’écroulement de l’économie de la redistribution Brésilienne, corrompue par Lula et ses acolytes politiciens avant de recevoir le coup de massue du populiste Bolsonero, mais qui peut nier le fait qu’elle se fait respecter ?
Tel n’est pas le cas de l’Afrique, sommée de se présenter à Paris, et qui y arrive divisée et fragilisée. Le tiers à peine de ses Chefs Etats y sont. Et nul ne doute qu’en laissant à la France l’initiative d’organiser, selon ses propres intérêts, un tel évènement, elle se ridiculise sous les yeux d’un monde qui est informé à la seconde de ce qui se passe par une nouvelle technologie absente des crises souveraines du passé.
Les mesurettes qui en sortiront n’auront qu’un seul avantage pour les participants africains. C’est de pouvoir pousser la chansonnette en se vantant, comme des gamins, d’avoir contribué à l’annulation des dettes de leurs pays. Sans réaliser que ce faisant ils se sont fermés les voies d’accès aux financements massifs mais vertueux qui ne vont que vers des destinations indemnes du risque de défaut ou d’incapacité à payer ce qu’elles empruntent. Dans cette horde de minables qui vont entonner le chant triomphal, on peut compter sur le Pavarotti Sénégalais. Comme lui, beaucoup de dirigeants africains, que Docteur Macron, l’Eric Raoult de l’économie africaine, a promis de sauver du Covid-Economie.
Ce sommet est du mercurochrome appliqué à un patient atteint d’un cancer en phase quasi-terminale. Ne le répétez pas trop fort. Ils s’imaginent entre les mains d’un sauveteur bienveillant alors qu’il  s’agit d’un voleur qui profite de leur faiblesse pour les dépouiller de ce qui reste de leur coffre-fort…
Comme les officiels africains qui sont évacués sanitairement vers les hôpitaux étrangers, Occidentaux pour l'essentiel, c'est donc un continent inconscient qui ne pourra pas deviner ce que son infectiolgue fera de son corps affaibli pendant que ses contaminateurs se contenteront de jouer les utilités sur les bords de la Seine. 
En réalité, le fait est trop inédit pour ne pas être relevé: l'Afrique se fait recoloniser en territoire étranger avec son assentiment !
Macron, les peuples africains, lucides, t'ont a l'oeil.
Adama Gaye* est un opposant en exil du régime de Macky Sall.
Ps; Macron, les dirigeants des pays développés, les institution financières internationales et tous les créanciers qui font des annulations-blanchiment des dettes africaines sont les complices en criminalité économique des dirigeants africains qui endettent leurs pays pour privatiser les emprunts et s'enrichir sur le dos des peuples avec leurs acolytes. 
Tous participent du même mode de blanchiment de l'argent sale souverain.
Lisez encore

Nouveau commentaire :


Dans la même rubrique :
< >

Jeudi 18 Avril 2024 - 19:21 La Une du journal le réveil du 18 avril 2024





AUTRES INFOS

Sadio Mané : "Nous bâtirons l’héritage d’une Afrique saine et prospère"

La Revue de Presse de Fatou Thiam Ngom du Jeudi 18 Avril 2024 (wolof)

Le scandale de Rio : Une femme tente de manipuler son oncle décédé pour de l'argent

La Revue de Presse de Fatou Thiam Ngom du mercredi 17 Avril 2024 (wolof)

Evan Ndicka de l'AS Roma : Aucune pathologie cardiaque, mais un traumatisme thoracique

Mamy Sora, "Top Modèle et Femme Authentique"

Diomaye à Tivaoune : les nouvelles images...

Diomaye chez le Khalif Général des Mourides : Les nouvelles images

Sénégal : l'aéroport international de Cap-Skirring certifié

Une tonne de cocaïne saisie à Kidira : l'OCRTIS hérite de l’enquête


Flux RSS

Inscription à la newsletter